La rhapsodie bohémienne et royale des « Queen »

Pourquoi cette chanson porte-t-elle ce nom ? On n’en connaît pas les raisons, même que dans un entretien avec le producteur du morceau, Roy Thomas Baker, reproduit dans un documentaire de la BBC en 2004, celui-ci avait précisé que les premières bandes enregistrées étaient simplement étiquetées «Fred’s Thing» («Le truc de Fred», Fred désignant Freddie Mercury) et que ce dernier avait tardé à l’intituler. Mais de toute évidence, le titre évoque deux sujets apparemment très liés : le genre musical de la rhapsodie qui est un format hors norme et le personnage du bohémien qui vit en marge de la société et ne se pliant pas à ses règles.

Atypique dans le monde musical
Découpée en six parties, Bohemian Rhapsody est une composition assez particulière qui jouit, jusqu’à nos jours, d’une grande popularité internationale. Dépourvue de refrain et comportant des arrangements tantôt a cappella, tantôt hard rock, la chanson, accompagnée d’une vidéo promotionnelle, est aussi considérée comme ayant été à l’origine du langage visuel moderne, appelé actuellement vidéoclip.
Bohemian Rhapsody constitue par ailleurs le morceau le plus cher jamais réalisé, son enregistrement étant l’un des plus élaborés de l’histoire de l’industrie du disque.
Ont d’abord été enregistrées les parties instrumentales «simples» – comprenant le piano à queue de Freddie Mercury (celui qui fut utilisé par les Beatles pour l’enregistrement de Hey Jude), la guitare de Brian May, la basse de John Deacon et la batterie de Roger Taylor – lesquelles serviront de base pour les séances ultérieures d’enregistrement d’overdubs de guitare et de voix, l’overdub permettant de multiplier virtuellement les instruments ou parties
vocales.
On s’est toujours interrogé, depuis la sortie de Bohemian Rhapsody, sur la signification réelle des paroles. Certains font allusion aux moments précédant une exécution, citant L’Étranger d’Albert Camus comme une éventuelle source d’inspiration. On évoque également le mythe de Faust et son célèbre pacte avec le diable («Mama mia, let me go. Beelzebub has a devil put aside for me»).
Une théorie assez fantaisiste suggérerait même que le chanteur, se sachant séropositif et ayant transmis la maladie à un partenaire, a écrit ce morceau pour confesser et expier sa «faute». «Mama, just killed a man. Put a gun against his head.» Pour sa part, Mercury, qui n’a jamais voulu s’étaler sur ce sujet (comme il avait tardé à avouer sa séropositivité), aurait dit des paroles de sa Rhapsody qu’elles ne sont que «du pur non-sens qui rime». Il ajoutera d’autre part: «C’est une de ces chansons qui véhiculent un sentiment de fantastique. Je crois que les gens devraient simplement l’écouter, y penser, puis se faire leur propre idée sur ce que ça leur raconte.»
Quelles que soient les interprétations, Bohemian Rhapsody demeure une chanson atypique qui influença par la suite différents genres. En 2004, treize ans après le décès de Freddie Mercury , sa chanson Bohemian Rhapsody entre au «Grammy Hall of Fame».