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À La Une - Liban - Crise

Salaire des journaliers de l’EDL : tout le monde se renvoie la balle

Les journaliers font grève pour réclamer le paiement de leur salaire de mai et juin. Mais par qui ?
EDL et les trois entreprises privées désormais en charge du réseau de distribution d’électricité se renvoient la balle. Entre-temps, le projet de loi controversé pour cadrer les journaliers au sein de la société publique est toujours en attente de l’aval du chef de l’État.

Photo Sami Ayyad.

L’affaire des journaliers de l’Électricité du Liban (EDL) n’en finit pas de créer des remous. Hier en fin de matinée, les grévistes ont, une fois de plus, coupé l’avenue Charles Hélou dans les deux sens durant plusieurs heures. Les forces de sécurité sont intervenues pour débloquer la situation.
Ils protestent contre le non-versement de leurs salaires des mois de mai et juin. « Nous en avons assez de cette situation et rien n’arrêtera notre mouvement de protestation tant que nous n’auront pas été payés », a indiqué à L’Orient-Le Jour Ahmad Chéhab, l’un des porte-parole des journaliers en grève.
Contactée par L’OLJ, EDL s’est une fois de plus dégagée de toute responsabilité. « Il n’est plus de nos prérogatives de gérer les salaires des journaliers. D’après le contrat que nous avons signé avec les trois entreprises privées, c’est à elles que revient la charge de cette affaire, et ce depuis le mois de mai », a indiqué une source à l’office qui a préféré garder l’anonymat.
Pour Nizar Younès, le président du conseil d’administration de Butec, l’une des trois entreprises libanaises ayant remporté l’appel d’offres auprès de l’EDL pour prendre en charge le réseau de distribution d’électricité, cette accusation est infondée. « Notre contrat avec l’EDL a certes débuté en mai, mais les journaliers, eux, n’ont pas voulu signer de contrat avec nous.
Nous ne pouvons pas payer des employés en grève qui ne souhaitent pas collaborer avec notre entreprise », a-t-il regretté.
Selon M. Younès, seulement un tiers des journaliers ont à ce jour signé leur contrat avec l’entreprise. « Nous leur avions donné comme date butoir le samedi 7 juillet, mais nous continuerons à les accepter s’ils se présentent à nous cette semaine. » Les trois entreprises se sont partagé l’emploi des journaliers d’EDL selon leur zone géographique. Le Nord pour Butec, le Sud et Beyrouth pour Debbas et Khatib et Alami pour la Békaa.

Les mafias
« Les journaliers d’EDL ont travaillé durant des années sans être cadrés, sans protection sociale aucune, dans une grande précarité, affirme M. Younès, ils ont aujourd’hui tout intérêt à être embauchés par nous, dans les règles du code du travail libanais. » Mais alors, si la deuxième option semble si idyllique, pourquoi les deux tiers des journaliers continuent de protester et refusent de se faire embaucher par les entreprises privées ?
Selon M. Younès, « parce qu’ils sont manipulés par des mafias qui volent chaque années plus de 350 millions de dollars à l’EDL par le biais de fausses factures et en corrompant les journaliers et percepteurs ». « L’arrivée sur le terrain d’entreprises privées menace fortement ce business mafieux, qui n’a aucun intérêt à ce que la situation évolue », ajoute-t-il.
Mais les journaliers ne sont peut-être pas uniquement sous le joug de ces « mafias ». Ils espèrent toujours que le projet de loi approuvé la semaine dernière au Parlement et qui permettrait de les cadrer au sein d’EDL après avoir passé un concours sera avalisé par le président de la République, Michel Sleiman. « Il n’en sera rien », assure M. Younès, qui dit croire encore au rôle du chef de l’État comme garant des bonnes pratiques constitutionnelles.
« On a assisté la semaine dernière à un véritable empiétement du Parlement sur le pouvoir exécutif, et je suis convaincu que M. Sleiman ne signera pas ce projet de loi qui est une véritable hérésie. »
Passera ? Passera pas ? Pour beaucoup, la question semble presque désuète car les enjeux et problématiques soulevés par cette affaire ont remué beaucoup de couteaux dans les plaies béantes de la société libanaise et vont au-delà d’un simple projet de loi controversé. Pour les journaliers, ballottés entre des pressions de tous bords et à tous les niveaux, la réponse est primordiale.
Ils attendront donc. Mais d’ores et déjà, M. Younès prévient : « Les journaliers qui ne signent pas de contrat avec nous avant la fin de la semaine n’auront plus leur place dans notre entreprise et nous seront obligés d’embaucher d’autres employés. »
L’affaire des journaliers de l’Électricité du Liban (EDL) n’en finit pas de créer des remous. Hier en fin de matinée, les grévistes ont, une fois de plus, coupé l’avenue Charles Hélou dans les deux sens durant plusieurs heures. Les forces de sécurité sont intervenues pour débloquer la situation.Ils protestent contre le non-versement de leurs salaires des mois de mai et juin....

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