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À La Une - Reportage

L’alcool, symbole du défi lancé par les manifestants au gouvernement turc

« Ce n’est pas seulement une question de boire ou ne pas boire d’alcool, cette loi est contraire aux libertés »

Au-delà du seul alcool, c’est la question de l’exercice du pouvoir par le Premier ministre qui est en cause. Adem Altan/AFP

Tarik Ozkan est en colère. Comme beaucoup des manifestants qui sont descendus dans la rue à Istanbul, ce jeune homme fait de la nouvelle loi très restrictive sur la vente et la consommation d’alcool son principal grief contre le gouvernement. « C’est une contrainte très stricte et je veux la briser, tout le monde veut la briser », lance-t-il en parcourant les allées du désormais fameux parc Gezi, ce petit jardin public proche de la place Taksim d’Istanbul dont le projet de destruction a allumé la mèche de la contestation. « Ce n’est pas seulement une question de boire ou ne pas boire d’alcool, cette loi est contraire aux libertés », poursuit Tarik Ozkan, très fier de son tee-shirt rouge « Alcoholica, buvez-les tous », en référence à l’album Tuez-les tous du groupe de rock américain Metallica.

 

(L'actu : La police turque disperse les rassemblements manu militari)


Adoptée il y a à peine dix jours, la nouvelle loi interdit la publicité pour les boissons alcoolisées à la télévision et la vente d’alcool au détail de 22 h 00 à 6 h 00 du matin. Une très mauvaise nouvelle pour Menderes Yildirim, qui tient justement un de ces magasins de vins et de spiritueux qui abondent autour de la place Taksim. « 22 h 00 à 6 h 00 du matin, c’est exactement la période pendant laquelle je vends le plus », rouspète-t-il, « qu’est-ce que je vais vendre aux touristes, de l’ayran ? » Une allusion à la boisson turque à base de yaourt, et surtout sans alcool, que le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a décrété récemment « boisson nationale » de préférence à la bière ou au fameux raki, une boisson anisée très prisée en Turquie.


Ekrem Yumlu, lui non plus, de décolère pas. « Nous allons avoir un sérieux problème d’activité », confie-t-il en redoutant la fermeture de son débit d’alcool et le licenciement de ses quatre employés. Alors, pour lui, pas question d’accepter la nouvelle loi, toujours en attente de promulgation. Même si, comme le rappelle le chef du gouvernement, son parti a obtenu 50 % des suffrages lors des élections générales de 2011 et donc le droit de légiférer comme bon lui semble dans tous les domaines. « Il y a aussi les 50 % restants, dont les droits et les aspirations à la liberté sont totalement ignorés », déplore Ekrem Yumlu. « Il dit : je vais interdire l’alcool, point final (...) plus rien ne résiste à une telle brutalité », enrage lui aussi Dogan Murat, un commercial de 35 ans, très remonté contre ce qu’il appelle la politique du « fait accompli ».


Au-delà du seul alcool, c’est la question de l’exercice du pouvoir par le Premier ministre qui est en cause. La gauche et l’extrême gauche lui reprochent de vouloir les réduire au silence. Et les milieux laïcs l’accusent de vouloir « islamiser » par petites touches la République laïque.

 

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