Téhéran et Moscou s’emportent contre les nouvelles sanctions US

L’Iran a jugé hier que l’approbation la veille par Washington de nouvelles sanctions visant Téhéran, soupçonné de vouloir se doter de l’arme nucléaire, « compliquerait encore plus » la recherche d’une solution dans ce dossier.
« Imposer des sanctions à l’Iran est une politique qui a échoué et n’aidera pas à trouver une solution rationnelle (...) insister sur cette politique ne changera pas les positions de la République islamique », a estimé le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes, Abbas Araqchi, à l’agence ISNA. La Russie a de son côté accusé hier les États-Unis de tenter d’« étrangler » l’économie de l’Iran. « Le Conseil de sécurité de l’ONU a déjà adopté plusieurs résolutions comprenant des sanctions contre l’Iran (...). C’était tout à fait adéquat et suffisant pour assurer la non-prolifération des armes de destruction massive », a déclaré un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, cité par l’agence Interfax. En revanche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est félicité hier dans un communiqué de la décision américaine : « À la suite de l’élection (présidentielle) en Iran, la Chambre des représentants a envoyé un message clair au régime iranien selon lequel la pression internationale allait s’intensifier jusqu’à ce que l’Iran se conforme à ses obligations et arrête sa recherche d’une capacité nucléaire militaire. Nous jugerons l’Iran uniquement sur ses actes. »

Le volet Rohani
Rappelons que la Chambre des représentants américaine a approuvé mercredi soir de nouvelles sanctions contre l’Iran, prévoyant notamment de fixer des limites très strictes sur l’industrie du pétrole iranien, déjà l’objet de lourdes sanctions, ainsi que sur d’autres pans de l’économie du pays, comme les secteurs minier et automobile. Ce texte visant à empêcher la République islamique de développer l’arme nucléaire doit encore être approuvé par le Sénat, à majorité démocrate, et signé par le président Barack Obama avant d’entrer en vigueur. Certains critiques du texte ont noté que le vote de la Chambre était inopportun car il intervenait juste avant que Hassan Rohani – qui avait dirigé de 2003 à 2005 les négociations nucléaires entre l’Iran et les grandes puissances sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami – ne prenne ses fonctions à la tête du pays, c’est-à-dire demain. Il devrait d’ailleurs présenter rapidement son gouvernement formé essentiellement de technocrates expérimentés considérés comme proches de l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani. M. Rohani, un religieux modéré, a été élu le 14 juin avec 50,7 % des voix et doit succéder le 3 août à Mahmoud Ahmadinejad. Les adeptes de la voie diplomatique avec l’Iran ont donc suggéré que Washington profite du changement de régime pour chercher un engagement de la part de Téhéran sur le dossier controversé du nucléaire, d’autant que M. Rohani est connu pour sa modération et affirme être ouvert au dialogue avec l’Occident.
(Source : AFP)