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À La Une - Elections

Au Maroc, la campagne pour les législatives commence, duel annoncé entre islamistes et libéraux

Ce scrutin signe le grand retour des salafistes dans le jeu électoral, dont ils étaient exclus depuis plusieurs années.

Au Maroc, le Parti authenticité et modernité (PAM, libéral) d'Ilyas El Omari (photo), défend un projet "moderniste" pour "sauver la patrie", défendre "les libertés et les droits des femmes", sous le slogan "Le changement c'est maintenant!", manifestement inspiré de celui de François Hollande lors de la présidentielle française de 2012. Photo AFP / FADEL SENNA

La campagne pour les élections législatives du 7 octobre a débuté samedi au Maroc, où les islamistes à la tête du gouvernement de coalition depuis cinq ans tenteront de conserver la majorité face aux "modernistes".

Pendant près deux semaines, une trentaine de partis politiques vont mener campagne dans le pays et les médias nationaux, en prévision d'un scrutin que le roi Mohammed VI, chef de l'Etat, a promis "intègre et transparent" sous la supervision des ministères de l'Intérieur et de la Justice.

Dans le sillage des Printemps arabes, des contestations de rue au Maroc et d'une vaste réforme constitutionnelle menée par le souverain, les dernières législatives de 2011 avaient vu la victoire du parti islamiste Justice et Développement (PJD), un succès historique pour cette formation souvent comparée aux Frères musulmans égyptiens.
Après cinq années aux affaires, à la tête d'une coalition faite de libéraux, de communistes et de conservateurs, le PJD garde une réelle audience dans le pays.
Depuis les soulèvements populaires de 2011 qui ont secoué le monde arabe, il reste ainsi la seule formation islamiste encore au pouvoir dans un pays de la région.

 

(Lire aussi : Dans de nombreux pays arabes, la corruption gagne du terrain)

 

'Le changement c'est maintenant'
Le PJD mettra en avant son bilan économique et social, dans un contexte économique morose, sur le thème de "continuer la réforme", avec toujours en arrière-plan "son référentiel" des valeurs de l'islam.

Son grand rival et principal challenger, le Parti authenticité et modernité (PAM, libéral) d'Ilyas El Omari, défend un projet "moderniste" pour "sauver la patrie", défendre "les libertés et les droits des femmes", sous le slogan "Le changement c'est maintenant!", manifestement inspiré de celui de François Hollande lors de la présidentielle française de 2012.

Si les sondages sont officiellement interdits depuis des semaines, le scrutin s'annonce d'ores et déjà comme un face à face serré -en forme de "bipolarisation" selon l'expression locale-, entre ces deux poids lourds.
Sur la trentaine de partis participant, huit ont une audience véritablement nationale et peuvent espérer obtenir un groupe parlementaire.

Près de 16 millions d'électeurs sont appelés à voter pour élire leurs 395 députés, à choisir parmi un total de 1.410 listes et 6.992 candidats. En moyenne, il y aura 15 listes pour chacune des 92 circonscriptions du pays, selon le ministère de l'Intérieur. 4.000 observateurs, dont 92 internationaux, ont été accrédités.

L'élection se déroule selon un système de liste à la proportionnelle, avec un seuil électoral réduit de 3% cette année, au lieu de 6% en 2011, qui pourrait accentuer la fragmentation et compliquer la formation de la future majorité.
L'un des enjeux des élections sera le taux d'abstention, très élevé en 2007 (63%), toujours considérable en 2011 (55%). Jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Mohammed VI en 1999, les élections étaient largement manipulées au Maroc, et le scrutin 2002 avait marqué une étape dans la démocratisation du pays.

 

(Lire aussi : Le Maroc veut s'afficher en maillon fort dans la lutte antijihadiste)

 

'Le retour des salafistes'
Ces législatives signent par ailleurs le grand retour des salafistes dans le jeu électoral, dont ils étaient exclus depuis plusieurs années, et qui se présentent sous plusieurs étiquettes. La candidature pour le PJD d'un cheikh emblématique, Hamed Kabbaj, a néanmoins été invalidée pour "extrémisme".

La pré-campagne a été marquée par un climat de défiance et de tensions croissantes au sein du gouvernement, entre ministres PJD et le tout-puissant ministère de l'Intérieur, tenu par le technocrate Mohammed Hassad.

Les islamistes et leurs alliés ont multiplié les pics à son encontre, ainsi que contre un influent conseiller de Mohammed VI, Fouad Ali El Himma (fondateur du PAM en 2008), les accusant à mots couverts de vouloir contrer le PJD par tous les moyens et assurer la victoire du PAM aux élections.

Se gardant bien de mettre en cause explicitement le palais ou même l'entourage royal, le camp PJD n'a cessé de mettre en avant l'expression générique de "tahakoum" (la "mainmise" en arabe), en référence à un "Etat parallèle" qui userait de "méthodes autoritaires" pour contrôler la vie politique.

Ce vocable de "tahakoum" s'est finalement imposé comme le thème principal de la campagne, ceci au plus grand bénéfice de "ses promoteurs" islamistes qui ont remporté là une première victoire symbolique avant même le scrutin, observe le journal Maroc Hebdo.

 

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