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À La Une - Diplomatie

Syrie : Entre Joumblatt et Mansour, la "distanciation" libanaise bat de l'aile

Le chef de la diplomatie libanaise demande que Damas retrouve son statut d’État membre de la Ligue arabe, Joumblatt soutient les rebelles islamistes.

L'adhésion de la Syrie à la Ligue arabe avait été suspendue en novembre 2011, huit mois après le début de l'insurrection populaire contre Bachar el-Assad. Asmaa Waguih/

Ce mercredi, les responsables libanais ont décidément des choses à dire sur la crise syrienne. Alors que Walid Joumblatt a affirmé soutenir les jihadistes du Front al-Nosra, un groupe rebelle syrien mis sur la liste noire des organisations terroristes par Washington, contre le régime de Damas, le ministre libanais des Affaires étrangères a demandé mercredi que la Syrie retrouve son statut d’État membre de la Ligue arabe. Damas en avait été suspendu en novembre 2011, en raison de la répression menée par le gouvernement de Bachar el-Assad contre l'insurrection armée.

 

"Je demande que l'adhésion de la Syrie à la Ligue arabe soit débloquée", a déclaré Adnane Mansour, qui s'exprimait lors d'une réunion ministérielle de l'institution panarabe au Caire. "La communication avec Damas est essentielle pour trouver une solution politique", a-t-il ajouté. "Nous avons tenu des réunions depuis deux ans et nous avons pris décision sur décision en pensant qu'elles apporteraient à la Syrie la sécurité et la stabilité en supprimant ce régime et en le remplaçant par un autre tandis que la Syrie sombrait dans le sang et la destruction", a encore déclaré Mansour.

 

La Ligue arabe a toutefois demandé mercredi à l'opposition syrienne de se doter d'une "instance exécutive" afin de pouvoir occuper le siège de la Syrie, suspendue depuis novembre 2011.

La Coalition occuperait le siège de la Syrie "jusqu'à l'organisation d'élections aboutissant à la formation d'un gouvernement assumant les responsabilités du pouvoir en Syrie", selon la Ligue, qui explique son appel par "les sacrifices du peuple syrien et les circonstances exceptionnelles qu'il traverse".

L'Irak et l'Algérie ont émis des réserves sur la résolution, tandis que le Liban s'en est dissocié, a indiqué le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, lors d'une conférence de presse.

 

En 2012, la Ligue a reconnu la Coalition nationale syrienne, dirigée par l'opposant Ahmed Moaz al-Khatib, comme le "représentant légitime et le principal interlocuteur de la Ligue arabe".

 

Lors de la réunion, le Qatar qui avait fait campagne pour la suspension de la Syrie au sein de la Ligue est resté inflexible.

"Bachar est la personne qui a provoqué un bain de sang parce qu'il ne s'est pas soumis aux décisions arabes et n'a pas coopéré avec nous", a commenté le Premier ministre qatari cheikh Hamad bin Djassim bin Jabr al Thani.

Mardi, le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe Abdelatif Ziyani, accompagné de quelques ambassadeurs de pays du Golfe, a remis au président Sleiman une lettre officielle dans laquelle les pays membres du CCG expriment leur inquiétude face au non-respect de la déclaration de Baabda sur la plan de la politique de distanciation à l’égard de la crise syrienne. Les pays membres du CCG invitent le Liban à écarter tout ce qui pourrait mettre en cause sa stabilité interne et nuire aux intérêts de son peuple.

 

 

Polémique

Au Liban, les positions de M. Mansour en faveur du régime d'Assad provoquent la polémique. Mardi, le bloc parlementaire du Futur (opposition) a réclamé le limogeage du ministre en raison de son impassibilité face aux incidents à la frontière libano-syrienne. L'opposition accuse le chef de la diplomatie d'ignorer les demandes du président Michel Sleiman et du Premier ministre Nagib Mikati de transmettre à Damas un message de protestation des autorités libanaises après la chute d'obus syriens au Liban.

Mercredi, après l'intervention de Adnane Mansour dans le cadre de la réunion ministérielle de la Ligue au Caire, l'ancien Premier ministre Saad Hariri, en exil volontaire en France "pour raisons sécuritaires", a déclaré : "Sommes-nous face à un ministre qui parle au nom de la République libanaise et de son chef, du gouvernement et de son chef? Ou sommes-nous face au chef de la diplomatie iranienne? Ou face à un ministre qui exécute les ordres d'une puissance qui impose au Liban et à son peuple des positions qui ne servent qu'à porter atteinte aux intérêts nationaux?"

 

Pour l'ancien Premier ministre, l'appel de M. Mansour résume la position réelle du gouvernement libanais vis-à-vis des développements sanglants en Syrie. "Les Libanais réclament que ce gouvernement dévoile son vrai visage et annonce au monde entier qu'il est le gouvernement du régime de Bachar el-Assad et du Hezbollah au Liban", a martelé le chef de l'opposition.

 

"Les propos de M. Mansour à la Ligue arabe sont déshonorants pour le peuple libanais", a lancé, un peu plus tard, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, estimant que le chef de la diplomatie libanaise aurait dû prendre en compte le sentiment de la majorité des Libanais avant de prendre position à l'égard de la révolution syrienne. "Il aurait dû obtenir la permission de son gouvernement avant d'évoquer la question du statut de la Syrie au sein de la Ligue arabe", a-t-il ajouté.

M. Geagea a renouvelé son appel à la démission du gouvernement, "qui a échoué et endommagé la réputation du Liban à travers le monde".

 

Selon le quotidien al-Liwa', cette attitude a irrité le président Sleiman et M. Mikati qui a pris contact avec M. Mansour pour insister sur "la nécessité pour la Syrie de respecter la souveraineté du Liban et d’éviter de pilonner le territoire libanais".

 

Officiellement, le Liban a adopté une politique de distanciation face à la crise syrienne. Le Premier ministre libanais Nagib Mikati, qui tente d'éviter que le conflit syrien contamine son pays, a indiqué qu'il respecterait la décision de la Ligue arabe sur cette question, quelle qu'elle soit.

 

 

"J'agis pour protéger les druzes"

"Je suis avec le Front al-Nosra contre le régime syrien. Le peuple syrien a le droit de coopérer avec le diable, à l'exception d'Israël, contre le régime", a affirmé, pour sa part, le chef de la communauté druze libanaise Walid Joumblatt, dans un entretien publié mercredi par le quotidien libanais pro-iranien al-Akhbar.

"J'agis pour protéger les druzes (syriens). Les alaouites retourneront dans leur montagne mais les druzes vivent au milieu d'une mer sunnite", a-t-il indiqué.

 

Les alaouites, confession dont est issu le chef de l’État Bachar el-Assad, sont originaires des montagnes du nord-ouest de la Syrie alors que la majorité des druzes se trouvent dans le sud du pays à la lisière du Hauran, une région sunnite. La majorité des rebelles qui combattent le régime sont des sunnites, majoritaires dans le pays.

 

Inconnu avant le début de la révolte il y a deux ans, le Front al-Nosra a connu une ascension fulgurante à partir de mi-2012 et s'est imposé partout comme le fer de lance de la rébellion au détriment de l'Armée syrienne libre (ASL), principale composante de l'opposition armée.

 

Concernant le général Hikmat Chehabi, l'ancien chef d'état-major syrien décédé mardi et avec lequel Walid Joumblatt entretenait de bonnes relations, il confie : "Je l'ai rencontré à Damas deux semaines après le début de la révolte (le 15 mars 2011, ndlr) et il m'a dit: +Bachar el-Assad est fou et il va conduire à la destruction du pays+".

"Je l'ai eu quelques jours avant sa mort et il m'a déclaré: +Walid, la Syrie que nous avons connue est terminée et ne reviendra plus+ (...) C'est vrai, la Syrie que j'ai défendue durant 29 ans, est terminée", a-t-il ajouté.

 

 

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Ce mercredi, les responsables libanais ont décidément des choses à dire sur la crise syrienne. Alors que Walid Joumblatt a affirmé soutenir les jihadistes du Front al-Nosra, un groupe rebelle syrien mis sur la liste noire des organisations terroristes par Washington, contre le régime de Damas, le ministre libanais des Affaires étrangères a demandé mercredi que la Syrie retrouve son statut...

commentaires (10)

Elle ne bat pas de l'aile, ni même des mains, elle bat des pieds...

SAKR LEBNAN

11 h 35, le 07 mars 2013

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Commentaires (10)

  • Elle ne bat pas de l'aile, ni même des mains, elle bat des pieds...

    SAKR LEBNAN

    11 h 35, le 07 mars 2013

  • C'est un collabo. Ce n'est pas une question de sentiment ou d'appréciation des us ou des autres. Juste un collabo qui fait fi de sa hierarchie pour collaborer avec l'ambassadeur syrien au Liban. Collabo Point final.

    Jean-Pierre EL KHOURY

    11 h 10, le 07 mars 2013

  • Monsieur Mansour, on aime ou on aime pas; c'est le ministre des AE du Liban et de tous les Libanais. il est critiquable comme tous les politique et les personnage publique mais... l'insulter équivaut à cracher contre vent!

    Ali Farhat

    00 h 23, le 07 mars 2013

  • Ohhh, ce sont les affaires courantes au Liban... Le charme de notre pays: Tout le monde a le droit de tout dire.. même les plus grosses conneries!

    Ali Farhat

    00 h 16, le 07 mars 2013

  • Mais pourquoi s'étonne-t-on ? Ils appliquent en FAIT la DISTANCIATION ! Ils se distancient les uns des autres... Fallait y penser quand même !

    SAKR LEBNAN

    19 h 35, le 06 mars 2013

  • Jamais un ministre n'a désohonoré le Liban et ses citoyens comme le fait ce grotesque et vulgaire ministre Adnane Mansour. Son limogeage est devenu une nécessité absolue. Il est une honte incommensurable pour le Liban devant les pays étrangers qui ont des ambassadeurs accrédités au Liban, ainsi que devant toutes les instances internationales. Dehors ce ministre énergumène immédiatement !

    Halim Abou Chacra

    18 h 22, le 06 mars 2013

  • En fait, je précise : Le ministre des AE n'a pas transmis certains des "noms" des inscrits aux consulats pour ceux qui veulent voter à partir de l'étranger ...Ce ministere des AE n'a pas transmis les noms au ministere de l'intérieur . Pour qu'ils soient affichés sur le site DGPS.GOV.LB et donc que nous puissions retrouver nos noms sur les listes électorales. J'ai préféré préciser. Merci.

    jean-Pierre EL KHOURY

    18 h 03, le 06 mars 2013

  • Tiens un vendu pareil... A propose de ce dit "ministre des AE" J'en profite pour lancer une alerte : Avez vous vérifié vos nomssur la liste électorale? dgps.gov.lb ??? Je vous conseille vivement de le faire... Mon nom, celui de toute ma famille, amis et parents sont ...carrément supprimés et inexistants...Heureusement que le consulat du Liban m'a demandé de vérifier sachant que je me suis inscrit à l'ambassade voilà plus d'an ...Pour voter à partir de l'étranger.....Cependant le ministre des AE ne l'entend pas de cette oreille...Des milliers de familles basées à l'étranger ( notamment en europe et les chrétiens/sunnites) ne figurent pas sur le site du ministere des AE....Ils auront la mauvaise surprise le jour J des élections...De ne pas trouver leur nom et donc ne pas pouvoir voter...Allez jetter un oeil avant le 10 Mars.

    Jean-Pierre EL KHOURY

    15 h 20, le 06 mars 2013

  • Et qui est avec le Liban ?

    Robert Malek

    14 h 42, le 06 mars 2013

  • Le chef de la diplomatie libanaise, avez-vous dit ? On devrait rire un peu...

    SAKR LEBNAN

    14 h 09, le 06 mars 2013

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