Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Le point

Ciel ! Ils reviennent...

Incorrigible ! Silvio Berlusconi hésite, va revenir, il revient. La semaine dernière, il devait annoncer son retour lors d’un congrès prévu dans un hôtel de la banlieue romaine. Il s’est ravisé en dernière minute, officiellement pour des raisons de sécurité, officieusement parce qu’il désirait entretenir le suspense, en réalité, insinue méchamment le Corriere della Sera, parce qu’il ne voulait pas parler devant un parterre de sexagénaires épuisés par la chaleur caniculaire et le voyage en bus. Ce n’était que partie remise. Quelques jours plus tard, il rassurait ses supporters déclarant, devant un parterre de jeunes cette fois : « Je travaille à des solutions, je suis toujours là. » Ses concitoyens n’en demandaient pas tant...
À bientôt 76 ans, Il Cavaliere rêve d’en découdre avec ceux qui l’ont poussé à la démission, un certain samedi 12 novembre 2011. Pour l’instant, son programme tient en peu de mots : travailler à la refonte de son parti, « Il Popolo della libertà », qui a remplacé « Forza Italia », prodiguer des conseils qui ne sont pas entendus. Il en est ainsi d’Angela Merkel qui ne l’a pas écouté, la pauvre, quand il lui a demandé de sortir son pays de la zone euro, « sans quoi d’autres le feront » – entendez l’Italie, un pays tourné vers l’exportation et qui trouverait son avantage à revenir à sa monnaie, la lire.
Mais qu’ont-ils tous à s’accrocher ainsi ou, plus grave, à tenter un come-back, c’est-à-dire un saut dans le vide sans filet de secours ? Au lendemain de la fin de son double mandat, Bill Clinton ne se résignait pas à imiter Cincinnatus, s’entêtant à multiplier les interventions télévisées, les conférences et les jugements sur les sujets les plus divers. Ce qui lui avait valu dans un hebdomadaire américain un article au titre cinglant : « How can we regret you if you don’t go away ? »
Eh oui ! C’est ainsi, le bon peuple qui vous a porté en triomphe des années durant ne demande pas mieux que de se détourner de vous, estimant que vous avez accompli votre mission. Mieux que personne, le général de Gaulle l’avait compris quand, après le non (52,41 pour cent) lors du référendum du 27 août 1969 au projet de loi sur la rénovation du Sénat et la création de régions, il avait tourné le dos à la vie politique. Battu par François Hollande, lors de la présidentielle de cette année, Nicolas Sarkozy a opéré un repli (tactique?) qui reste un modèle du genre, s’abstenant de toute intervention dans la vie publique – jusqu’à nouvel ordre à tout le moins. L’omniprésent Valéry Giscard d’Estaing semble avoir opté pour la voie opposée : il ne rate aucune séance de travail du Conseil constitutionnel, un organisme dont il est membre en tant qu’ancien chef de l’État, ni une de ces soporifiques réunions dont l’Académie française a le secret et au sein de laquelle il occupe le seizième fauteuil, celui de Léopold Sedar Senghor. Ce titre de gloire, il le doit sans doute à ce chef-d’œuvre de la littérature mondiale dont il est l’auteur, La Princesse et le Président. Ne lui boudons pas le plaisir de siéger au côté d’autres Immortels, lui qui, depuis 1995, est également membre de la Real Academia de Ciencias Economicas y Financieras d’Espagne et membre associé de l’Académie royale de Belgique. Voilà de quoi occuper les journées d’un responsable à la retraite qui ne veut plus se mêler de ce qui le regardait en des temps plus cléments.
En général, les leaders, quand ils ne sont pas éjectés manu militari de leur palais, s’arrangent pour avoir qui un parti politique, qui un clan ou un cercle d’affidés pour les aider à retrouver une place qu’ils estiment comme leur revenant de droit. L’entreprise, pour louable qu’elle paraisse, n’est pas toujours assurée de trouver un écho favorable auprès d’un peuple qui trop longtemps a souffert des excès de générosité de son benefactor. Il existe aussi la possibilité pour le « père de la nation » de se plier à la vox populi, assuré de laisser derrière lui les hommes et le mécanisme aptes à continuer de gérer les affaires de l’État, qui se trouvent être, pure coïncidence, les siennes.
L’histoire retient l’exemple de certains retours tonitruants, tel celui de l’Empereur, exilé à l’île d’Elbe en mai 1814 et revenu en France en février de l’année suivante pour une malheureuse tentative de rétablir une gloire à jamais envolée. Cent journées au total qui prirent fin avec une débâcle militaire sans précédent dans l’épopée napoléonienne. « Demain c’est Waterloo, demain c’est Sainte-Hélène... », écrira le père Hugo. Au fait, pourquoi ne pas demander plutôt à Dominique de Villepin? Mais lui, ce serait plutôt l’éternel retour.
Incorrigible ! Silvio Berlusconi hésite, va revenir, il revient. La semaine dernière, il devait annoncer son retour lors d’un congrès prévu dans un hôtel de la banlieue romaine. Il s’est ravisé en dernière minute, officiellement pour des raisons de sécurité, officieusement parce qu’il désirait entretenir le suspense, en réalité, insinue méchamment le Corriere della Sera, parce...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut