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Lifestyle - Exposition

La tentation du mâle

Paris célèbre le nu masculin au musée d’Orsay.

« L’École de Platon » par l’artiste belge Jean Deville.  Kenzo Tribouillard/AFP

De sensuels saint Sébastien percés de flèches, un Mercure musclé au déhanchement sexy, un mineur à moitié déshabillé par un coup de grisou : des centaines « d’hommes nus » se sont donné rendez-vous à Paris, au musée d’Orsay, pour une exposition dédiée au nu masculin. Le président du musée d’Orsay, Guy Cogeval, l’a souhaitée « savante et amusante ». « C’est une exposition qui ne se prend pas au sérieux. Il y a beaucoup d’humour dans la présentation », dit-il.
« Masculin/Masculin », qui a ouvert hier, présente près de 200 œuvres de 1800 à nos jours. Soixante-dix peintures, une vingtaine de sculptures, des dessins et beaucoup de photographies célèbrent le corps masculin jusqu’au 2 février. Alors que le nu féminin est exposé régulièrement et naturellement, l’homme nu « fait encore scandale », estime M. Cogeval. Il n’y avait jamais eu d’exposition sur ce thème dans un musée avant celle du Leopold Museum de Vienne à l’automne 2012, dont s’est inspiré Orsay, souligne-t-il. La charge homoérotique de certaines œuvres est délibérément mise en valeur, surtout à la fin du parcours, consacrée à « l’homme objet du désir ».
« La tentation du mâle » est explicitement montrée avec des dessins de Jean Cocteau (Les Amants) ou des œuvres de l’Américain Paul Cadmus (Le bain, 1951).
Le musée a opté pour une approche thématique, mêlant avec jubilation les époques. Une Académie d’homme (1780) de Jacques-Louis David voisine avec un Achille sur fond rose, réalisé en 2011 par les artistes Pierre et Gilles. « Il y a certains accostements qui étonnent et qui sont très beaux », considère M. Cogeval. Il cite en exemple la cohabitation dans la même salle de l’œuvre Vive la France (trois joueurs de foot nus) de Pierre et Gilles, et d’une statue monumentale d’Arno Breker. Intitulée La vie active, elle a été réalisée en 1939 par cet artiste allemand qui travaillait pour Hitler. « Elle est présentée de façon telle qu’on la voit en commençant par les fesses. C’est la meilleure façon de voir une sculpture nazie », commente Guy Cogeval en souriant.

Saint Sébastien
L’exposition débute avec l’idéal classique puis aborde le nu héroïque et les athlètes. Vient ensuite le corps dans toute sa vérité et sa crudité, les autoportraits torturés de l’Autrichien Egon Schiele (1890-1918). Mais aussi l’étonnante sculpture du Père mort (1996) de Ron Mueck, qui représente le cadavre de son géniteur dans une taille réduite. Le thème de l’homme dans la nature offre une respiration joyeuse et colorée. Avant que n’arrive celui de la douleur, magnifiquement évoqué avec des œuvres de Francis Bacon mais aussi avec Le coup de grisou, marbre gris d’Henri Greber réalisé dans les années 1890.
L’exposition met également en avant la représentation du Christ et celle du martyre de saint Sébastien. « Montrer à quel point un saint Sébastien, figure religieuse, peut être ambigu entre douleur et plaisir, touche à des choses qui sont du ressort de l’intime et cela peut troubler ou choquer certains visiteurs », convient Xavier Rey, cocommissaire de l’exposition. « Mais pour certains, l’exposition paraîtra peut-être très sage. En soi il n’y a rien de choquant », estime Ophélie Ferlier, autre cocommissaire de l’exposition. « Nous nous attendons même à ce que les gens nous disent que nous avons été très pudibonds. Pour parler crûment, il y a très peu d’érections », précise M. Rey.
Guy Cogeval s’attend toutefois à ce que le musée « perde une partie de son public qui va avoir peur de venir ici ». « Je sens une petite réticence des bourgeois bien-pensants d’une manière générale. Mais je pense que l’exposition est si belle qu’elle va finir par les convaincre », ajoute-t-il.

(Source : AFP)
De sensuels saint Sébastien percés de flèches, un Mercure musclé au déhanchement sexy, un mineur à moitié déshabillé par un coup de grisou : des centaines « d’hommes nus » se sont donné rendez-vous à Paris, au musée d’Orsay, pour une exposition dédiée au nu masculin. Le président du musée d’Orsay, Guy Cogeval, l’a souhaitée « savante et amusante ». « C’est...
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