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À La Une - Quatre questions à...

Liban : Falaise financière pour l’exploitation commerciale en 2012

... Nicolas Chammas, président de l’Association des commerçants de Beyrouth.

Nicolas Chammas, président de l’Association des commerçants de Beyrouth

Question – Qu’en est-il des résultats d’exploitation des commerçants en 2012 ?
Réponse – Prenons l’exemple d’un commerçant moyen qui vend au détail pour un million de dollars de chiffre d’affaires (CA) par an. Après avoir payé le prix de la marchandise, il lui reste une marge commerciale de 300 000 dollars. De cette somme, il va devoir soustraire les salaires, les cotisations sociales, le loyer et autres dépenses d’exploitation, les intérêts de ses dettes et les impôts. Au total, il en a pour 250 000 dollars de frais. Son résultat net est donc de 50 000 dollars, soit une rentabilité de 5 % du chiffre d’affaires. Cette situation est représentative de 2011.
En 2012, on a assisté en moyenne à une baisse du CA de 20 %. Donc, ce même commerçant accuse un CA de 800 000 dollars, avec la même marge commerciale de 30 %, soit 240 000 dollars. Par ailleurs, les frais ont augmenté et ont atteint 300 000 dollars. Le résultat net est donc une perte de 60 000 dollars, soit -7,5 % de son CA.
La falaise financière entre 2011 et 2012 est donc une baisse de plus de 12 points de rentabilité entre les 5 % en 2011 et les -7,5 % en 2012.

Comment est comblée cette perte ?
Il y a plusieurs façons pour le commerçant de combler cette perte. Il peut utiliser son épargne de précaution ou vendre un actif. Il peut également augmenter son capital en faisant entrer d’autres partenaires dans son activité commerciale ou augmenter ses emprunts bancaires. Mais surtout, le commerçant sera tenté de retarder ses échéances de paiement.
Cela concerne en premier lieu le retard de remboursement des intérêts à la banque. À ce sujet, la Banque du Liban (BDL) a demandé aux banques privées de faire preuve de plus de souplesse. Il concerne également le retard de paiement aux fournisseurs. Les agents se voient ainsi mis en demeure par les grandes sociétés internationales qui les menacent de leur retirer leur agence commerciale. Le Trésor public a lui aussi accusé un retard de 2 000 milliards de livres pour la TVA des commerçants. L’Association des commerçants de Beyrouth négocie actuellement avec le ministère des Finances pour retarder ces échéances fiscales. Et enfin, ces retards affectent les salariés et rendent très difficile la gestion des ressources au quotidien pour les commerçants.

Quelles pourraient être les conséquences ?
Si la situation persiste, les commerçants n’auront plus aucun contrôle sur leur CA et sur leurs ventes. Pour pouvoir maintenir leurs commerces, le seul moyen pour eux est d’exercer un contrôle sur les dépenses, et donc la masse salariale. Si, en 2013, la situation ne s’améliore pas, on assistera à un phénomène massif de licenciements individuels et collectifs.
Les conséquences seront désastreuses tout d’abord pour les salariés eux-mêmes, dont les revenus baisseront et par conséquent leur consommation. Cette situation créera par ailleurs un désordre dans la communauté commerciale entre les fournisseurs et les clients. Pour le ministère des Finances, les rentrées de revenus comme les impôts sur salaires, sur revenus, la TVA et les cotisations de la Caisse nationale de Sécurité sociale (CNSS) seront largement diminuées. Et enfin, les banques aussi seront victimes de la situation car les salariés sont des débiteurs importants et les impayés vont augmenter, ainsi que la course pour se débarrasser de ses actifs.

Quelle est la solution ?
Pour espérer encore sauver la situation, je lance un appel à l’État à se ressaisir immédiatement afin de relancer les quatre principaux moteurs de l’économie libanaise.
Pour stimuler la consommation, toutes les mesures pour ramener au bercail les expatriés et les Arabes doivent être prises. En ce qui concerne l’investissement privé, la BDL a alloué 1,3 milliard de dollars pour relancer l’économie via des prêts essentiellement dans le secteur de l’immobilier. Les dépenses publiques d’investissement devraient, elles, tabler sur le partenariat public-privé (PPP) pour réhabiliter l’infrastructure du pays. Enfin, il faut restaurer la compétitivité de l’économie libanaise pour relancer les exportations, qui ont baissé de 11 % en 2012.

 

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Question – Qu’en est-il des résultats d’exploitation des commerçants en 2012 ?Réponse – Prenons l’exemple d’un commerçant moyen qui vend au détail pour un million de dollars de chiffre d’affaires (CA) par an. Après avoir payé le prix de la marchandise, il lui reste une marge commerciale de 300 000 dollars. De cette somme, il va devoir soustraire les salaires, les cotisations...

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