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À La Une - Reportage

Ali, ancien trompettiste de l'armée syrienne, devenu rebelle

"J'ai rejoint les rebelles pour lutter contre l'injustice".

Ali Naïma, l'ancien trompettiste devenu rebelle, le 17 janvier 2013 à Alep. AFP PHOTO/AAMIR QURESHI

Il y a encore quelques mois, Ali Naïma jouait de la trompette dans l'armée. Aujourd'hui, il a troqué son instrument contre un fusil d'assaut AK-47 pour faire la guerre aux côtés des rebelles contre ses anciens camarades restés fidèles au président Bachar el-Assad.

 

"J'ai fait partie de la fanfare militaire pendant deux ans", dit ce jeune homme de 24 ans rencontré par l'AFP à Alep, dans le nord de la Syrie, où il manie désormais la kalachnikov avec autant d'aisance que ses camarades de combat.

Dans l'armée, il touchait 100 dollars par mois. Mais son commandant en prenait 70 pour les mettre dans sa poche, se rappelle-t-il. Et lorsqu'il est tombé malade, il a dû payer lui-même ses frais d'hôpital.

 

Malgré ces conditions difficiles, ce qui l'a vraiment décidé à déserter, c'est lorsqu'il a vu ses camarades piller et violer des civils sunnites.

 

Pendant six mois, ce jeune sunnite -- membre de la communauté musulmane majoritaire dans un pays dirigé depuis plus de quarante ans par la famille du président Bachar el-Assad issue de la minorité alaouite --, n'a pas osé bouger par peur d'être tué par ses chefs, mais un jour il a pu entrer en contact avec Ahmed Jamel, combattant rebelle à Alep, via Skype.

 

Sur ses conseils, il a payé 50 dollars à un officier corrompu, officiellement pour aller voir sa famille.

"Quand j'ai quitté la base, Ahmed et d'autres de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) sont venus me chercher en voiture", dit-il. "J'avais très peur, je ne savais pas ce qui allait se passer", raconte-t-il encore.

Comme de nombreux déserteurs, il a décidé de rejoindre la rébellion plutôt que d'aller grossir les rangs des réfugiés dans des camps miteux. Pour les chefs rebelles, beaucoup d'autres encore aimeraient rejoindre l'opposition armée mais en sont empêchés.

 

A la lumière d'une bougie, Abou al-Moatassim, un commandant rebelle de 39 ans, est justement en train de remplir des documents portant le logo de sa brigade pour les déserteurs qui l'ont rejointe. De sa main, dont un mortier a arraché plusieurs doigts, il signe ces documents qui leur permettront d'être nourris et logés "et, si ce sont des fumeurs, d'avoir des cigarettes". "Nous ne leur donnons pas d'argent", explique-t-il.

 

Mais venir des rangs de l'armée du régime peut susciter quelques suspicions. Balayant d'un revers de main cette question, Abou al-Moatassim assure que "peu importe si certains sont des espions car ils ne rencontrent aucun chef décisionnel et ne voient rien de stratégique".

Deux-tiers des conscrits désertent pour combattre et "parfois meurent" avec l'ASL, dit-il, tandis que les officiers qui font défection se rendent en Turquie voisine. Et sans ces transfuges déjà rôdés à la chose militaire, "nous aurions été incapables de prendre les bases et les positions que nous détenons maintenant", reconnaît-il.

 

Ali, lui, n'avait jamais touché une arme et a dû être entraîné par l'ASL. "J'ai rejoint les rebelles pour lutter contre l'injustice", dit-il. Mais "quand tout ça sera fini, je veux reprendre la musique. Peut-être que je monterais mon propre groupe".

Il y a encore quelques mois, Ali Naïma jouait de la trompette dans l'armée. Aujourd'hui, il a troqué son instrument contre un fusil d'assaut AK-47 pour faire la guerre aux côtés des rebelles contre ses anciens camarades restés fidèles au président Bachar el-Assad.
 
"J'ai fait partie de la fanfare militaire pendant deux ans", dit ce jeune homme de 24 ans rencontré par l'AFP à Alep,...

commentaires (4)

Dans un camp ou dans l'autre, ils ont des armes aux poings et ils dansent sous les coups de feux... faut savoir pourquoi on danse... est-ce moins dommageable d'avoir la tête sur ou sous la bombe? Se placer là où les gestes sont moins dommageables pour l'humanité... pas facile de frayer dans le noir. Courage!

Zacharie

11 h 00, le 20 janvier 2013

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Commentaires (4)

  • Dans un camp ou dans l'autre, ils ont des armes aux poings et ils dansent sous les coups de feux... faut savoir pourquoi on danse... est-ce moins dommageable d'avoir la tête sur ou sous la bombe? Se placer là où les gestes sont moins dommageables pour l'humanité... pas facile de frayer dans le noir. Courage!

    Zacharie

    11 h 00, le 20 janvier 2013

  • Messieurs de la rédsaction d'OLJ, Bonjour, Permettez-moi une toute petite remarque: Est-il si important d'ecrire les choses de la manière suivante ci-dessous? Savez-vous à quoi on contribue dans ce moyen orient en ecrivant de la sorte?? "Malgré ces conditions difficiles, ce qui l'a vraiment décidé à déserter, c'est lorsqu'il a vu ses camarades piller et violer des civils sunnites. Pendant six mois, ce jeune sunnite -- membre de la communauté musulmane majoritaire dans un pays dirigé depuis plus de quarante ans par la famille du président Bachar el-Assad issue de la minorité alaouite " Merci infiniment Votre fidèle lecteur, Ali Farhat

    Ali Farhat

    09 h 03, le 20 janvier 2013

  • C'est son droit de passer à l'opposition, non? Mais s'il est passé à l'opposition armée, alors là tant pis pour sa pomme car il se transforme en bandit... si c'était le cas, ce serait dommage, il porte un prénom sympa!

    Ali Farhat

    08 h 41, le 20 janvier 2013

  • Et bien qu'il danse maintenent ...!!!!!

    Jaber Kamel

    05 h 44, le 20 janvier 2013

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