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Liban

La scène islamique en ébullition sur fond de discours politiques sectaires

Le discours confessionnel sectaire qui se tient depuis quelque temps suscite l’inquiétude dans certains milieux politiques et religieux, où l’on s’efforce d’éviter le pire en essayant d’apaiser les esprits et en plaidant pour un retour à la tolérance.
Ce discours a culminé à la faveur d’un « majlès Achoura » dans le caza de Saïda, au cours duquel un cheikh chiite proche du Hezbollah aurait tenu des propos « indécents » à l’égard de Aïcha, l’épouse du Prophète, et des compagnons de Mohammad, selon l’imam de la mosquée Bila ben Rabbah, cheikh Ahmad el-Assir. Ce dernier, cité par l’agence al-Markaziya, a accusé le Hezbollah de profiter de la commémoration de la Achoura pour « dénigrer les compagnons du Prophète ».
Également citée par al-Markaziya, une source de Dar el-Fatwa a rejeté ces propos, estimant que « cheikh Assir ne représente que lui-même ». La commémoration de « la Achoura ne représente pas une révolution chiite dirigée contre les sunnites, ou musulmane dirigée contre les chrétiens. Il s’agit d’une révolution contre l’injustice. Aussi, doit-elle constituer un point de rencontre entre les chrétiens et les musulmans », selon la même source.
Quoi qu’il en soit, la situation à Saïda reste tendue et des contacts intensifs ont été entrepris au cours des dernières quarante-huit heures par les députés Fouad Siniora et Bahia Hariri, avec cheikh Assir, ainsi qu’avec des forces actives sunnites et chiites pour éviter que l’affaire ne prenne de l’ampleur. Mme Hariri a également pris contact avec le président de la Chambre, Nabih Berry, ainsi qu’avec le mufti de Saïda, cheikh Sélim Soussan, auprès de qui elle a insisté sur la nécessité de régler l’affaire avec sagesse.
Parallèlement, le cheikh Akl druze, cheikh Naïm Hassan, s’est concerté au téléphone avec le mufti de la République et le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikhs Mohammad Rachid Kabbani et Abdel Amir Kabalan, au sujet du climat ambiant et des moyens de l’assainir. Dans un communiqué, cheikh Hassan a lancé un appel « pour faire prévaloir l’esprit de solidarité, et l’unité nationale et islamique qui est sacrée et qu’il ne faut à aucun moment menacer ».
Commentant « le retour aux discours crispés », le cheikh Akl a insisté sur la nécessité de « s’éloigner de toute provocation communautaire ou même politique, et d’aplanir les obstacles à la reprise du dialogue national ».

Critiques contre le Hezbollah et le régime syrien
Mais en dépit de ces appels à la retenue, le discours confessionnel est resté coriace. La Jamaa islamiya n’a pas hésité à critiquer le Hezbollah, sans le nommer, au cours d’une cérémonie organisée à Minié. Le responsable politique de la Jamaa au Liban, Azzam Ayoubi, a déploré le fait qu’au Liban, « cela fait des années qu’une partie du peuple domine l’autre et a recours à la force pour imposer sa vision à l’ensemble de la population ». « Cette domination n’est pas très différente de celle exercée par les leaders arabes qui tombent l’un après l’autre sous les cris et les poings de ceux qui sont fiers de leur religion et de leur humanité », a poursuivi M. Ayoubi, avant de s’adresser en ces termes au parti de Dieu, mais toujours sans le nommer : « Cela fait des années que vous nous entraînez avec vous, en usant de la force de vos armes, conformément à vos choix erronés. » Il a ensuite invité le Hezbollah, toujours sans le nommer, à « renoncer à la force des armes, et à privilégier le dialogue et le partenariat ».
De son côté, le mufti du Akkar, Oussama Rifaï, a exprimé son soutien aux protestataires en Syrie en affirmant que « les armes, chemises ou têtes noires » ne parviendront pas altérer sa position, en allusion aux chemises noires du Hezbollah. Il a ensuite souligné que lorsqu’une personne est priée de choisir entre son poste et sa religion, c’est pour sa religion qu’elle opte. Cheikh Rifaï, rappelle-t-on, avait été démis de ses fonctions, en tant que mufti du Akkar, par le mufti de la République, cheikh Mohammad Rachid Kabbani. Cette décision avait soulevé un tollé dans les milieux sunnites au Liban-Nord. Un meeting de solidarité avec cheikh Rifaï a été organisé hier à Dar el-Fatwa du Akkar, en présence des députés Mouïn Merhebi, Khaled Daher et Khaled Zahraman, ainsi que de représentants du courant du Futur dans la région et de plusieurs personnalités religieuses de la région. Le président de la municipalité de Takrit, Rushdie Turk, a dénoncé une décision « qui sent la discorde », soulignant que « l’intérêt du Akkar et de la communauté (sunnite) commande le renouvellement du mandat du mufti jusqu’à l’organisation d’élections ».
Le député Khaled Daher a de son côté relevé que « ce qui s’est passé avec cheikh Rifaï ne s’est passé avec aucun mufti au Liban », estimant que « ce dernier a payé le prix de ses positions honorables ». Selon lui, « il s’agit d’une décision politique par excellence ». Il en a appelé au Premier ministre, Najib Mikati, lui demandant de « préserver les sunnites et la présidence du Conseil, et d’empêcher les fauteurs de troubles de l’impliquer dans des positions préjudiciables pour les sunnites ».
Dans le même temps, le Rassemblement des ulémas du Liban-Nord tenait une réunion consacrée à la « crise des provocations communautaires qui s’est exacerbée dernièrement ». Dans le communiqué, les ulémas ont considéré que celle-ci est « insoluble pour le moment, en raison des divisions profondes dues aux campagnes de provocation », avant d’inviter les musulmans à « mettre fin à cette exploitation mesquine et détestable de la religion » et de souligner que « la discorde entre les musulmans reste l’objectif principal d’Israël et des États-Unis ».
Un appel au retour aux discours pondérés a été lancé par le chef du bureau du mouvement Amal, Jamil Hayek, qui a aussi appelé « ceux qui tablent sur la fibre du sectarisme à se libérer de leurs rancœurs et de revenir aux principes des religions monothéistes qui prêchent la miséricorde, la tolérance et le dialogue ».
Sur le terrain, des tirs contre la résidence d’un membre du conseil administratif des waqfs de Beyrouth, cheikh Ahmad Baba, ont été liés par ce dernier à l’exacerbation du discours confessionnel provocateur. Dans les faits, cheikh Baba sortait de chez lui, à Bchamoun, quand un inconnu dissimulé dans les bosquets entourant sa résidence a tiré en sa direction, sans l’atteindre, à l’aide d’un revolver muni de silencieux. Une enquête est en cours.
Le discours confessionnel sectaire qui se tient depuis quelque temps suscite l’inquiétude dans certains milieux politiques et religieux, où l’on s’efforce d’éviter le pire en essayant d’apaiser les esprits et en plaidant pour un retour à la tolérance.Ce discours a culminé à la faveur d’un « majlès Achoura » dans le caza de Saïda, au cours duquel un cheikh...

commentaires (1)

Allô les imams, les cheikhs, les responsables religieux. On vous appelle du 21e siécle. Etes-vous à l'écoute ?

Halim Abou Chacra

01 h 52, le 06 décembre 2011

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Commentaires (1)

  • Allô les imams, les cheikhs, les responsables religieux. On vous appelle du 21e siécle. Etes-vous à l'écoute ?

    Halim Abou Chacra

    01 h 52, le 06 décembre 2011

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