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À La Une - Reportage-Syrie

"Je veux voir mon mari pour la dernière fois. Je veux savoir où il sera enterré"

La Palestinienne Hadia veut récupérer le corps de son mari, combattant au sein du FPLP-CG, tué dans le camp de Yarmouk.

La Palestinienne Hadia al-Fout, son fils de 19 mois dans les bras. AFP PHOTO/ANWAR AMRO

En arrivant dans les décombres du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk à Damas, Hadia al-Fout a appris que son son mari, qui combattait dans les rangs d'une organisation pro-régime, avait été tué la veille dans une embuscade tendue par les rebelles.


Pire encore, cette Palestinienne ayant fui les combats a peu de chance de retrouver son corps, car les insurgés veulent un échange de dépouilles alors que le Front populaire de Libération de la Palestine-Commandement général, (FPLP-CG d'Ahmad Jibril), au sein duquel combattait son époux, n'a rien à proposer.


"J'avais rendez-vous avec lui car nous devions inscrire notre fils de 19 mois à l'état-civil. C'est en arrivant qu'ils m'ont annoncé sa mort et celle de tous les membres de son groupe dans un guet-apens tendu par le Front al-Nosra", affilié à el-Qaëda, explique entre deux sanglots cette femme aux cheveux recouverts d'un foulard blanc.


Pendant qu'elle discute avec un chef du FPLP-CG, le bruit de la canonnade et des armes automatiques se fait incessant. Des combattants en treillis et uniformes disparates sont tapis dans les décombres ou font une pause café à l'entrée d'un immeuble.
D'un appartement du rez-de-chaussée se dégage une odeur de mort. Dans une chambre, un corps est enveloppé dans des draps. Il s'agit, selon les Palestiniens pro-régime, de celui d'un jihadiste étranger, que ses camarades ont en partie brûlé pour qu'il ne soit pas reconnaissable.


"Je veux voir mon mari pour la dernière fois. Je veux savoir où il sera enterré. J'ai besoin de l'avoir près de moi, mais il n'y a aucun espoir car ses amis n'ont pas de corps comme monnaie d'échange", dit-elle en tenant par la main son fils et sa fille Sira, 7 ans.


Son mari, Mohammad, 27 ans, était chauffeur de taxi avant la guerre et bien que Syrien, il avait rejoint les rangs du FPLP-CG il y a un an. Car si Yarmouk était au départ, en 1957, un camp pour les Palestiniens, il est devenu progressivement un quartier de Damas, avec environ 450.000 habitants dont 150.000 Syriens et beaucoup de mariages mixtes.


Les 500.000 Palestiniens de Syrie, restés un temps en dehors des affrontements qui déchirent le pays, sont entrés en décembre 2012 dans le conflit, malgré les appels du régime et d'organisations internationales à rester neutres.
"Aujourd'hui, nous contrôlons 25% du camp à la suite d'une offensive lancée il y a un mois. Je suis sûr qu'avec le temps nous le reprendrons complètement", affirme Joumaa al-Abdallah, le chef du FPLP-CG à Yarmouk.


Bel exemple d'optimisme, car son organisation alliée aux factions palestiniennes pro-régime du Fateh-Intifada, du Front d'Abou Nidal, du Front de Libération de la Palestine et d'al-Saïka, n'ont pénétré que de 200 mètres à l'intérieur du camp. Il doit faire face, selon lui, à plus de 2.000 combattants appartenant au Hamas, aux jihadistes du Front al-Nosra et de la Brigade Ibn Tamiya ainsi qu'à ceux du Fateh de Mahmoud Abbas. Ces organisations étaient épaulées également par les "Faucons du Golan" venus du quartier voisin de Hajar al-Aswad mais, à la suite d'une bataille avec le Fateh, ces derniers se sont retirés.


Si la partie du camp tenue par les organisations pro-régime est totalement vide car les violents combats n'ont laissé que des ruines, les quelque 50.000 habitants, en majorité des Palestiniens, se trouvant dans le secteur tenu par les rebelles, n'ont de leur côté quasiment plus de nourriture. Toutes les issues sont en effet coupées par les gravas ou très dangereuses en raison des tireurs embusqués.
"Il n'y a plus de pain, ni de lait, nous mangeons du riz écrasé, des lentilles et du bourghoul", affirme Abou Rachid, qui a perdu 6 kg en deux mois. "J'étais fort et je suis devenu un cadavre et mes quatre enfants ont le visage jaune. Il n'y a plus d'électricité, seulement de l'eau. Je reste car je n'ai pas d'autres endroits où aller", ajoute cet homme de 60 ans.


L'armée syrienne n'est pas impliquée dans les combats et sur la place Batiha, seul le poste de police est encore ouvert. "Quand, il y a neuf mois, les rebelles ont attaqué, nous sommes restés encerclés durant 48 heures et sur 25 collègues, nous avons eu 4 morts et 5 blessés. Aujourd'hui, ça va mieux mais, comme vous pouvez vous imaginer, il n'y personne qui vient nous voir pour porter plainte ou demander notre aide", explique l'un des policiers, Abou Jafaar, 30 ans.

 

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