Rechercher
Rechercher

Liban - Social

Salhiyeh, nouveau phare de l’éducation spécialisée au Liban-Sud

Une école à Salhiyeh (Saïda) pour enfants à besoins éducatifs particuliers inaugure ses nouveaux locaux. Un premier grand pas pour un projet plein d’humanité.

Mosaik travaille sur le développement complet de la personne et vise à susciter chez l’enfant l’éveil éducatif et son autonomie. Photo Mirros

Jovialité, reconnaissance et solidarité. C’est dans cette atmosphère que s’est tenue récemment l’inauguration des nouveaux locaux de l’école Mosaik et du centre Trait d’Union à Salhiyeh, Saïda. Ces deux structures avaient été créées respectivement en 2004 et 2010 pour les enfants à besoins éducatifs particuliers, à l’initiative du Centre socioéducatif, le Foyer de la Providence de Salhiyeh, qui les avait accueillis jusque-là. L’école Mosaik est une école spécialisée qui accueille des enfants connaissant un retard mental, des problèmes de concentration ou de communication. Elle travaille aussi bien sur le côté thérapeutique que sur l’apprentissage académique des étudiants. Le centre Trait d’Union est un centre de ressources et d’orientation. Il vise à promouvoir l’éducation inclusive de ces enfants, c’est-à-dire une éducation adaptée à leurs besoins particuliers. Pour ce faire, il forme les enseignants de six lycées de la région pour qu’ils puissent accueillir des enfants à besoins éducatifs particuliers. Le projet est placé sous le patronage du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.
Depuis 2008, l’IECD (Institut européen de coopération et de développement), association française à but non lucratif, soutient le projet de cette école et se charge de collecter des fonds pour le financer. Les principaux bailleurs du projet sont l’AFD (Agence française du développement), et la coopération espagnole avec l’AECID (Agencia Española de Cooperacion International para el Desarrollo) et l’ONAY (Organizacion Navarra para Ayuda entre los pueblos).
Les invités, à savoir l’ambassadeur de France, Patrice Paoli, le directeur général du ministère de l’Éducation, Fadi Yarak, le directeur adjoint de l’IECD, Alexis Béguin, le directeur de l’AFD, Denis Cassat, et des personnalités locales ont eu l’occasion de visiter les nouveaux locaux de cette école. Son élargissement a permis d’augmenter sa capacité d’accueil. Cette structure, décorée par les créations des enfants, est très bien équipée pour satisfaire leurs besoins. Elle contient des salles de classe pour l’apprentissage académique, des salles de psychomotricité dans lesquelles les enfants font individuellement des activités deux fois par semaine, et des salles pour les difficultés de langage.

« Incarnation de l’humanité »
Les enfants de l’école ont fait le magnifique don aux invités de leur présenter un spectacle de chant, guidés par une de leurs enseignantes. La joie qui se dégageait de ces sourires était la preuve du très bon travail accompli par l’équipe encadrante. Les enfants aiment leur établissement parce qu’ils y trouvent des personnes qui les comprennent, qui savent leur parler et qui leur transmettent beaucoup d’affection. « Dans mon ancienne école, on m’insultait tout le temps », « la maîtresse n’avait jamais envie de répéter l’explication », témoignent des enfants dans la vidéo de présentation. Mais depuis qu’ils sont à Mosaik, ces vexations appartiennent au passé.
Nicolas a 10 ans et habite à Marjeyoun (Liban-Sud). Depuis qu’il a 5 ans, il fait 150 km/jour pour aller à l’école Mosaik au Foyer de la Providence à Salhiyeh. Pourtant, ce long trajet n’est pas un poids pour lui. « Il n’accepte aucun jour d’absence, et si à 6h30 on n’est toujours pas partis, il commence à se plaindre. La seule idée de se rendre à l’école le rend très heureux », déclare la mère de Nicolas à L’Orient-Le Jour. Elle insiste sur le progrès exponentiel qu’a fait Nicolas, celui-ci ayant des problèmes de communication verbale. Elle souligne aussi l’évolution qu’ils ont faite en tant que parents : « On a appris à communiquer avec Nicolas et à l’encadrer. On a su comment parler de son problème dans notre entourage pour le sensibiliser à la question. Cette école a donné de la sérénité à la famille. » « C’est l’incarnation de l’humanité », dit le père de Nicolas en décrivant Mosaik.

Méthode de travail
L’école spécialisée Mosaik accueille depuis 2004 des enfants, âgés entre 3 et 15 ans, présentant des problèmes de concentration, ou un retard mental, ou des problèmes de communication, de comportement ou d’apprentissage. La directrice de Mosaik, Sawsan Samia Mansour, met l’accent sur les différents objectifs de l’école. D’un côté, elle se charge de l’apprentissage académique, en se référant au programme national libanais, adapté aux besoins spécifiques de ces enfants. De l’autre, elle assure un suivi thérapeutique des enfants grâce à une rééducation individuelle en orthophonie et en psychomotricité, des ateliers d’expression personnelle et un soutien psychologique si besoin.
Ce suivi est assuré par une équipe d’orthopédagogues, orthophonistes, psychologues et psychomotriciennes. Elles ont été formées par l’INS HEA (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés) rattaché au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche en France. Cette collaboration avec l’INS HEA a été possible grâce au soutien de l’IECD, partenaire du Foyer de la Providence dans ce projet depuis 2008.
Chaque classe comprend un maximum de six étudiants. L’enfant a ainsi l’attention dont il a besoin et bénéficie d’une prise en charge optimale. La famille est encadrée tout au long de la scolarité de l’enfant et est sensibilisée à son problème : les parents deviennent à leur tour des acteurs de son développement. Ces conditions renforcent la sociabilité et l’autonomie de l’enfant.
L’autonomie qu’acquièrent les enfants grâce à l’œuvre de Mosaik est un premier pas vers l’intégration de la société. En effet, l’objectif le plus important de l’école est celui d’assurer l’insertion de ces enfants dans les lycées ordinaires une fois leur scolarité à Mosaik terminée. Pour cela, en 2010, Trait d’Union a été créé pour assurer la transition de l’étudiant de l’école spécialisée à un lycée ordinaire. Elle promeut ainsi l’éducation inclusive, visant à faire évoluer le système scolaire pour qu’il réponde aux besoins éducatifs particuliers de ces enfants. C’est pour cela que Trait d’Union, grâce à l’IECD, sensibilise, forme et donne les moyens aux enseignants des lycées de la région de suivre les enfants à besoins spécifiques. Aujourd’hui, Trait d’Union suit six écoles dans la région du Sud. Globalement, ce centre veut sensibiliser la société sur l’importance de l’inclusion de ces enfants.

Rôle de l’IECD
Si « ce rêve est devenu réalité », comme l’a précisé le père Nicolas Saghbini, directeur du Foyer de la Providence, c’est grâce à l’encadrement de l’IECD. Cette association vise à promouvoir des projets de développement dans les pays émergents avec des partenaires locaux, avec l’intention de se retirer un jour du projet, pour que le partenaire se l’approprie intégralement. La promotion de l’éducation spécialisée est un des trois volets d’action de l’IECD – les deux autres étant l’insertion professionnelle des jeunes et le renforcement des capacités managériales des entreprises. Or dans le domaine de l’éducation spécialisée, « le Liban souffre d’un vide juridique », a affirmé Louise Vasdeboncœur de l’IECD, chef de projet, lors d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. Il est ainsi très facile d’ouvrir une telle structure, mais aucune garantie n’est portée sur la qualité de l’enseignement ni sur le respect du programme national. Cela réduit les chances d’une possible inclusion de l’enfant dans les lycées ordinaires. Tandis que l’encadrement assuré par l’IECD à ce projet lui donne toute son efficacité et sa crédibilité. Le prochain objectif que s’est fixé l’IECD est celui d’augmenter le nombre d’écoles suivies par Trait d’Union, de mobiliser plus de bailleurs de fonds libanais, ainsi que de renforcer la collaboration avec l’État libanais, comme le souligne Denis Cassat, directeur de l’AFD. Selon lui, le rapprochement entre le secteur public et le secteur privé est un gage de la durabilité du projet.
Jovialité, reconnaissance et solidarité. C’est dans cette atmosphère que s’est tenue récemment l’inauguration des nouveaux locaux de l’école Mosaik et du centre Trait d’Union à Salhiyeh, Saïda. Ces deux structures avaient été créées respectivement en 2004 et 2010 pour les enfants à besoins éducatifs particuliers, à l’initiative du Centre socioéducatif, le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut