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Culture - Danse

Agnès Letestu fait ses adieux d’étoile à l’Opéra

« J’ai eu de la chance » : Agnès Letestu, qui fait ses adieux d’étoile à l’Opéra de Paris jeudi 10 octobre dans « La Dame aux camélias », balaye d’un regard étonné ses 30 ans de carrière et confie au cours de son entretien avec Marie-Pierre Ferey de l’AFP : « Je n’ai pas vu le temps passer. »

Agnès Letestu, en Dame aux camélias, son « rôle préféré ».

La chance, cela a été par exemple de rencontrer Rudolf Noureev, qui la choisit pour son ultime ballet, La Bayadère.
«Je le croise un soir dans le parking de l’Opéra, raconte-t-elle. À l’époque, le corps de ballet était réparti en deux groupes et j’étais dans le mauvais groupe pour danser La Bayadère. Noureev me voit et me dit: “J’aurais bien voulu que vous dansiez dans La Bayadère, mais vous n’êtes pas dans le bon groupe.” Et je lui réponds: Mais vous pouvez me changer de groupe, l’année n’est pas commencée!»
Elle lève un sourcil impérieux, roule l’accent russe de Noureev: «Oh, je vais “fairre” ça, je vais “fairre” ça!» Elle n’en revient toujours pas d’avoir osé «parler au tsar».
«Et ça s’est fait! Il s’est battu! Il était très malade, très fatigué, il aurait pu laisser tomber, mais non, il l’a fait.» Noureev meurt quelques mois plus tard du sida, en 1993.
Ce rôle de Gamzatti dans La Bayadère «la propulse au premier plan. Mais elle devra attendre 1997 pour être nommée étoile, à l’issue du Lac des cygnes». «Alors là... tout le corps de ballet hurle de joie», se souvient-t-elle, émue.
Étoile, c’est la consécration: on danse toute l’année, 4 à 5 ballets par an, on a ce statut envié, en France et à l’étranger. Par-dessus tout, Agnès Letestu se rappelle «les rencontres extraordinaires avec les grands chorégraphes, Noureev, Roland Petit, Jiri Kylian, Mats Ek, William Forsythe, Jerome Robbins...»
Un rêve de petite fille. Entrée à 12 ans à l’école des petits rats de l’Opéra, elle a poussé comme une tige, au point que la directrice Claude Bessy, alarmée, lui disait: «Mais tu vas mesurer combien, toi?»

La plus grande pour aller danser
La grande bringue va même à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière faire des examens pour déterminer son âge osseux. Les médecins tranchent: elle fera 1m72 et demi! «C’était précis! Mais ils se sont complètement trompés: j’ai continué à grandir jusqu’à 1m77, et aujourd’hui encore je suis la plus grande du corps de ballet.»
À 16 ans, sa taille la freine: les grandes sont toujours placées devant dans les lignes de danseuses, et on hésite à pousser au premier rang une grande perche qui débute: «Je suis restée un an les fesses par terre, en attendant qu’on me fasse assez confiance pour me mettre devant.»
Bien sûr, sa taille devient ensuite un atout: des bras et des jambes déliés, un port exceptionnel, la grande bringue devient étoile. Mais au-delà des figures virtuoses, ce qu’aime Agnès Letestu ce sont les rôles qui font autant appel au théâtre qu’à la danse, comme celui de Marguerite Gautier dans La Dame aux camélias de John Neumeier. «Peut-être mon rôle préféré», dit-elle.
Elle a choisi de partir avec un grand ballet, et non avec une «soirée spéciale» comme le danseur Nicolas Le Riche, qui s’en va à la fin de l’année, pour «être entourée de tous ceux qui ont accompagné ma carrière, les danseurs, les techniciens, les maquilleuses, les costumières...».
À 42 ans, le couperet tombe pour tout le monde, et «c’est dur, surtout quand on est très en forme», convient-elle.
D’ailleurs, elle ne part pas tout à fait: elle va danser La Dame aux camélias en tournée au Japon en mars prochain, et sera répétitrice pour La Belle au bois dormant, le prochain ballet de l’Opéra. Elle va aussi continuer de faire des costumes, son «deuxième» métier, et donner des cours. Bref: «J’ai l’impression que je vais encore plus travailler qu’avant!»
La chance, cela a été par exemple de rencontrer Rudolf Noureev, qui la choisit pour son ultime ballet, La Bayadère.«Je le croise un soir dans le parking de l’Opéra, raconte-t-elle. À l’époque, le corps de ballet était réparti en deux groupes et j’étais dans le mauvais groupe pour danser La Bayadère. Noureev me voit et me dit: “J’aurais bien voulu que vous dansiez dans La...

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