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Moyen Orient et Monde - Le point

Ces généraux qui font l’amour et la guerre

Mais quelle mouche cantharide a donc piqué les dignes galonnés américains, faisant d’eux des émules du dieu Pan ? Horreur ! Pendant que l’Amérique, en proie aux affres d’une crise qui n’en finit plus, s’interrogeait, en pleine campagne électorale, sur le meilleur moyen de renouer avec la croissance, des généraux se noyaient dans les délices de Capoue, insensibles au drame vécu par leurs concitoyens. Dans un pays qui a failli se doter d’un président mormon – hors du mariage pas de sexe, et même pas de badinage –, les frasques extraconjugales ne sont pas tolérées, surtout dans les rangs de l’armée. D’ailleurs, rappelait l’autre jour le New York Times, il existe un ouvrage dont la lecture est imposée aux militaires. Son titre : The Bathsheba Syndrome, the Ethical Failure of Successful Leaders. Autrement dit, tout un code de « do’s » et « don’t’s ». Bathsheba? C’est, dit l’Ancien Testament, l’épouse d’un lieutenant du roi David, lequel, pour la glisser dans son lit, envoie le brave homme en mission kamikaze.


Dans le cas du général David H. Petraeus, il n’y a pas eu mort d’homme, mais on a évité de justesse le cataclysme planétaire, ce qui est autrement plus grave. La belle Paula Broadwell, sans l’avoir voulu, vient de déclencher une réaction en chaîne qui ressemble fort aux matriochki, ces poupées russes de tailles décroissantes, ce qui permet de les placer les unes dans les autres. C’est que, si les amants ont roucoulé l’espace de quelques mois à peine, avant de se séparer d’un commun accord, les retombées de leur « affair », comme disent élégamment les Américains, relèvent à la fois du roman d’espionnage mâtiné d’un soupçon de porno soft.


Détaillons. La belle, en feignant de quitter la scène, avait gardé par-devers elle une foultitude de documents relatifs à l’Afghanistan, peut-être même à l’attaque du consulat US de Benghazi, le 11 septembre dernier, qui avait fait quatre tués américains, dont l’ambassadeur J. Christopher Stevens. Pour les courriels adressés à Jill Kelley née Khawam, en qui elle voyait à l’époque une rivale – du style « Back off », « Stay away from my guy » –, c’était trop tard. La dame avait déjà saisi de l’affaire le FBI, qui déclenchait aussitôt une enquête, remontant la filière jusqu’aux deux tourtereaux. On notera pour la petite histoire que l’agent fédéral chargé du dossier, sans doute émoustillé par cet étalage de stupre, s’était mis à envoyer à la Libanaise des photos le représentant torse nu...


Là-dessus, on découvre que la beauté de Jounieh était elle aussi une inconditionnelle du Gmail, mais en direction d’un autre général, John R. Allen, commandant en chef des troupes de l’Alliance atlantique en Afghanistan – un pays, soit dit en passant, qui semble exercer une attirance certaine sur les apprenties Mata Hari du Nouveau Monde. Résultat de ce vaudeville, quatre couples détruits : les Petraeus, les Broadwell, les Kelley et les Allen, sans compter la jumelle de la douce Jill, acculée à la faillite en attendant d’être sans doute acculée au divorce car éclaboussée par les conséquences de la graphomanie de son autre elle-même (entre 20 000 et 30 000 lettres échangées avec Allen de 2010 à 2012, on se demande comment le brave général trouvait encore le temps de faire la guerre, après s’être occupé aussi de la séparation du ménage de Natalie, sans h – tel est le nom de la sœur).


La Central Intelligence Agency, dont Petraeus était le directeur depuis septembre 2011, et l’armée yankee ne sortent pas grandies de ce méli-mélo. D’autant plus que l’adultère, pour un militaire encore en service, est assimilé à un crime. Ajoutez à cela le fait qu’Allen devait soumettre bientôt au secrétaire à la Défense Leon Panetta un rapport sur le rythme et les modalités de retrait des troupes US d’Afghanistan. Autre détail qui suscite de nombreuses interrogations : l’inquiétant retard mis par les services concernés pour informer la Maison-Blanche, mise au courant le 6 novembre, soit le jour de l’élection présidentielle


Ce n’est pas, loin de là, Sense and Sensibility, tout au plus Peyton Place, avec pour toile de fond la Khyber Pass. Il y a fort à parier d’ailleurs que tout cela fera l’objet, un jour pas très lointain, d’une série télévisée. Et si la Broadwell ne peut espérer retrouver de sitôt une vie de femme-au-foyer-épouse-et-mère-aimante, à tout le moins pourra-t-elle se consoler en observant l’envolée dans les ventes de son livre, passé en vingt-quatre heures de la 76 792e à la 111e place. Titre de l’ouvrage : All In. The Education (sentimentale ? ...) of General David Petraeus. Encore un peu de chance et un nouvel élu, Paula, et ce sera le top ten assuré.

 

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commentaires (4)

Excès de testostérone militaire diront les féministes. Moi, ce qui m'étonne, c'est qu'il n'y a pas eu le moindre soupçon d'espionnage incriminant le hezb résistant !!! Donc la question est, pour qui notre consoeur espionnait ??

Jaber Kamel

05 h 08, le 15 novembre 2012

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Commentaires (4)

  • Excès de testostérone militaire diront les féministes. Moi, ce qui m'étonne, c'est qu'il n'y a pas eu le moindre soupçon d'espionnage incriminant le hezb résistant !!! Donc la question est, pour qui notre consoeur espionnait ??

    Jaber Kamel

    05 h 08, le 15 novembre 2012

  • C'EST D É G U E U L A S S E !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    04 h 41, le 15 novembre 2012

  • Ils sont humains quand même !

    SAKR LEBNAN

    02 h 38, le 15 novembre 2012

  • Ridicules....on en fera un film...

    GEDEON Christian

    20 h 19, le 14 novembre 2012

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