Bab el-Tebbaneh en voie de reconstruction grâce à Offre-Joie

Tous les ans, l’association Offre-Joie accueille de jeunes bénévoles libanais et français venus travailler dans le cadre de ses différents projets. Parmi eux, le chantier de Bab el-Tebbaneh a réuni cet été une vingtaine de bénévoles et une quarantaine d’ouvriers, recrutés sur place ou dans les alentours de la ville. Si le chantier a débuté en 2002, il a été interrompu à de nombreuses reprises.
Pour Offre-Joie, il s’agit dans un premier temps de mener une lutte contre la misère dans laquelle vivent les habitants. En effet, à son arrivée en 2002, l’association découvre un quartier ravagé par la pauvreté et dont la plupart des infrastructures sont à l’abandon. Malgré les odeurs malodorantes qu’ils dégagent, les égouts éventrés et les tas d’ordures un peu partout dans les rues sont les seuls terrains de jeux pour les enfants. Les gens habitent des immeubles aux murs et fenêtres défoncés, souvent à cause de tirs de balles ou de roquetttes.
Offre-Joie commence donc par travailler à la frontière des deux quartiers, soit la région la plus touchée, en reconstruisant les habitations et les infrastructures (comme l’électricité, les égouts ou les canalisations), souvent laissées à l’abandon par les autorités. Le travail de l’association et des habitants permet également l’aménagement d’espaces publics, par exemple de terrains de sports, d’aires de jeux ou encore d’escaliers facilitant la circulation entre les deux quartiers ;
le but étant donc dans un premier temps de permettre aux habitants d’évoluer dans un environnement viable et de créer des espaces de rencontre. La présence d’Offre-Joie sur le terrain est en outre l’occasion pour la municipalité de se rendre à nouveau dans une partie de la ville à laquelle elle n’avait plus accès depuis quelque temps.
L’association est donc bien accueillie, aussi bien par la municipalité que par les habitants, qui se montrent très heureux de pouvoir participer au chantier et proposent régulièrement leur aide.

Action citoyenne
Le chantier est plusieurs fois interrompu entre 2002 et 2011, date à laquelle un nouvel élan lui est donné. En effet, l’association se lance dans la création d’un centre à la frontière entre les deux quartiers, qui a pour projet d’accueillir les enfants, mais aussi les adultes de toutes confessions, afin de créer de l’animation. Les habitants, aidés par Offre-Joie, prendront eux-mêmes en main la gestion du centre et des activités.
En réalité, depuis son arrivée, il s’agit pour l’association de véhiculer son message principal, car elle ne voit pas en son travail une action de charité mais une action de citoyenneté. L’idée est donc de faire travailler ensemble les habitants et bénévoles de toutes confessions à la reconstruction du quartier.
Offre-Joie, association aconfessionnelle et apolitique, fondée sur les valeurs de pardon, de respect et d’amour, tend à promouvoir les idées de culture commune et de responsabilité citoyenne. Il ne s’agit donc pas d’une action ponctuelle de don, mais bien d’un travail sur la durée, faisant participer tous les habitants à cette même idée de citoyenneté.
Ainsi, l’association entend s’attaquer à un autre fléau qui découle directement de la misère et de la pauvreté. Bab el-Tebbaneh est connu pour être le théâtre d’affrontements réguliers entre deux communautés, alaouite et sunnite, qui cohabitent dans le même espace mais de façon strictement séparée. Les traces de balles et d’incendies partout sur les murs sont les témoins de ces affrontements meurtriers, dont le dernier remonte seulement à juillet. Les photos de martyrs et les portraits de politiciens garnissent les murs ; ceux de Nasrallah et d’Assad d’un côté, de Hariri de l’autre. Les travailleurs d’Offre-Joie, ouvriers et bénévoles, sont donc chargés de restaurer tous les bâtiments qui ont été détruits et de repeindre en blanc et rouge toutes les façades afin d’effacer les traces des conflits et de refléter la lumière.
Ainsi, au-delà des bienfaits matériels, c’est aussi le dialogue à long terme entre les communautés que l’association tente d’instaurer à nouveau, en faisant travailler ensemble les ouvriers à la reconstruction du quartier. Le centre d’accueil, même s’il n’a pas encore ouvert, est en quelque sorte le symbole de cette entente. Et les résultats sont pour le moins encourageants, comme en témoigne l’aire de jeux ouverte en août et qui dépend de ce centre, où se côtoient les enfants des deux quartiers pour la première fois depuis de nombreuses années.
Aujourd’hui, Offre-Joie fait donc partie de la vie du quartier et son travail est très apprécié des habitants, mais aussi de la municipalité, qui fournit une partie du matériel. Les ouvriers s’occupent des tâches plus complexes qui nécessitent un savoir-faire, tandis que l’équipe de bénévoles se charge des travaux plus simples à exécuter. Les deux équipes travaillent main dans la main, malgré quelques difficultés les premiers jours.
Les bénévoles, à côté de leur travail de chantier, s’occupent des enfants dans les rues, tous ravis de pouvoir aider. Les volontaires, dont beaucoup sont étrangers, sont très heureux de l’accueil que leur font les habitants, chez eux comme dans les rues. Entre eux, les relations sont très majoritairement amicales, une fois passée l’étape de l’étonnement. Mais, surtout, la présence de l’association a permis de pacifier localement la situation : ainsi, les deux récentes explosions (octobre et décembre), même si elles ont fait fuir nombre d’habitants et fait quelques blessés, n’ont pas été suivies de violences. Depuis quelques mois, pourtant, en raison des récents évènements en Syrie, la situation est relativement tendue.