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Culture - Qu’est-ce que vous me chantez là ?

Si « Les Ricains » n’étaient pas là...

« Les Ricains » est un titre pamphlet qui a lancé à la fois la carrière de Michel Sardou, mais aussi une polémique qui aura duré longtemps.

« Si les Ricains n’étaient pas là/ Vous seriez tous en Germanie/À parler de je ne sais quoi/À saluer je ne sais qui (...) Bien sûr les années ont passé/Les fusils ont changé de main/ Est-ce une raison pour oublier/ Qu’un jour on en a eu besoin ? » Cette chanson composée en arrangement country qui rend hommage au sacrifice des soldats américains lors du débarquement allié sur les plages de Normandie le 6 juin 1944, durant la Seconde Guerre mondiale, est toujours d’actualité. Les « Ricains » – qui évoquent les 3 200 victimes mortes sur le sol français alors que du côté de l’Hexagone, seuls 176 fusiliers commandos, avec à leur tête Philippe Kieffer, avaient trouvé la mort – forment toujours cette grande puissance prête à venir à l’aide des pays en danger. La France qui était alors, depuis quatre ans, occupée par l’Allemagne nazie sera libérée. Trois ans plus tard naissait Michel Sardou.

Faiseur de vagues
Si ses débuts de chanteur datent de 1965, la carrière de Michel Sardou – issu de parents artistes – n’est réellement lancée qu’en 1967... grâce à une censure. En effet, Charles de Gaulle, alors président de la République, avait condamné fortement la guerre du Vietnam et décidé un an plus tôt de retirer la France du commandement intégré de l’OTAN, tout en restant membre de l’organisation. Malgré cette vague d’antiaméricanisme en France, Michel Sardou sort Les Ricains, chanson qui insiste sur le devoir de gratitude envers les États-Unis. Remarquée par ses paroles politiquement engagées, la chanson est censurée à la demande des autorités gaullistes et interdite de radio. Elle vaut néanmoins au jeune Sardou, alors âgé de 20 ans, une petite notoriété. Pourtant, malgré ce titre remarqué, sa carrière ne décolle pas encore et ses ventes de disques restent faibles. Plus tard, ce titre deviendra l’un des classiques du chanteur.
Certes les paroles étaient engagées, mais les gestes l’étaient plus encore puisque, pour illustrer « À saluer je ne sais qui », lors des tours de chant, Michel Sardou accomplissait le salut fasciste ou le poing levé, en usage dans les pays de l’Europe de l’Est. Le chanteur condamnait ainsi par ce pamphlet, non seulement l’occupation historique de la France par l’Allemagne nazie, mais une hypothétique occupation soviétique en cas de non-intervention des Américains en Normandie en juin 1944. Les antifascistes accuseront l’interprète de complaisance pour les nazis alors que les antiaméricains l’accuseront d’atlantisme.

Retour aux sources
Mais Sardou n’en démord pas. Une autre chanson composée en 1969 faisait de nouveau écho à Les Ricains. « Monsieur le Président de France/ Je vous écris du Michigan/Pour vous dire que tout près d’Avranche/ Une croix blanche porte mon nom/Rappelez-le de temps en temps... Merci. » Avec ce titre, Sardou s’indignait du comportement de certains manifestants contre la guerre du Vietnam, qui n’hésitaient pas à brûler le drapeau américain. Encore un appui outre-atlantique !
Rebelle, Sardou jeune n’a cessé de faire des vagues. La France se verra partagée dans les années 70 entre les pro et les anti-Sardou. Chanteur engagé (Je suis pour, qui évoque la peine de mort), il renouera à la fin des années 70 avec la chanson d’amour, « Si j’ai des idées quelquefois qui dérangent, j’en ai aussi qui font danser », dira-t-il. Ainsi Dix ans plus tôt confirme son désir d’apaiser les esprits, après les polémiques de 1976, en faisant de ce slow l’un des succès de l’été 1977.
Pourtant, une amorce de réconciliation s’était faite en 1970 (année de la mort du général de Gaulle), date à laquelle Michel Sardou avait évoqué la douceur de vivre « à la française » et vanté au passage quelques qualités « made in France » tels l’amour, le bon vin, les jolies femmes, les cafés, les chansons à boire...
J’habite en France était sa manière à lui de se réconcilier – après toutes ses mutineries musicales – avec sa terre natale.
« Si les Ricains n’étaient pas là/ Vous seriez tous en Germanie/À parler de je ne sais quoi/À saluer je ne sais qui (...) Bien sûr les années ont passé/Les fusils ont changé de main/ Est-ce une raison pour oublier/ Qu’un jour on en a eu besoin ? » Cette chanson composée en arrangement country qui rend hommage au sacrifice des soldats américains lors du débarquement allié sur...

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