La Commission a été créée en août 2011 par le Conseil des droits de l’homme, mais elle n’a jamais reçu le feu vert de Damas pour se rendre sur place. Seul le président de la Commission, le Brésilien Paulo Pinheiro, a pu s’y rendre à titre personnel. Dans son rapport, la Commission dénonce en outre « l’escalade de la violence armée dans tout le pays ». Elle souligne aussi l’apparition de nouveaux groupes armés d’opposition qui « sont moins susceptibles de se joindre à l’Armée syrienne libre (ASL) », expliquant que « beaucoup sont indépendants des groupes existants ou sont affiliés à d’autres groupes extrémistes ou islamistes comme Jabhat el-Nosra ». La Commission a déjà recueilli plus d’un millier de témoignages dans les pays voisins de la Syrie, rassemblant ainsi des preuves sur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis par les forces gouvernementales et les milices prorégime.
Elle a également relevé des crimes de guerre commis par l’opposition armée, mais à une échelle plus limitée.
135 voix pour
Ce rapport a été publié alors que l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution dénonçant des « violations graves et systématiques » des droits de l’homme commises par les autorités syriennes et les chabbihas. Cette résolution non contraignante a été adoptée par 135 voix pour, 12 contre (dont la Russie et la Chine) et 36 abstentions. Une résolution similaire l’an dernier avait recueilli 122 voix seulement. Le texte demande au gouvernement syrien de « mettre fin à toute violation des droits de l’homme et à toute attaque contre les civils ». Lors du débat, la représentante syrienne s’en est pris à trois des promoteurs de cette résolution (le Qatar, l’Arabie saoudite et le Maroc) les accusant d’avoir « provoqué une escalade de la violence » en Syrie.
Sur le plan diplomatique, le président russe Vladimir Poutine s’est défendu de vouloir maintenir « à tout prix » le président Bachar el-Assad et a assuré encourager au dialogue pour éviter une désintégration du pays. « Nous ne inquiétons pas du sort du régime d’Assad. Nous comprenons ce qui se passe là-bas. Nous sommes inquiets d’une chose différente : que va-t-il se passer ensuite ? Simplement, nous ne voulons pas que l’opposition actuelle, une fois arrivée au pouvoir, commence à combattre les gens qui sont les autorités actuelles devenues l’opposition. Et nous ne voulons pas que cela continue éternellement. »
Yarmouk
Pendant ce temps, sur le terrain, des milliers de Palestiniens sont revenus dans le camp de réfugiés de Yarmouk à Damas en dépit de tirs sporadiques. « Depuis 06h00, des milliers de Palestiniens ont traversé à pied les points de contrôle de l’armée à l’entrée du camp pour s’y réinstaller », a affirmé un membre d’une organisation d’aide aux Palestiniens. Beaucoup entonnaient des chansons palestiniennes et scandaient : « Nous rentrons au camp de Yarmouk. » L’agence officielle SANA a fait état de « manifestations demandant le départ des groupes terroristes », qui dans la terminologie du régime signifie les rebelles. Selon un autre Palestinien, « les combattants de l’ASL ont pratiquement disparu. Il y en a deux dans chaque ruelle qui boivent du thé et fument leur narguilé ». Mais, la « sanctuarisation » du camp est loin d’être réglée.
Par ailleurs, les rebelles syriens ont étendu leurs positions vers le sud du pays, prenant le contrôle d’au moins six localités dans la province centrale de Hama, a annoncé un commandant rebelle. Les violences d’hier ont fait au moins 42 morts. « La bataille se poursuit. Nous avons libéré de nombreuses zones (de Hama) et nous étudions des plans visant à en libérer d’autres », a déclaré Qassem Saadeddine. « Les trois quarts de l’ouest rural de la province de Hama sont sous notre contrôle », a ajouté ce membre du commandement militaire rebelle, précisant que les villes de Latamna, Helfaya, Kfar Nabouda, Hasraya, Tibat al-Imn et Kfar Zita avaient été prises.
L’ONU a aussi lancé un appel pour 1,5 milliard de dollars pour aider près d’un million de réfugiés syriens ainsi que quatre autres millions de déplacés syriens affectés par le conflit.
Par ailleurs, deux neveux du vice-président syrien Farouk el-Chareh et cinq autres opposants favorables à un changement démocratique en Syrie ont été arrêtés récemment à Damas par les services de renseignements militaires, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
L’un des trois chefs religieux de la communauté druze, cheikh Hussein al-Jarboua, connu pour être proche du régime, est par ailleurs mort d’un cancer à l’âge de 87 ans, a annoncé l’agence officielle syrienne SANA. À Beyrouth, le leader druze Walid Joumblatt a affirmé qu’il « ne versera pas une larme »...
Enfin, la Syrie a pu brièvement sourire hier soir avec la victoire de son équipe nationale de football, vainqueur de la Coupe d’Asie occidentale.
(Sources : agences et rédaction)
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