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Culture - Musique

Les malédictions musicales

Le 8 septembre célébrait la disparition de Moondog (1916-1999), l’occasion de rendre hommage à ce compositeur majeur du XXe siècle, malheureusement méconnu.

Louis Thomas Hardin alias Moondog.

Le blues et le rock ont la malédiction des 27, consistant à voir disparaître leurs plus grands noms à l’âge de 27 ans, de Robert Johnson à Jim Morrison, en passant par Hendrix ou Cobain.
La musique classique, elle, souffre de la malédiction des 9. C’est avec Beethoven que tout commence lorsqu’il achève en 1924 la plus grande pièce instrumentale de l’histoire: la Symphonie n° 9 en ré mineur. Après lui, Bruckner, Dvořák, Mahler ou même Schubert ne purent finir leur 10e symphonie. Arnold Schönberg écrivit même: «Il semble que la neuvième soit la limite. Qui veut la franchir doit trépasser.» Reste qu’en 1953, Chostakovitch rompt, dit-on, la malédiction, avec sa 10e Symphonie en mi mineur, et l’on n’en parle plus, tout comme on semble encore négliger les compositeurs postérieurs.
Pourtant, la malédiction survit en un compositeur américain bien méconnu, Louis Thomas Hardin, né en 1916 au Kansas, plus connu sous le nom de Moondog.
Féru de musique depuis son plus jeune âge, Louis perd la vue à cause d’une explosion de dynamite à l’âge de 16 ans. Il continue ses études de musique en apprenant le braille, qu’il s’approprie et adapte à ses besoins, à tel point qu’il en fait un code ésotérique, que peu comprennent.
Arrivé à New York en 1943, il prend un certain mysticisme : on dit de lui qu’il a le visage du Christ, puis on le dit druide, ou Viking. Le mythe prend forme grâce à son physique, ses longs cheveux, sa longue barbe et ses vêtements, qu’il crée lui-même.
On retrouve rapidement ce mysticisme dans sa musique, qu’il crée de toute pièce en la teintant de références délicates grâce à une connaissance aiguë de cet art. Moondog s’installe à l’angle de la 54e rue et de la 6e avenue, et devient une attraction pour les musiciens new-yorkais de tous les horizons avec ses rythmes uniques, ses instruments qu’il fabrique lui-même, comme l’incroyable trimba.
Moondog envoûte alors New York, qui regrettera sa collaboration manquée avec Charlie Parker, décédé en 1955. Il fréquente et impressionne souvent les grands noms de l’époque, comme Duke Ellington ou Benny Goodman. Il berce la jeunesse de Bob Dylan, qui n’était encore que Robert Zimmerman, et marque le début des Beatles, puisqu’avant de trouver leur composition finale avec Ringo, ils se nommeront «Johnny and the Moondogs».
Méconnu de nos jours, il a une influence majeure sur toute la musique de la deuxième moitié du XXe siècle, notamment sur les grands compositeurs américains minimalistes : Steve Reich, Terry Riley et, plus particulièrement, Philip Glass, qui coécrira sa biographie.
Moondog s’inscrit parmi les grands oubliés de l’histoire de la musique, mais ne manque pas à la tradition des grands compositeurs, tout comme à leur malédiction, puisqu’il disparaît la veille du 9 septembre 1999 après avoir composé non pas 9, mais... 81 symphonies.
Un grand artiste à (re)découvrir, pourquoi pas à travers son album Sax Pax for a Sax chez Atlantic Records.

C. KOLOPP
Le blues et le rock ont la malédiction des 27, consistant à voir disparaître leurs plus grands noms à l’âge de 27 ans, de Robert Johnson à Jim Morrison, en passant par Hendrix ou Cobain.La musique classique, elle, souffre de la malédiction des 9. C’est avec Beethoven que tout commence lorsqu’il achève en 1924 la plus grande pièce instrumentale de l’histoire: la Symphonie n° 9 en...

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