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À La Une - Reportage

À l’Hôtel-Dieu, le désarroi des parents

Aux urgences, des proches angoissés et des rescapés hagards.

Une jeune femme blessée évacuée du lieu de l’explosion, place Sassine, à Beyrouth, par des secouristes. Photo Michel Sayegh

« Je veux voir ma nièce, sa tante doit prendre de ses nouvelles avant de voyager ! »
C’est avec beaucoup de nervosité qu’Ibrahim Chouhaib, que les médecins empêchaient d’entrer aux urgences, exigeait hier de prendre des nouvelles de sa nièce Zeina Chouhaib, l’une des blessées de l’explosion d’Achrafieh, qui a été transportée à l’Hôtel-Dieu. Désemparé, il explique à L’Orient-Le Jour que c’est par le père de la blessée, qui habite à l’étranger, que la famille a appris la nouvelle. « Ma sœur devait prendre l’avion pour aller chez le père de Zeina, dit-il. Nous avons rebroussé chemin alors que nous allions à l’aéroport. Il est hors question que sa tante prenne l’avion avant d’avoir eu des nouvelles. »


Heureusement pour la famille de Zeina, la jeune fille, qui a été blessée sur son lieu de travail, n’était pas en danger, comme l’un des responsables de l’hôpital a pu le confirmer. Elle a été atteinte à l’œil.
D’autres parents vivaient le même désarroi. Une dame exigeait de voir sa fille, Joséphine, qui est selon elle blessée et hospitalisée à l’Hôtel-Dieu. Un médecin a eu beau lui expliquer qu’il était impossible de laisser entrer les parents parce que le corps médical était trop occupé à sauver les blessés, elle criait qu’on n’avait pas le droit de lui refuser des informations.

 

Un blessé évacué. REUTERS/Hussam Shebaro

 


Le désarroi qui a gagné le pays tout entier suite à l’attentat était à son paroxysme chez ces parents, sans nouvelles de leurs enfants qui habitent ou travaillent dans cette région. Une responsable de l’hôpital recensait les noms des blessés et se chargeait de parler aux parents, tout en refusant de communiquer les noms à la presse. Elle nous indique simplement que 38 personnes ont été admises à l’hôpital, dont deux décédées. Nous saurons plus tard, par des sources officieuses, que les deux cadavres étaient méconnaissables.

 

(Lire aussi : En un instant, le secteur Sassine se transforme en zone sinistrée)


Devant la porte des urgences se trouvaient aussi certains blessés légers qui s’apprêtaient à quitter l’hôpital. Si leurs blessures n’étaient pas sérieuses, leur traumatisme, lui, était bien visible sur leur visage. Un jeune homme nous montre sa collègue qui porte un bandage à l’œil, une blessure qui lui a été causée par un éclat de verre. « Nous sommes plusieurs ici à travailler dans le même bureau, au onzième étage d’un centre proche du lieu de l’explosion, dit-il. La déflagration était extraordinairement puissante. Je ne me souviens de rien de ces moments-là, sauf que nous avons tous fui le bâtiment 3 à 4 minutes après l’explosion. Il y avait beaucoup de sang, des blessés. Nous étions en état de choc. » Lui-même est sorti indemne de cette épreuve, mais il a du sang plein la chemise. « Je n’ai remarqué ce sang qu’une fois arrivé ici », dit-il, les yeux hagards.

 

 

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