Rechercher
Rechercher

À La Une - L’éditorial de Issa GORAIEB

Pour rappel

Pour une fois, une seule et unique fois, on doit de chaleureux remerciements à ce ministre des Affaires étrangères absolument hors normes qui n’a pas fini de nous surprendre avec sa conception on ne peut plus particulière de la diplomatie.

 

Non point qu’une fois consommée la démission du gouvernement Mikati, le ministre Adnane Mansour, en une lumineuse révélation, ait enfin appréhendé la nature exacte de la mission qu’on lui avait confiée. Laquelle consiste à promouvoir et défendre contre vents et marées les intérêts du Liban. Et non, par exemple, ceux du voisin syrien : cela, quelles que puissent être ses sympathies personnelles ou ses obédiences partisanes. Sur ce point, on lui reconnaîtra pour le moins le douteux mérite de la constance...


Car bien que voué désormais à l’expédition des affaires courantes, en attendant la formation d’un nouveau gouvernement, ledit ministre n’en démord toujours pas. Il en a fourni lundi la stupéfiante preuve devant le Conseil de défense réuni pour examiner une flopée de questions sécuritaires, et à leur tête les tirs syriens visant le territoire libanais. Au fil des mois, ce dossier n’a fait que gagner en complexité, à mesure qu’apparaissaient au grand jour certaines implications libanaises dans la guerre civile qui ravage la Syrie. Emboîtant le pas au Hezbollah qui, depuis la première heure, combat aux côtés du régime baassiste de Damas, des volontaires salafistes ont rejoint les rangs des insurgés. L’armée de Bachar el-Assad n’a jamais cessé de bombarder les localités du Akkar et de l’Est sans que jamais le ministère des AE y trouve à redire, en dépit des directives très claires du président de la République comme du chef du gouvernement ; or, ce sont maintenant les rebelles qui pilonnent des villages du Hermel, contrôlé par la milice chiite.


Tous ces tirs, le Conseil de défense se proposait d’en saisir la Ligue des États arabes et même, éventuellement, les Nations unies. Mais c’était sans compter avec la dernière et stupéfiante sortie du ministre Mansour. Plutôt en effet que de porter devant les instances arabes tous ces tirs – également condamnables, au demeurant – c’est à la Ligue elle-même, cette scélérate de Ligue coupable d’avoir autorisé les livraisons d’armes aux rebelles syriens – que sa très zélée Excellence voudrait que soient adressées les protestations libanaises !


Cela étant, pourquoi donc faut-il remercier un ministre aussi effroyablement étranger aux affaires? Tout simplement parce que la dernière en date de ses extravagances vient fort opportunément rappeler au souvenir des citoyens, et surtout du président du Conseil désigné, les vices inhérents à tout cabinet étranger, cette fois, aux notions de cohésion et de solidarité gouvernementale : solidarité qui a fait défaut aux gouvernements ironiquement dits d’unité nationale, mais aussi à celui de Nagib Mikati, largement contrôlé par le 8 Mars. L’heure ne doit plus être à ces assemblages de blocs se comportant en maîtres dans le territoire ministériel qui leur a été concédé. En maîtres et même en propriétaires, pourrait-on renchérir, au spectacle des portefeuilles réclamés à cor et à cri par leurs anciens titulaires en dépit de leurs déplorables états de service.


Que le 8 Mars se découvre subitement des élans de conciliation, que le ministre Gebran Bassil se fende même d’une visite de courtoisie à l’ambassadeur de cette même Arabie saoudite longtemps vilipendée par le courant dont il relève ne doit pas tromper. C’est la perpétuation de cette hérésie que sont ces mini-gouvernements dans le gouvernement qu’ont en réalité pour objet tous ces chants de sirènes à la gloire d’une illusoire unité. Pour cette raison s’impose au bon sens le projet de cabinet apolitique, et essentiellement voué à l’organisation des législatives, avancé dès le moment de sa désignation par Tammam Salam.


C’est de normalité que se languit le pays. Ne serait-ce que le temps d’une élection.


Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

Pour une fois, une seule et unique fois, on doit de chaleureux remerciements à ce ministre des Affaires étrangères absolument hors normes qui n’a pas fini de nous surprendre avec sa conception on ne peut plus particulière de la diplomatie.
 
Non point qu’une fois consommée la démission du gouvernement Mikati, le ministre Adnane Mansour, en une lumineuse révélation, ait enfin...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut