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À La Une - Crise

Syrie : Fabius précise déjà quels seront les destinataires des armes françaises...

Des rebelles s’emparent de munitions dans la province d’Alep ; défections importantes de militaires ce week-end.

À Deraa, de violents combats ont opposé les troupes du régime aux rebelles. HO/AFP

Journée assez fructueuse pour les rebelles hier, qui se sont emparés de plusieurs dépôts d’armes à Khan Toman, dans la province d’Alep, après plusieurs jours de violents combats, selon une source militaire syrienne, selon qui il s’agit de « petites quantités de caisses de munitions, la majeure partie du stock ayant été transférée ces quatre derniers mois ». Mais il s’agit selon des militants, de « très importantes quantités » d’armes et munitions, une vidéo sur Internet montrant des combattants examinant des dizaines de caisses pleines d’armes et des munitions à l’intérieur d’un dépôt.
« C’est ce qui appartenait à Bachar el-Assad », déclare le caméraman alors que les combattants vont d’une caisse à l’autre en lui demandant de les filmer. « Des roquettes, filme ces roquettes. Tiens, ce sont des obus de 107 mm fabriquées en Iran. Ce sont les roquettes que Bachar (el-Assad, le président syrien) utilisait pour nous frapper », disent-ils. Selon la vidéo, la prise des dépôts avait été l’œuvre des brigades rebelles des Martyrs de Syrie et Hattin, du nom de la grande victoire remportée par Saladin contre les croisés en 1187. La capture des dépôts d’armes a été confirmée par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), selon qui la majeure partie avait été saisie par des combattants jihadistes, notamment « des roquettes de type Grad, des obus de 120 mm et des roquettes antichars ainsi que des munitions russes, des mitrailleuses et des grenades à main outre trois chars et des véhicules militaires ».
L’OSDH fait état d’autre part de « violents combats entre les forces régulières et les brigades rebelles dans le secteur de la localité de Khan Toman », indiquant que les insurgés avaient pris le contrôle d’une école proche des dépôts d’armes.


Dans la ville même d’Alep, des accrochages ont opposé des combattants islamistes à des rebelles dans le quartier de Sakhour, tuant trois civils, quatre policiers et un juge islamistes. Le chef de la police du tribunal islamique était un jihadiste syrien qui avait combattu en Irak, où il avait passé plusieurs années en prison, avant de revenir en Syrie, selon l’OSDH. Les violences ont éclaté quand des membres d’une force de police créée par les islamistes ont voulu capturer un combattant rebelle.

Et maintenant les Bédouins...
Dans la province de Soueida jusqu’ici relativement épargnée par le conflit, des accrochages ont opposé « des hommes des comités populaires armés prorégime à Dama à des Bédouins combattant aux côtés des rebelles qui avaient attaqué des points de contrôle des comités populaires dans le village ». Trois membres des « comités populaires » au moins ont été tués ainsi que huit rebelles et combattants bédouins dans ces affrontements qui ont duré plusieurs heures, selon cette ONG qui s’appuie sur un large réseau de militants et de médecins.
Les rebelles syriens ont aussi revendiqué hier la prise d’un centre des services de renseignements dans la plaine méridionale de Haouran, au pied du plateau du Golan occupé par Israël.


Dans la province de Damas, les forces loyalistes ont bombardé Hajar el-Aswad et les combats se sont poursuivis à Barzé, un quartier nord de la capitale que fuyaient les habitants, selon l’OSDH. Des combats ont également eu lieu dans les quartiers de Joubar, Qaboun et les abords du camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk. L’Observatoire fait également état de bombardements contre le village de Qoussair, dans le centre de la Syrie. Les violences ont fait 96 morts hier à travers la Syrie selon un bilan provisoire de l’OSDH.
Par ailleurs, des médias sociaux ont annoncé hier que des « hackers » appartenant à l’opposition syrienne avaient piraté le site Internet du Kremlin russe, connu pour son soutien au régime de Damas.
Ces événements interviennent au lendemain de la défection d’un haut gradé syrien en Turquie, ainsi que de 20 soldats. Le général Mohammad Khalouf est apparu vêtu d’un uniforme militaire à l’antenne de la chaîne de télévision al-Arabiya. Il a dit avoir préparé sa fuite depuis un certain temps avec l’opposition. « Il n’est pas possible d’accepter la moindre des idées défendues par ce régime », a affirmé ce général.

L’équation de Fabius
Au niveau politique, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a déclaré hier que des armes doivent être livrées à la branche militaire de la Coalition nationale syrienne, sinon el-Qaëda pourrait « prendre le dessus. Si on veut arriver à une solution politique (en Syrie), il faut bouger la situation militaire sur le terrain et il faut que les résistants puissent avoir des armes pour lutter contre les avions qui les mitraillent », a souligné M. Fabius. « C’est la Coalition nationale syrienne, dirigée par M. Ahmad Moaz el-Khatib, (...) reconnue par une centaine de pays, qui garantit que dans la Syrie de demain toutes les communautés seront respectées. Et c’est à la branche militaire de cette coalition nationale que, si des armes doivent être livrées, elles seront livrées », a affirmé le ministre. La France, cette semaine, s’est prononcée, comme la Grande-Bretagne, pour une levée de l’embargo européen sur les armes à la Syrie, demandant aux 27 pays membres de l’UE de prendre rapidement une décision en ce sens, alors que la représentante de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, a réagi avec beaucoup de prudence à cette éventualité.

Bientôt un « Premier ministre » rebelle ?
En attendant, les quelque 70 membres de la Coalition, l’organe le plus représentatif de l’opposition, départageront aujourd’hui et demain à Istanbul la dizaine de candidats, dont la majorité sont peu connus, mais desquels émergent l’ex-ministre Assaad Moustapha et l’économiste Oussama al-Kadi et un dirigeant d’une entreprise américaine Ghassan Hitto. Une fois choisi, lors d’un vote à bulletins secrets, le Premier ministre formera son gouvernement dont la composition devra être approuvée par la Coalition. L’opposition entend ainsi montrer sa capacité à gérer des territoires pris au régime par les armes, mais où règne aujourd’hui le chaos en l’absence d’une administration digne de ce nom.

 

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