Beyoncé ambassadrice du « Cowboy Core », un chapeau créé par la jeune chapelière Abby Misbin. Photo tirée de la page Instagram @trendingbyabby
Avec ses 319 millions de followers au compteur de son compte Instagram, Beyoncé vient de frapper un grand coup. Elle est entrée une nouvelle fois dans l’histoire du show bizz en devenant la première femme noire à figurer en tête des classements de country music. Elle s’y est installée avec deux chansons : Texas Hold’ Em, à la première place et 16 Carriages, en sixième position. L’artiste a, par la même occasion, enrichi d’une palme le Black History Month, ce mois de février consacré, depuis 1926, à la célébration de la contribution des Afro-Américains à l’histoire du pays.
Originellement, le Black History Month a pour objectifs de faire connaître et reconnaître l’histoire afro-américaine, alors exclue du récit national. Et contrer ainsi les stéréotypes négatifs attachés au passé des anciens esclaves et de leurs descendants, afin d’affermir la fierté de la race noire dans son héritage et de stimuler le respect des Blancs pour leurs compatriotes de couleur.
Commentant l’actuel exploit de Beyoncé, Jada Watson, professeure adjointe à l'Université d'Ottawa et spécialiste des émissions radio, indique au Washington Post que « seules six artistes noires avaient déjà figuré dans les charts country depuis la fin des années 1950, aux côtés du groupe Pointer Sisters. La femme noire la mieux classée avant Beyoncé dans cette même liste était Linda Martell qui, en 1969, a culminé à la 22e place avec Color Him Father. Beyoncé vient aussi d’être la première femme noire depuis 1958 à figurer en tête de la section R&B/hip-hop.
La déferlante cow-boy
La country music, avec ses sons et ses intonations directement influencés par l’Amérique profonde, a actuellement la cote. En pleines secousses sous toutes les latitudes du monde, ses fans se sont réfugiés dans son authenticité et ses mélodies issues de la vie simple, son inclusivité, ses rythmes fluides et sans frontières, et son souci socio-culturel. De nombreux artistes émergeants l’ont adoptée à travers les différents styles qu’ils cultivent.
En 2019, déjà, avec la sortie de son single Black Parade, Beyoncé avait exprimé son désir de se réapproprier cette partie de son héritage musical : « Je retourne dans le Sud où mes racines ne sont pas édulcorées », avait-elle déclaré au Houston Chronicle. Car Houston est sa ville natale, le Texas et son héritage ont joué un rôle important dans son éducation. Pas étonnant donc qu’aujourd’hui, avec sa veine country, elle ait arboré le chapeau texan à la Fashion Week de New York, que tout le monde a rallié comme un panache blanc.
Du Marlboro Man à John Wayne, le chapeau des cow-boys, emblème américain par excellence de la masculinité drue, est en train d'être détourné. L’heure est désormais au « Cowboy Core », la dernière en date des tendances qui déferle sur internet et qui a trouvé un public allant des amateurs de mode de la génération Z de TikTok aux fans inconditionnels de Beyoncé. L’esthétique et l’inspiration western ont depuis longtemps imprégné la mode américaine. Plus précisément depuis l’époque des films du genre jusqu’à la commercialisation de la country music. Actuellement, cet esprit s’étend davantage à la culture pop et à un grand nombre de créateurs et enflamme la toile depuis son adoption par les stars.
Comme Beyoncé qui, en annonçant la sortie de son album Renaissance, était coiffée d’un chapeau cow-boy, confectionné selon le site WWWD par une jeune chapelière de 24 ans nommée Abby Misbin. Il n’aura pas fallu plus de deux heures pour que le stock de ce modèle, vendu à 285 dollars la pièce, se soit écoulé.
Beyoncé compte à son actif plus de 200 millions de disques vendus dans le monde. Photo tirée de sa page Instagram
Country music et musique noire, une affaire compliquée
Du point de vue historique, la musique country entretient une relation complexe avec les appartenances raciales. Bien qu'elle prenne ses racines dans le blues et que les musiciens noirs aient été des contributeurs précoces et importants à sa texture, ils ont souvent été exclus du genre ou considérés comme des étrangers. Seule exception, le chanteur américain noir Ray Charles avec sa création Modern Sounds in Country and Western, qui avait été nominée pour l'album de l'année aux Grammys de 1963. En 2022, il est ainsi devenu le troisième musicien de couleur à être intronisé au Country Music Hall of Fame. Beyoncé se trouve dans cette lignée. L'Afro-Américaine, née au Texas au cœur du concept western, n'a pu qu'être marquée par cette culture, comme elle l’a confié.
Après ses débuts d’adolescente dans le groupe Destiny’s Child, elle y retourne donc par la grande porte. Plusieurs chiffres témoignent de sa riche carrière. Elle est désignée en 2009 comme étant l'artiste de la décennie 2000 par The Guardian. En 2013, les critiques musicales du New Yorker décrivent Beyoncé comme la musicienne la plus populaire, la plus importante et la plus influente de ce début de XXIe siècle. Toujours en 2013, le magazine Forbes la classe 17e dans la liste des femmes les plus puissantes et 4e dans la liste des stars les plus puissantes du monde. Avant de la retrouver deuxième au classement de chanteuse la plus puissante au monde, derrière Lady Gaga et devant Madonna. En 2022, le magazine Rolling Stone la déclare plus grande artiste musicale de la décennie passée. En août 2023, Beyoncé compte à son actif plus de 200 millions de disques vendus dans le monde, auxquels peuvent s'ajouter les 65,5 millions d'exemplaires vendus avec le groupe Destiny's Child dont elle a été la meneuse.
Son nouvel album, Act II, le huitième de son cru, doit sortir le 29 mars, dans cette même veine country. Il s'agira du deuxième chapitre d'une trilogie qui a commencé par Renaissance, il y a deux ans, aux accents beaucoup plus dance et house.
