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À La Une - Drame

Russie : un incendie mortel illustre le manque de modernisation des asiles psychiatriques

"Ces établissements auraient dû être fermés pour pouvoir en construire de nouveaux à la place".

AFP PHOTO / ANDREY SMIRNOV

L'incendie mortel vendredi dans un asile psychiatrique près de Moscou montre l'échec des autorités russes dans la modernisation de tels établissements datant pour la plupart de l'époque soviétique et aux conditions de sécurité très précaires, estimaient samedi des experts.

 

Deux membres du personnel et 36 patients de l'hôpital psychiatrique situé près de Ramenski, une localité à une centaine de kilomètres au nord de la capitale russe, apparemment sous l'effet de sédatifs ou désorientés, n'ont pu échapper au feu survenu en pleine nuit dans un bâtiment construit en 1952, essentiellement en bois et avec des barreaux aux fenêtres.

 

Dès l'an 2000, "les autorités avaient reconnu qu'un tiers des hôpitaux psychiatriques en Russie étaient inutilisables au regard des règles de santé publique", a déclaré le président de l'association de psychiatrie indépendante, Iouri Savenko, au quotidien Moskovski Komsomoltets de samedi.

"Ces établissements auraient dû être fermés pour pouvoir en construire de nouveaux à la place. Mais au lieu de cela, les autorités russes ont suivi la voie occidentale en investissant dans les services de consultation externe, estimant que c'était l'avenir", a ajouté M. Savenko.

"En conséquence, les réparations dans les hôpitaux n'étaient que de la cosmétique", a-t-il dit.

 

Pour sa part, le médiateur russe en matière de défense des droits de l'Homme, Vladimir Loukine, a appelé une nouvelle fois les autorités à "prendre des mesures urgentes, afin d'assurer une réelle transparence sur les lieux où sont admis les malades mentaux".

"Ces personnes font partie des catégories les moins protégées de la société", avait souligné M. Loukine dans un rapport l'an passé.

 

Les victimes de l'asile ravagé par les flammes "se sont retrouvées sans aucune défense face à l'incendie", a écrit samedi le quotidien Kommersant.

"Les fenêtres de toutes les pièces avaient des barreaux et le personnel médical gardait les clés", a renchéri le quotidien populaire Komsomlskaïa Pravda, citant l'enquête en cours.

 

Le bâtiment était pourtant équipé d'une alarme incendie qui a réveillé une infirmière et celle-ci a pu aider deux patients à échapper aux flammes, mais les enquêteurs ont observé que presque tous les morts avaient été retrouvés dans leur lit comme s'ils ne s'étaient pas réveillés avant d'être intoxiqués par la fumée.

 

La Russie dispose de quelque 150.000 lits dans les hôpitaux psychiatriques, selon des statistiques de 2011, un chiffre nettement en deçà des besoins réels, disent des experts.

De nombreux patients passent de 10 à 20 ans dans des asiles psychiatriques bondés, pour des diagnostics et des premiers soins, simplement parce qu'il n'y a pas d'autres endroits pour les accueillir, avait indiqué l'an passé le médiateur de Moscou pour la défense des droits de l'Homme, Alexandre Mouzykantski.

 

La plupart des hôpitaux psychiatriques en Russie ont été construits pendant la période soviétique, à une époque où "l'isolement et l'observation des patients étaient la principale préoccupation", a relevé l'ONG Groupe Helsinki de Moscou dans un rapport publié en 2004.

 

Outre le cruel manque de modernisation de ces établissements, le drame de vendredi remet aussi en question l'efficacité des secours hors des grandes villes russes.

Les pompiers sont arrivés sur les lieux plus d'une heure après l'alerte. Pour aller plus vite, ils auraient dû emprunter un bac permettant de franchir le canal tout proche, faute de pont, mais celui-ci n'était pas en service.

 

La Russie a connu par le passé nombre d'incendies de ce type, comme ceux qui avaient fait 23 morts en 2009, 32 et 63 morts en 2007, dans des maisons de retraite.

 

Le président Vladimir Poutine a ordonné de tout faire pour découvrir les causes de l'incendie de l'asile psychiatrique, et demandé d'en tirer les conséquences.

Mais, d'après Kommersant, il est peu probable que des personnes soient traduites en justice pour répondre de ce drame.


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