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À La Une - Diplomatie

Les espoirs de réunification de Chypre de nouveau douchés

Les Chypriotes grecs et turcs s'accusent de l'échec des pourparlers en Suisse.

Le drapeau chypriote peint sur un mur de la capitale Nicosie, le 11 novembre 2016. REUTERS/Yiannis Kourtoglou

Le marathon diplomatique autour de la réunification de l'île de Chypre semble une nouvelle fois dans l'impasse en l'absence d'avancées dans les négociations menées entre dirigeants chypriotes grec et turc en Suisse.

"Ce n'était pas une bonne nuit pour notre pays", a déclaré le porte-parole de la République de Chypre en commentant la fin, tôt mercredi, du cycle de pourparlers engagés dans un grand hôtel du Mont Pèlerin, au bord du lac Léman.

Le président chypriote grec Nicos Anastasiades et le leader chypriote turc Mustafa Akinci se sont séparés sans être parvenus à s'accorder sur la question territoriale et sans fixer de date pour une nouvelle rencontre.

Les deux délégations s'étaient retrouvés dimanche avec pour mission de dessiner une carte avec des frontières internes délimitant les deux entités --chypriote turque et chypriote grecque-- qui formeraient une future fédération. Elles devaient aussi régler la question de la spoliation des biens.

Ces dossiers sont particulièrement complexes à résoudre, plus de 40 ans après la division de l'île en deux parties en 1974. Cette année-là, l'armée turque avait envahi la partie nord de l'île en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher le pays à la Grèce. Cette invasion a été suivie par d'importants déplacements de populations, des dizaines de milliers de personnes ayant dû abandonner leurs biens du jour au lendemain.

Depuis, la République de Chypre, membre de l'Union européenne depuis 2004, n'exerce son autorité que sur la partie sud, où vivent les Chypriotes grecs. Les Chypriotes turcs habitent au nord, où une République turque de Chypre du Nord (RTCN) a été autoproclamée et n'est reconnue que par Ankara.

 

(Pour mémoire : Pour Ban, une solution pour Chypre est à portée de main)

 

'Effondrement' des espoirs
Les deux parties s'accusaient mardi de l'échec des pourparlers.
"Nous ne sommes pas du tout contents et regrettons sincèrement qu'à cause de l'attitude turque il n'a pas été possible de compléter un processus prometteur", a déclaré Nicos Christodoulides, le porte-parole de M. Anastasiades. Le dirigeant chypriote turc a pour sa part accusé la partie adverse d'avoir insisté sur des "positions maximalistes" concernant le territoire et d'autres sujets sensibles.

L'Onu, qui parraine le processus de pourparlers depuis 18 mois, a expliqué que, "malgré leurs meilleurs efforts, ils (les deux dirigeants) n'ont pas été en mesure de réaliser les convergences nécessaires sur les critères d'ajustement territorial qui auraient ouvert la voie à la dernière phase des pourparlers". "Les deux parties ont décidé de retourner à Chypre et de réfléchir sur la voie à suivre", a souligné le porte-parole de l'Onu à Chypre, Aleem Siddique.

Bien que largement minoritaires, les Chypriotes turcs contrôlent actuellement 36% de l'île. Les deux dirigeants seraient proches d'un accord sur la part de l'île revenant à l'entité chypriote turque, M. Akinci suggérant environ 29% et M. Anastasiades proposant 28%.

 

(Lire aussi : Morphou, une ville au milieu des vergers, au cœur des négociations de paix)

 

Une délimitation des entités permettra aussi d'examiner des processus de restitution, compensation ou échange pour les propriétaires spoliés de leurs biens --une question épineuse et potentiellement onéreuse pour le futur Etat. Le président Anastasiades souhaite le retour d'au moins 100.000 Chypriotes grecs dans les propriétés qu'ils avaient dû quitter, tandis que les Chypriotes turcs veulent voir le moins possible de personnes quitter leur foyer. "Il n'y a eu de résultat concret, notamment au sujet des Chypriotes grecs qui pourraient retourner dans leurs maisons", a admis M. Christodoulides.

Les médias chypriotes avaient eux des avis plus tranchés. "Echec au Mont Pèlerin", titrait le journal progouvernemental Phileleftheros. "Au lieu d'un accord, nous sommes parvenus à une crise", assénait en une le quotidien indépendant Politis. Le quotidien chypriote turc Havadis a déploré un "énorme effondrement".

MM. Anastasiades et Akinci s'étaient fixés la fin de l'année 2016 pour parvenir à un accord, une date qui semble aujourd'hui bien compromise. Tout accord serait soumis au vote par référendum dans chacune des deux parties de l'île, où ces pourparlers de paix ne font pas l'unanimité.

 

 

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