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À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Foi de bonimenteur

Suivez le menteur jusqu’au seuil de sa maison.

 

C’est ce que recommande un adage bien de chez nous : tant de patience ne se voulant pas signe de complaisance, mais visant à forcer le marchand de salades à épuiser ses munitions, à le pousser dans ses derniers retranchements pour finir, tôt ou tard, par le confondre sans merci.


Comme bien des adages et proverbes cependant, celui-là peut souvent être démenti par les faits. De tous les pouvoirs arabes, lesquels ne sont guère pourtant des modèles de transparence, c’est ainsi celui de Damas qui remporte, haut la main, la palme du mensonge. Complicités internationales aidant – et inhibitions occidentales aidant encore plus – voici néanmoins que ce champion toutes catégories du boniment, qui a multiplié les fausses promesses de réforme à son peuple en révolte, qui nie la criante évidence de ses propres crimes et atrocités, paraît sur le point de bénéficier d’une nouvelle et fort choquante période de grâce.

 

Eh oui, il faut bien le constater hélas, on n’est pas encore près de la fatidique porte...


La Russie ment outrageusement, elle aussi qui, sous la plume de Vladimir Poutine, hôte inattendu du New York Times, exonère Bachar el-Assad et impute aux rebelles les tirs de gaz neurotoxiques du 21 août qui ont fait près de 1 500 morts parmi la population civile d’une banlieue de Damas. La Russie n’est pas loin de mentir non plus, lorsqu’elle veut faire accroire que le vertueux président de Syrie, qui, de fait, vient d’adhérer sur le tard à la Convention internationale sur l’armement chimique, n’a rien de plus pressé désormais que de confier à l’ONU ses réserves de sarin et autres produits du diable parfumés à la moutarde.


Or pressé est un mot qui prête à sourire dans cette affaire pourtant sinistre, et pas seulement en raison de la mauvaise volonté patente des dirigeants syriens et des conditions rédhibitoires qu’ils posent déjà. Car même dans la meilleure des hypothèses, disent les experts, il faudra longtemps aux inspecteurs internationaux, évoluant de surcroît sur le théâtre d’une féroce guerre civile, pour répertorier et visiter les sites d’armements prohibés : sites que le régime baassiste s’est empressé de déplacer et de disséminer aux quatre coins du territoire sous son contrôle, à peine claironnée la décision américaine de procéder à des frappes contre la Syrie. Il faudra ensuite des années à l’ONU pour prendre possession de ces stocks. Et encore des années, beaucoup d’années, pour détruire ceux-ci...


C’est dire le labyrinthe diplomatique sans fond dans lequel paraît s’être fourvoyée l’Amérique en enterrant le tomahawk de guerre inconsidérément brandi pour rechercher plutôt une honorable sortie de crise. Même si l’option militaire demeure officiellement sur la table, c’est au rose pastel qu’est en train de virer rapidement la ligne rouge tracée par Barack Obama. Pour les curieux, la teinte d’origine peut encore être observée à l’ONU, dont le paisible secrétaire général dressait hier un réquisitoire accablant contre les autorités syriennes qu’il a vouées aux foudres de la justice internationale.

 

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Suivez le menteur jusqu’au seuil de sa maison.
 
C’est ce que recommande un adage bien de chez nous : tant de patience ne se voulant pas signe de complaisance, mais visant à forcer le marchand de salades à épuiser ses munitions, à le pousser dans ses derniers retranchements pour finir, tôt ou tard, par le confondre sans merci.
Comme bien des adages et proverbes cependant, celui-là...

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