« Le Vendée Globe est la seule compétition où on est en course jour et nuit pendant trois mois », déclare Jean-Yves Chauve, le médecin officiel de cette course depuis sa première édition, en 1989-1990. « Les skippers de cette compétition sont des dormeurs de haut niveau », s’amuse-t-il.
Cela va des « flashs » de quelques secondes à des périodes de 15 à 20 minutes. Quand les conditions météo sont sereines, les phases de sommeil peuvent durer une heure et demie. Comme les premiers êtres humains, note le Dr Chauve, qui ne pouvaient rester endormis trop longtemps à cause des prédateurs.
« On ne dort pas forcément, mais il faut impérativement se reposer » régulièrement, note Arnaud Boissières (Akena Vérandas), pour qui « le moment le plus dur, c’est le lever du jour... ».
La qualité du sommeil n’est pas optimale
Parce que chaque organisme est un cas particulier, chacun adapte ce temps de récupération à sa manière, selon ses besoins... et (surtout) l’état de la mer.
Les monocoques Imoca de 60 pieds (18,28 m) avec lesquels ces fous marins et leurs drôles de machines vont tourner autour du globe sont incroyablement inconfortables et la zone de vie est réduite à sa plus simple expression.
Pour dormir, ou plutôt récupérer, chacun a sa solution. Les uns ont choisi des bannettes (couchettes sommaires sur un cadre métallique), des sièges plus ou moins ergonomiques placés devant les instruments de navigation, des matelas pouvant être déplacés d’un bord sur l’autre, voire des poufs remplis de microbilles qui épousent la forme du corps.
Cinq à six heures de sommeil par jour, ce n’est pas beaucoup mais, comme le souligne Vincent Riou, vainqueur du Vendée Globe 2004-2005 et superfavori cette fois-ci, « il y a des tas de gens à terre qui ne dorment pas plus ».
Reste que sur un monocoque du tour du monde, la qualité du sommeil n’est pas optimale.
« Les bateaux sont devenus très bruyants, observe le Dr Chauve. Dans les chocs, il y a jusqu’à 120 décibels à l’intérieur. C’est comme si on vivait dans une guitare... »
Pour le Dr Chauve, la façon dont chaque skipper gèrera cette question sera déterminante : « On ne peut pas gagner le Vendée Globe en agressant son corps en permanence. Après 16 heures sans sommeil, on entre dans la zone rouge. On commence à ne plus être très bien et c’est comme si on avait 0,5 gramme d’alcool dans le sang. Le physique et le moral s’en ressentent forcément. »
commentaires (0)
Commenter