Le photographe et ses muses

Les femmes, ah les femmes ! Muses ou modèles, fragiles ou fortes, soumises ou volontaires, mais belles, toujours belles... C’est à elles et à elles seules que Carlos Aoun dédie sa série de photographies exposées à la galerie Joanna Saikaly, Gemmayé, en face de la Croix-Rouge. Placées sous l’intitulé « Women », ces œuvres sont à l’évidence un hommage à celles qui ont marqué le photographe. Teintés de sensualité et d’émotions, ces portraits mélancoliques (c’est le noir et blanc qui donne cet effet) percent l’essence des femmes, sujet de prédilection de l’artiste, pour lesquelles il a un profond respect.
Carlos Aoun, l’un des photographes libanais les plus appréciés de la planète mode, convie ainsi le visiteur à des portraits touchants, des clichés qui témoignent de son goût pour la simplicité, loin de tout artifice.
L’exposition met en scène des modèles rencontrés lors de séances de photos. « Ces “Women” sont des modèles professionnels en qui j’ai décelé certains traits particuliers qui représentent plusieurs styles de femmes. Ces portraits représentent donc des caractères de différentes femmes. Ou différents caractères d’une seule femme. »
Grand adepte de la photo de mode narrative, à la manière du sultan Peter Lindbergh et d’Irving Penn, Aoun s’arrête aussi sur des clichés plus confidentiels, comme celui de cette jeune femme fragile et dénudée.
Photographe commercial et artistique, devenu une référence, Aoun veut capturer, avec sa Leica M9, « un petit appareil allemand, basique et manuel », les émotions. Passionné de photographie depuis qu’il a 13 ans, Aoun rêve de dénuder visuellement les êtres et les situations, pour accéder à leur essence. « Sous la carapace réside une beauté qui me fascine. Gravée avec les émotions et la lumière. L’essence surgit alors lentement. »
Autodidacte, il possède à son actif un quart de siècle au compteur professionnel, émaillé de projets à Paris, New York et Boston. Et lorsqu’il n’est pas derrière son objectif, Carlos Aoun apprécie les petits plaisirs de la vie, aux côtés de sa femme Nayla (styliste de mode) et leurs cinq enfants. Il s’attelle également aux dernières retouches d’un ouvrage sur les filles d’Ève et commence à réaliser des petites séquences vidéo mettant en scène... la femme.
Carlos Aoun, un adepte des retouches Photoshop ? « J’effectue des retouches mineures pour nettoyer quelques imperfections de la peau (boutons, couperose). Les traits et le grain de la peau ne sont pas manipulés. L’authenticité est belle et j’aime la sauvegarder pour affirmer la différence dans un monde où la beauté est standardisée. » Son conseil aux jeunes créateurs libanais ? « Don’t overdo ! » (Ne versez pas dans les excès). « Women » ? Une vision artistique autant qu’un aperçu de ce que l’industrie de la mode offre. Une vision de la femme actuelle et intemporelle.