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Moyen Orient et Monde - Reportage

Syrie : Aux portes du réduit alaouite, le village de Kdin donne l’exemple

Il y a des signes qui ne trompent pas : les femmes vont tête nue dans les rues, la moustache finement taillée a remplacé l’épaisse barbe des moujahidine pour les hommes. Nous sommes en terre alaouite.


Dans la province de Lattaquié, sur les contreforts du massif du jebel Akrad, le village de Kdin vit en paix, apparemment loin du conflit qui ensanglante le reste du pays. Kdin est pourtant cerné par des populations sunnites, le jebel Akrad étant totalement acquis à la cause de la révolution. En cette journée ensoleillée de fin d’été, les paysans de Kdin sont occupés à ramasser figues et pommes dans les vergers. Des gamins chahuteurs courent d’une maison à l’autre, sous le regard de leurs mères assises à la vue de tous à l’ombre des terrasses. De jeunes filles en survêtement moulant déambulent en tripotant leur téléphone portable. Dans les rues de Kdin, aucune trace de rebelles ou d’hommes en armes. « On passe parfois par le village, mais nous n’avons aucune raison de nous y arrêter », confirme Abou Badih, un commandant rebelle dans la ville voisine de Salma, principale agglomération du jebel Akrad et bourg sunnite plutôt conservateur.


Le contraste entre les deux localités, distantes de cinq kilomètres, est frappant : à Kdin, de nombreuses familles vaquant à leurs activités, des agriculteurs au travail. À Salma, des obus qui pleuvent quotidiennement sur des rues quasi désertes, sillonnées presque uniquement par des combattants à moto. Les relations sont correctes et il n’y a pas de problème, assurent des habitants sunnites des environs. Les paysans commercent entre eux, il y a des liens, des contacts. Des sunnites sont visibles dans le village, saluant des connaissances au passage.


Derrière l’apparente normalité de Kdin, c’est chacun chez soi avec les villages voisins. La méfiance est là, palpable, exacerbée par la guerre en cours, qui tourne de plus en plus au fil des mois à la confrontation confessionnelle entre rebelles sunnites et minorité alaouite au pouvoir. Appuyés contre un tracteur aux roues crottées, des anciens du village dévisagent le nouveau venu. « Que venez-vous faire ici ? » Les journalistes ne sont pas les bienvenus à Kdin. La tranquillité avec les voisins sunnites a un prix. La discrétion et surtout une neutralité absolue sont de rigueur. « Nous ne sommes ni pour Bachar ni pour les rebelles. Tout ça, ce n’est pas notre problème. Nous ne voulons qu’une chose, c’est vivre en paix », lance un quinquagénaire, dont la bedaine semble sur le point de faire éclater le pantalon.
Pour de nombreux rebelles, qui réfutent une interprétation trop communautariste du conflit, le village de Kdin a ainsi valeur d’exemple.

Il y a des signes qui ne trompent pas : les femmes vont tête nue dans les rues, la moustache finement taillée a remplacé l’épaisse barbe des moujahidine pour les hommes. Nous sommes en terre alaouite.
Dans la province de Lattaquié, sur les contreforts du massif du jebel Akrad, le village de Kdin vit en paix, apparemment loin du conflit qui ensanglante le reste du pays. Kdin est pourtant...
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