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Moyen Orient et Monde - Ici et maintenant

Érotisme/politique

L’alchimiste. Il savait transformer le béton en caresse, le bâtiment administratif en bulle de rêve(s), l’auditorium en poésie ; une calligraphie d’Apollinaire, un château de sirène... Un espace public, un ministère des Affaires étrangères, un tribunal suprême devenaient Anna Magnani, plus fellinienne que jamais et ressuscitée par ces traits au feutre noir qu’il superposait et accouplait chaque après-midi de son bureau à Rio de Janeiro. Au-dessus de la plage exactement. Le démiurge. De ses doigts, de son cerveau, de ses tripes naissaient des hanches. Des courbes. Des arrondis. Des bombés. Des incurvés. Des arches de lumière. Fixées sur ses rétines, indélébiles, ces images : des escarpins, des talons vertigineux, des cous de pied hiératiques comme il adorait les regarder, peeping Tom déjà Godfather, les après-midi encore, assis aux terrasses parisiennes, les yeux scotchés sur ces passantes en petites robes noires : c’était le milieu des 60’s, il s’était exilé en France à cause de la dictature qui avait défiguré le Brésil, André Malraux lui avait tout facilité. La solidarité, toujours, partout. Cette solidarité métissée et furieusement transgenres que ce fils de bourges horrifié par sa condition de riche allait sanctifier jusqu’au bout de ce siècle (et quatre ans) vécu comme un sacerdoce au service presque hystérique, presque dogmatique, du beau et du bon. De l’art dur et pur pour tous. De la chose publique. Au service de la Cité : ce n’est pas un hasard s’il en a construit une, de cité, et quelle cité, au milieu de nulle part, qu’il en a fait Brasilia ; pas un hasard qu’il ait réussi à la doter d’une âme, à en faire ce placenta, cette matrice fédératrice qui allaite et rassure un peuple outrageusement métissé et qu’auraient pu diviser dans le sang cent et une lignes de démarcation – socioculturelle, économique, raciale... : les Brésiliens. Avec son ADN portugais, son ADN allemand, son ADN arabe et son droit du sol 100 % carioca, avait une mission sacrée : jeter des perles aux pourceaux. À Tripoli au Liban-Nord, sa Foire internationale, un diamant brut, abandonnée, orpheline, est devenue ectoplasmique – un Liban où aucun hommage officiel ne lui a été rendu. C’est honteux. C’est (presque) normal : Assem Salam n’est plus là... Et pourtant. Qui a dit que les pourceaux ne peuvent pas être esthètes ? Qui a dit que le beau ne devenait pas encore plus beau dans la fange ? Poète des courbes, Oscar Niemeyer ? Non. Poète tout court. Leader.
L’alchimiste. Il savait transformer le béton en caresse, le bâtiment administratif en bulle de rêve(s), l’auditorium en poésie ; une calligraphie d’Apollinaire, un château de sirène... Un espace public, un ministère des Affaires étrangères, un tribunal suprême devenaient Anna Magnani, plus fellinienne que jamais et ressuscitée par ces traits au feutre noir qu’il superposait et...
commentaires (2)

Waouuu, victoire et felicitations sinceres a Ziad qui a pu ecrire autant sans avoir a en medire pour autant, je le disais qu'il avait le bagout pour tout, et j'ai presque honte de m'extasier devant un triste evenement comme la mort d'un artiste qui je l'apprends possede un ADN arabe (!!) et de Tripoli (??), cette fois ci je pense que le constructeur, que dis je , le batisseur s'appellerait Ziad Makhoul, confirme.

Jaber Kamel

08 h 29, le 07 décembre 2012

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Commentaires (2)

  • Waouuu, victoire et felicitations sinceres a Ziad qui a pu ecrire autant sans avoir a en medire pour autant, je le disais qu'il avait le bagout pour tout, et j'ai presque honte de m'extasier devant un triste evenement comme la mort d'un artiste qui je l'apprends possede un ADN arabe (!!) et de Tripoli (??), cette fois ci je pense que le constructeur, que dis je , le batisseur s'appellerait Ziad Makhoul, confirme.

    Jaber Kamel

    08 h 29, le 07 décembre 2012

  • Le Picasso du bâtiment. Allah Yir7amou !

    SAKR LEBNAN

    01 h 55, le 07 décembre 2012

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