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Culture - Art

Banksy fait le mur et son cinéma

« Mur de la honte » signé Banksy.

Saute-ruisseau, passe-muraille de l'art des rues, Banksy, qui graffite les façades depuis une vingtaine d'années dans un anonymat de star, met lui-même son travail en scène avec un premier film en injonction : Faites le mur! (sortie le 15 décembre).
Un synopsis en forme de calembour: officiellement, c'est Thierry Guetta, «un Français qui a réussi à Los Angeles», qui tient la caméra pour suivre les maîtres du Street Art et immortaliser leur travail éphémère - et parfois périlleux. Inévitablement, il finit par tomber sur Banksy, dont les œuvres ont depuis longtemps conquis les cimaises de Sotheby's et des salons chics.
L'artiste néopunk, anarchiste et clandestin encourage le Français à se lancer à son tour et reprend le film en main pour le suivre dans l'organisation d'une exposition
«monumentale».
Banksy a présenté avec succès Faites le mur! («Exit through the gift shop») aux festivals de Berlin, Sundance et Deauville, sans jamais dévoiler son visage, incognito dans la foule quand il avait fait le déplacement.
Ainsi à la 60e Berlinale, en février dernier, où il devait fouler le tapis rouge sans se faire connaître, après avoir annulé à la dernière minute la conférence de presse
annoncée.
Personne ne l'a vu car personne n'a jamais vu l'artiste désormais mondialement connu, qui a laissé ses œuvres sur les murs de La Nouvelle-Orléans après l'ouragan Katrina, ou sur le «Mur de la honte» en Cisjordanie, qui sépare Israéliens et Palestiniens.
Dans le film, Banksy parle face à la caméra, mais son visage est une tache noire et sa voix est modifiée.
«Être médiatique est très éprouvant», explique-t-il dans le dossier de presse du film distribué par la production. Reconnaissant qu'en la matière, il se considère comme «un prix Nobel d'hypocrisie».
De la même manière, son art brut et sauvage, réalisé au prix parfois d'une prise de risques, de moments volés à l'autorité pour s'emparer d'une façade, peut-il survivre à l'exposition académique? Lui-même s'interroge: «Je ne suis pas certain que le Street Art soit destiné à se retrouver dans des salons. Si vous domptez un animal, il perd sa nature sauvage et devient gros et paresseux.»
Mais comment y échapper? À Melbourne, la municipalité australienne a présenté des excuses embarrassées, après qu'un de ses employés, trop zélé, eut effacé un dessin de Banksy, un de ses fameux rats, sautant en parachute.
Caustique, Banksy - dont certaines œuvres se sont vendues très cher aux enchères - montre d'ailleurs dans le film une foule de gens aussi snobs qu'ignorants se ruer pour payer une fortune des «œuvres» produites au kilomètre.
«La seule chose dont vous êtes sûr, c'est que si vous êtes interrompu au milieu d'une peinture pas terrible, il y aura toujours quelqu'un pour l'emporter avec lui. Et quelques mois plus tard, elle sera présentée en grande pompe chez Sotheby's par des types en gants blancs»...
Son propos en s'emparant de la caméra, assure-t-il néanmoins, était de «pousser les gamins du monde entier à prendre une bombe de peinture et à tenter leur chance».
Le dossier du film donne même quelques conseils pour artistes débutants: «Portez un chapeau. Déplacez-vous rapidement quand vous êtes en ville. Faites comme si vous étiez un vieux pochetron si vous êtes repéré».
Saute-ruisseau, passe-muraille de l'art des rues, Banksy, qui graffite les façades depuis une vingtaine d'années dans un anonymat de star, met lui-même son travail en scène avec un premier film en injonction : Faites le mur! (sortie le 15 décembre).Un synopsis en forme de calembour: officiellement, c'est Thierry Guetta, «un Français qui a...

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