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Culture - Cimaises

L’animal et l’homme, une relation intemporelle

En n’ajoutant aucun article défini ou indéfini au mot « animal », titre de l’exposition – qui se poursuit à la galerie Alice Mogabgab jusqu’au 28 juillet –, la galeriste a voulu mettre l’accent sur le concept de l’animal et son imbrication dans l’art. Diversifié et multiple.

Les chevaux fougueux d’Emma Rodgers.

Colette KHALAF

 

L’animal a toujours accompagné l’homme dans son évolution. Après ses désirs belliqueux – pour sa propre survie – ou de domptage – pour en faire une bête domestique –, l’humain est devenu malheureusement un simple prédateur décimant pour son propre plaisir des espèces entières. «Cette exposition se veut une manifestation de contestation et un cri d’espoir», dit Alice Mogabgab qui a regroupé dans le cadre de cette manifestation plus d’une vingtaine d’artistes avec le cinéaste et biologiste Luc Jacquet pour commissionner l’exposition.
Du Japon à l’Argentine en passant par la France et l’Italie, ces artistes se sont penchés sur la relation de l’homme avec l’animal pour traduire leurs questionnements par des photographies, des peintures et des sculptures. Une magnifique ode au monde animal.
Il y a bien sûr Charles Belle, un habitué de la galerie qui, outre ses fleurs et ses nus, a su représenter le monde animalier avec ses taureaux monumentaux. Dans une œuvre récente intitulée Herbe, un cheval noir se roule au sol.
Après l’école Saint-Luc à Bruxelles dans les sections peinture et sculpture et après des années d’errance, Pascal Bernier, qui vit et travaille en Belgique, a réussi à développer différentes séries d’œuvres qui visaient à reprendre le genre classique de la nature morte, entre autres Funeral Fish et Spider Seduction, une technique mixte teintée d’humour que la galerie Mogabgab a présentée sur son stand à Art Paris et actuellement pour la première fois à Beyrouth.
Si les singes de Christophe Bonacorsi semblent se confondre avec les humains en partageant leur cri ancestral, les toiles de Fabian Cerredo puisent dans les influences des siècles précédents. Ainsi Gargantua courant derrière un troupeau d’oies est une alchimie de lignes, de matières et de couleurs réinventées.
Samuel Coisne est un artiste français vivant à Bruxelles. Dans ses œuvres traitées comme au pochoir, il représente la fragilité des animaux et dénonce ainsi la disparition des espèces.

L’art, ce trait d’union
Dans sa Vague d’oiseaux et de papillons (technique mixte sur toile), l’artiste belge Pascal Courcelles capte sur la toile un moment, une vibration et une musicalité. Né à Saïda et travaillant entre le Liban et les États-Unis, Pierre Debbané, lui, est passionné de photographie depuis son enfance. La nature, les portraits d’hommes et d’animaux sont ses thèmes préférés. En captant ces instants de fugacité, Debbané essaye de révéler les mystères de la vie. Plus loin, Les Trophées de Quentin Garel (notamment cette tête de tortue géante), présentés à Art Paris et aujourd’hui à Beyrouth, sont des vestiges paléontologiques mais aussi des portraits tandis que Songeurs de Synonymes de Fadia Haddad sont ces êtres volatiles (cigognes, oisillons) qui se dessinent sur papier entoilé.
Pour sa part, François Houtin s’est initié à la gravure parallèlement à son métier de jardinier-paysagiste. Après l’avoir présenté au Grand Palais dans l’exposition «De l’arbre à la forêt», la galerie plonge à nouveau le regard dans l’univers merveilleux de l’artiste à travers un dessin à l’encre de Chine représentant trois brèmes dans un plat.
À citer aussi, dans cet accrochage collectif, le travail de Sami Karkabi, cofondateur du Spéléo club du Liban, et celui de l’ethnologue Houda Kassatly qui côtoient les autres travaux. L’étude sur les béliers de Djougha effectuée par Karkabi est une première que la galerie est fière de présenter.
Si Monica Marinello, cette artiste siennoise vivant en France, se sert de bêtes en terre cuite pour les assembler avec des ossements en sorte de totems dénonçant ainsi les rapports homme/animal, l’artiste chinoise Li Wei, elle, mélange les techniques du passé (encre de Chine sur soie) avec les apports de techniques nouvelles pour créer des œuvres contemplatives.
Les photographes Vincent Munier et Éric Poitevin signent à leur tour des œuvres différentes. Poésie à travers cette puissance infinie de la nature exprimée tout en énigmes pour l’un (Parade des tanchos) et abstraction totale pour Poitevin qui transforme l’animal en chose, en œuvre.
Sculptures tout aussi différentes pour les artistes Boulos Richa surnommé le fou du fer (Liban) avec son Étoile mécanique; Emma Rodgers et ses sculptures en bronze ou en porcelaine, disloquées comme un cri de désespoir pour sauvegarder la nature; et enfin Farid Zoghbi qui, malgré sa maladie, continue à travailler en silence dans son atelier et présente son Zébu en fer forgé.
L’animal est aussi présent dans toutes les œuvres d’Emilio Trad. Cigogne, perroquet ou mouton, il est sa muse. L’artiste reflète toujours une image vivante de cet animal, comme cette huile sur toile baptisée Buenos-Aires-Liverpool.
Enfin, Takayoshi Sakabe présente le Lémurien, une huile sur toile qui témoigne de cette vie silencieuse que l’artiste japonais traduit à travers son travail. Sakabe qui aime peindre les petits animaux, les portraits et les paysages exprime cette «instantanéité» de la vie capable de se rompre subitement.
Dans le catalogue réalisé par la galerie, Luc Jacquet retrace les premiers pas de l’homme avec l’animal, de la peluche dans le berceau du nouveau-né aux grottes de Lascaux. Il essaye de comprendre cette intime relation perdue, mais pas à jamais puisqu’elle est retrouvée à travers l’art.

Colette KHALAF
 
L’animal a toujours accompagné l’homme dans son évolution. Après ses désirs belliqueux – pour sa propre survie – ou de domptage – pour en faire une bête domestique –, l’humain est devenu malheureusement un simple prédateur décimant pour son propre plaisir des espèces entières. «Cette exposition se veut une manifestation de contestation et un...

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