Des membres du Hashed al-Shaabi (Front de mobilisation populaire) portant le cercueil d'un milicien tué par des frappes aériennes américaines visant des groupes soutenus par l'Iran, pendant ses funérailles au quartier général des forces de cette milice à Bagdad le 25 janvier 2024. Photo Ahmad al-Rubaye
Le groupe armé pro-iranien des Kataëb Hezbollah (Brigades du Hezbollah, le parti de Dieu) a annoncé mardi la suspension de toutes ses opérations militaires contre les troupes américaines dans la région, une décision visant à éviter « l'embarras » pour le gouvernement irakien. Cette décision fait suite à l'attaque par drone ayant tué trois soldats américains dimanche dernier près de la frontière entre la Jordanie et la Syrie, une attaque que le Pentagone a attribuée aux Kataëb Hezbollah.
Qui est ce groupe ? L'Orient Today fait le point.
Carte d’identité
Fondé à la suite de l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003, le groupe est l'une des factions armées irakiennes d'élite les plus proches de l'Iran. Les Kataëb Hezbollah se sont formées entre 2005 et 2007 à partir des « groupes spéciaux » opérés par la Force Al-Qods - une branche du Corps des Gardiens de la Révolution iranienne (CGRI) - selon le Think tank Washington Institute.
Les responsables irakiens et les membres de cette milice affirment que les Kataëb Hezbollah comptent des milliers de membres et disposent d'un arsenal de drones, de roquettes et de missiles balistiques à courte portée. Elles sont la faction armée la plus forte de la Résistance islamique en Irak, qui regroupe des formations armées chiites radicales, et ont revendiqué plus de 150 attaques contre les forces américaines depuis le début de la guerre à Gaza.
Selon le Washington Institute, les Kataëb Hezbollah sont en partie financées par la Force Al-Qods. Ce Think tank affirme également que les Kataëb Hezbollah exécutent des actions spécifiques sous les instructions, la direction ou le contrôle de la Force Al-Qods. Elles sont également gouvernées par un Conseil de la Choura (conseil consultatif) avec un secrétaire général, cinq adjoints et au moins trente-trois membres au total, ainsi que des « superviseurs » externes de la Force Al-Qods et du Hezbollah libanais.
Le groupe constitue plusieurs bataillons au sein des Forces de mobilisation populaire (FMP) en Irak, une coalition de factions armées initialement créée pour lutter contre l'État islamique (EI) en 2014 et reconnue depuis comme une force de sécurité officielle. Des membres des Kataëb Hezbollah, dont certains ont été désignés comme terroristes par les États-Unis, occupent des postes de haut rang au sein des FMP.
Bien qu'il soit techniquement sous le commandement du Premier ministre irakien en tant que branche des FMP, le groupe opère souvent en dehors de la chaîne de commandement et a défié les déclarations gouvernementales appelant à mettre fin aux attaques contre les forces américaines. les Kataëb Hezbollah considèrent les troupes américaines en Irak comme des occupants étrangers et ont appelé à leur expulsion forcée à plusieurs reprises.
Historique
L'Irako-iranien Abou Mahdi al-Muhandis était le leader des Kataëb Hezbollah jusqu'à sa mort dans une frappe de drone américain en 2020 aux côtés du commandant de la Force Al-Qods iranienne, Qassem Soleimani, à l'aéroport international de Bagdad. En 2009, les États-Unis les ont désignées comme une organisation terroriste.
Suite au début de la guerre civile syrienne en 2011, le groupe a combattu aux côtés d'autres milices chiites contre principalement des rebelles sunnites et a continué à opérer en Syrie depuis lors. Au fil des ans, les États-Unis ont frappé à plusieurs reprises des positions, des bases et des centres d'entraînement et de logistique des Kataëb Hezbollah.
Sur le plan politique - bien qu'il ne confirme ni ne nie publiquement sa relation - le groupe est largement perçu comme ayant présenté un parti politique pour la première fois lors des élections de 2021, remportant plusieurs sièges au Parlement.