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À La Une - syrie

Ghada et Youssef, les amoureux de la révolution syrienne

« On ne peut pas laisser la guerre nous dicter comment vivre...»

Ghada et Youssef se sont rencontrés il y a sept mois sur une page Facebook hostile au régime de Bachar el-Assad. Depuis, ils ont décidé de se marier, mais à Alep où plus aucun tribunal ne fonctionne, ils ont dû prononcer leurs vœux devant un chef du Front jihadiste al-Nosra. J.M. Lopez/AFP

Ghada et Youssef se sont rencontrés il y a sept mois sur une page Facebook hostile au régime de Bachar el-Assad. Depuis, ils ont décidé de se marier, mais à Alep où plus aucun tribunal ne fonctionne, ils ont dû prononcer leurs vœux devant un chef du front jihadiste al-Nosra. « C’était une cérémonie très rapide. Nous avons signé un papier, échangé les bagues et on était mariés. Le commandant était trop occupé pour perdre du temps à lire des versets du Coran », raconte en riant Youssef Abou Bakr, combattant insurgé de 26 ans.


Les islamistes radicaux du Front al-Nosra ont revendiqué des centaines d’attaques antirégime en Syrie et administrent certains secteurs tenus par les rebelles. Dans le quartier rebelle d’as-Soukkari, son mariage avec Ghada, 33 ans, est une bouffée d’air frais. Pour l’occasion, les rebelles ont tiré en l’air et dansé en ronde autour de Youssef, qui joue également les traducteurs pour des médias internationaux, et de Ghada, diplômée de littérature anglaise. « Félicitations ! Que Dieu vous apporte plein d’enfants », crie un voisin. « On ne peut pas laisser la guerre nous dicter comment vivre. On ne sait pas quand la guerre finira. Peut-être dans quelques mois, peut-être dans 5 ou 10 ans. Faudrait-il attendre jusque-là pour continuer à vivre ? » lance Youssef.


Aucun membre de la famille de Ghada, installée de l’autre côté de la ligne de front, dans un quartier tenu par l’armée du régime, n’a pu faire le déplacement. Et former un couple quand on vit des deux côtés de la ligne de démarcation n’a pas été chose facile pour les deux tourtereaux. « Mon père a toujours soutenu Assad et quand j’ai rencontré Youssef, j’ai essayé de cacher à mon père qu’il combattait au sein de l’Armée syrienne libre (ASL) », raconte Ghada. Mais quand il a fini par trouver sur Internet une photo de Youssef en uniforme, il a interdit à sa fille de voir et de parler à son amoureux. « J’ai invité les parents de Ghada pour leur montrer que les rebelles ne sont pas des terroristes comme le régime voudrait leur faire croire », explique Youssef. « Ils se sont rendu compte que la vie ici était bien meilleure que dans les quartiers tenus par le régime, sauf, bien sûr, pour les bombardements », ajoute-t-il.


L’histoire de Ghada et Youssef raconte aussi celle de la révolution syrienne lancée en mars 2011. Comme la contestation, elle a débuté sur Facebook. « Youssef et moi, nous avons commencé à parler grâce à mon image de profil : c’était un chaton et il aime les chats », relate Ghada. Et comme de nombreux Syriens, ils ont dû apprendre à composer avec les points de contrôle et la division du pays entre zone pro et antirégime. « Nous ne nous sommes vus que quatre fois. Ghada vit dans un quartier tenu par l’armée et si j’y allais, je pourrais être tué car j’ai rejoint les rebelles », affirme Youssef. Quant à Ghada, « la plupart du temps, c’est trop dangereux pour qu’elle puisse venir. 

 

Donc pendant sept mois, nous nous sommes parlé sur Internet et par téléphone », raconte le jeune homme.
Aujourd’hui, ils commencent à réfléchir à l’avenir et veulent pour commencer avoir deux enfants. « Je veux que mes enfants aident à gagner la guerre ou à reconstruire le pays », lance fièrement Youssef. Mais son épouse rêve, elle, plutôt de paix. « Je veux que la guerre finisse le plus vite possible pour que nous puissions vraiment commencer notre vie ensemble. Ce que je veux vraiment, c’est construire un nouveau pays où nos enfants pourront vivre heureux. »

(Source : AFP)

 

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