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Culture - Spectacle

Versatile Ghalia Benali

Dans l’underground de la très happening rue Hamra, une république, le DRM, qui tourne au rythme des musiques éclectiques. Dernière découverte : Ghalia Benali, charmante et charmeuse interprète belgo-tunisienne.

Ghalia Benali, mi-tigresse, mi-gazelle.

Chanteuse captivante avec une voix alternant fragilité et quelque chose de plus poussé. Une voix, donc, mystérieuse et aérienne (mais pas trop), sans parler d’une présence sur scène « bien foutue », comme on dit. Ghalia Benali, dernière découverte de la Democratic Republic of Music (bientôt citoyenne de cette république, si Forward Music grave le CD de la soirée live), était accompagnée de Lazzeddine Jazouli (percussions) et de Moufadhel Adhoum (oud).
L’artiste, saltimbanque des temps modernes, se qualifie d’ailleurs de « nomade des arts ». Elle est auteure, compositrice, comédienne, peintre et, bien entendu, chanteuse.
Née à Bruxelles et élevée en Tunisie, elle puise son inspiration dans les contes fantastiques de son enfance, dans la poésie d’Oum Kalsoum et des musiques du monde arabe, de la Tunisie populaire et folklorique, de l’Égypte d’Abdel Wahab, de la Syrie de Sabah Fakhri et aussi du Liban de Feyrouz et de Sabah. Mais Ghalia Benali est également tournée vers l’Occident où son parcours prouve sa modernité ouverte à toutes les possibilités de rencontres. Sa carrière artistique, sur disque comme sur scène, témoigne de cette ouverture enracinée. Elle a creusé le sillon arabo-flamenco dans son premier album, tandis que dans son troisième elle mêlait sa voix à un sitar, explorant une expression plutôt arabo-indienne. Elle a aussi joué avec un groupe world ou encore avec un autre de jazz avant-gardiste. L’artiste décrit d’ailleurs son projet musical comme étant « de la musique arabe contemporaine, parfois festive mais jamais profane, occasionnellement romantique et éclectique, même classique et parfois sauvage et extravagante. Un passeport vers de nombreuses cultures, un microcosme qui fond l’héritage musical arabe dans quelque chose de nouveau ».
Pour sa soirée unique au DRM, Ghalia Benali, rouée aux scènes européennes, a cependant peaufiné un répertoire résolument oriental, trop ravie, sans doute, de s’adresser à un public arabophone et n’ayant pas à « traduire les chansons », comme elle l’a confié dans un rire cristallin.
Par moments concentrée sur son chant, qu’elle débarrasse de tout maniérisme pour le rendre percutant et touchant de sorte qu’il se fonde dans les arrangements, la joviale interprète, généreuse et enjouée, se laisse habiter par la musique et fait onduler son cou, ses épaules, ses bras, ses doigts et ses hanches sur des rythmes tantôt dentelés, tantôt saccadés.
Tour à tour fantaisiste, introspective, conteuse (avec ses expressions faciales et corporelles très loquaces) et danseuse, Ghalia Benali reprend un florilège de chansons, d’un hommage à Oum Kalsoum, à quelques feyrouziyat, en passant par deux ou trois « koudoud halabiyya », sans oublier un « ataba » et des hymnes folkloriques tunisiens.
Au lendemain du spectacle (un véritable show cabaret oriental des années 30), il reste dans les têtes la mémoire d’instants festifs. Ceux d’une voix chaude et un peu rauque, qui s’égrène dans la nuit. Et ceux aussi d’un déhanché félin et d’une tignasse de lionne, faisant apparaître par moments des airs de timide gazelle.
Chanteuse captivante avec une voix alternant fragilité et quelque chose de plus poussé. Une voix, donc, mystérieuse et aérienne (mais pas trop), sans parler d’une présence sur scène « bien foutue », comme on dit. Ghalia Benali, dernière découverte de la Democratic Republic of Music (bientôt citoyenne de cette république, si Forward Music grave le CD de la soirée live), était...
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