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Économie - Entreprise

Le président du CIO, le chef d’orchestre d’une étrange multinationale

Entre les droits de diffusion et les droits de parrainage, le Comité engrange désormais des milliards à chaque olympiade.
Plus haut dignitaire du mouvement sportif, le président du Comité international olympique (CIO), qui sera élu aujourd’hui, est le chef d’orchestre tout-puissant d’une organisation non gouvernementale aux allures d’opulente multinationale brassant des milliards avec les Jeux olympiques.
L’institution n’est plus réservée aux aristocrates comme au temps du baron Pierre de Courbertin, le rénovateur des Jeux olympiques, qui en fut son plus célèbre patron, mais la maison que laisse Jacques Rogge, arrivé au terme de ses 12 ans de mandat, demeure un club très sélect de princes, altesses, cheikhs et autres millionnaires influents dans lequel se mêlent des dirigeants sportifs et anciens athlètes.
Cet aréopage de quelque 115 membres au maximum, tous cooptés par leurs pairs, ne choisit que parmi les siens la personne qui le représentera et en sera l’image aux yeux du monde. Mis à part peut-être le président de la FIFA, la Fédération internationale de football, aucun autre dirigeant sportif ne peut se targuer d’avoir si facilement accès aux grands de cette planète.
Le président du CIO, c’est l’homme aux côtés duquel vient s’asseoir la reine d’Angleterre ou le président russe Vladimir Poutine dans le stade olympique, signe de l’importance politique que revêtent aujourd’hui les Jeux.
Si cette fonction n’a pour seul salaire que le prestige et l’influence qui lui sont associés, elle confère à celui qui la détient des pouvoirs extraordinaires, bien plus qu’en a le patron d’une multinationale ou d’une grande ONG. Car la charte olympique en fait un organe décisionnel à lui seul.
« Le président cumule tous les pouvoirs. Il peut très bien décider légalement dans l’après-midi de renoncer aux Jeux olympiques de 2020 ou de déménager le siège loin de Lausanne. Certains seraient furieux, mais on ne peut pas lui en contester la compétence », explique François Carrard qui fut pendant 14 ans directeur général du CIO.

Pas un supermanageur
Entre les droits de diffusion et les droits de parrainage, le CIO engrange désormais des milliards à chaque olympiade. De ces recettes, il ne conserve que 10 % pour assurer son fonctionnement et redistribue aux fédérations internationales des sports olympiques et aux comités olympiques nationaux. Avec 900 millions de dollars dans ses caisses fin 2012, la maison olympique est bien prospère.
« Sur certains aspects, le CIO rappelle une multinationale, mais c’est une organisation non gouvernementale, et même une association à but non lucratif. Même si on a le sentiment que le président se comporte comme un PDG, ce n’en est pas un », fait valoir François Carrard.
Non seulement « le président n’est pas comme le PDG de Nestlé qui doit rendre des comptes à ses actionnaires », mais « ce n’est pas un supermanageur et on n’attend pas de lui qu’il soit un supermanageur. Son rôle est plus de gouverner que de gérer », insiste l’avocat suisse.
L’exercice nécessite une bonne connaissance du monde et de ses cultures, la maîtrise de plusieurs langues, une fine psychologie et le sens de la diplomatie pour savoir traiter par exemple aussi bien avec les Russes, hôtes des prochains Jeux d’hiver à Sotchi, qu’avec les Brésiliens, qui organisent ceux d’été en 2016 à Rio de Janeiro.
« Il faut trouver une unité dans 204 comités nationaux olympiques, 35 fédérations internationales, près de 130 grandes compagnies de télévision, 15 sponsors et 10 500 athlètes aux Jeux », racontait Jacques Rogge récemment. « Alors tout ce brassage de directions culturelles, religieuses et linguistiques différentes requiert le sens du compromis et le sens de la diplomatie, sinon on ne peut pas fonctionner. »
La tâche est colossale, la fonction usant physiquement tellement celui qui l’exerce qu’il en ressent le poids. À quelques jours de rendre les clés de l’Olympe, Jacques Rogge confiait : « Ce que je n’ai pas réussi à faire, c’est d’aller au lit à une heure décente et dormir le matin. »
(Source : AFP)
Plus haut dignitaire du mouvement sportif, le président du Comité international olympique (CIO), qui sera élu aujourd’hui, est le chef d’orchestre tout-puissant d’une organisation non gouvernementale aux allures d’opulente multinationale brassant des milliards avec les Jeux olympiques.L’institution n’est plus réservée aux aristocrates comme au temps du baron Pierre de...

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