L'annonce la veille du soutien de l'ancien Premier ministre, Saad Hariri, à la candidature du chef chrétien, Michel Aoun, à la présidence de la République, a été diversement commentée vendredi par les grands titres de la presse libanaise.
"Énorme risque"
Le quotidien an-Nahar, proche du 14 Mars, centre son analyse sur "l'énorme risque" pris par Saad Hariri avec cette annonce, conduisant "plusieurs députés de son groupe parlementaire, Fouad Siniora en tête, à refuser d'élire Michel Aoun". Ce qui constitue, pour le quotidien, une "dissidence sans précédent". Le journal estime qu'un camp des "bulletins blancs" est en train de se constituer.
"Nombreux sont ceux que cet accord ne convainc pas, et qui doutent des réelles intentions du Hezbollah. Ils affirment que ceci n'est pas un accord, mais un sacrifice de ma part, et probablement un sacrifice dont je paierai le prix aux prochaines législatives (...) mais je suis prêt à risquer ma popularité et mon avenir politique mille fois, pour ne pas vous mettre en péril", avait déclaré Saad Hariri lors de son discours de soutien à M. Aoun. Dans un autre article, an-Nahar rappelle les tensions qui ont marqué pendant onze ans les relations entre M. Aoun et les Hariri.
Le quotidien al-Moustaqbal, fondé par Rafic Hariri, reproduit le discours du chef du courant du Futur en titrant : "Cet accord renforce Taëf et épargne l’État du conflit syrien. Le général à la Maison du Centre pour lancer la construction de la Nation. Hariri soutient la candidature de Aoun : l'important est de préserver le pays".
(Lire aussi : L’appui de Hariri à Aoun, un tournant majeur dans l’histoire de la crise présidentielle)
"Hariri assure son avenir"
Dans les colonnes du quotidien as-Safir, proche du 8 Mars, l'ancien ministre Élie Ferzli signe un article hagiographique dans lequel il chante les louanges au leader du Futur. "Saad Hariri était le seul capable de mener à bien son initiative contrairement à d'autres", écrit M. Ferzli. "En prenant ce risque, il protège l'héritage de Rafic Hariri et son avenir personnel", estime-t-il, saluant le fait que M. Hariri ait choisi "le plus grand contempteur de l'accord de Taëf pour le protéger".
Dans un autre article, la journaliste Claire Chaker pointe le "pragmatisme" du leader du Futur.
De son côté, le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, salue le courage de Saad Hariri. "Ce n'était pas facile pour lui, face à l'indignation et la colère de ses partisans", écrit le quotidien. Dans son éditorial, Pierre Abi Saab parle d'une "capitulation opiniâtre", décrivant un "instant peut-être historique, mais certainement tragi-comique". Le directeur de la rédaction, Jean Aziz, dit pour sa part compter sur "la sagesse de Nabih Berry".
La candidature de Michel Aoun est soutenue par le Hezbollah. Nabih Berry a indiqué qu'il ne voterait pas en faveur du chef chrétien.
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"Énorme risque"Le quotidien an-Nahar, proche du 14 Mars, centre son analyse sur "l'énorme risque" pris par Saad Hariri avec cette annonce,...
commentaires (4)
Saad Hariri a commis la plus grande erreur de sa carrière politique qui est déjà bien limitée. Il aurait mieux fait de s'associer avec RIFI qui est un homme de valeur ou d'écouter un Siniora qui est un homme de qualité Il vient de vendre le Liban aux ayatollah et garantir la prise du pouvoir de toute une famille J'espère que les députés ne suivront cette folie de nommer un homme qui n'a jamais rien fait pour son pays et qui, à 83 ans, donnera le pouvoir aux membres de sa famille
FAKHOURI
14 h 14, le 21 octobre 2016