Sur ce tableau comme sur d’autres, l’objectif de cet outil ultraperfectionné fera apparaître des craquelures, des rayures, ainsi que les couches de peinture initiales ou les retouches qui auraient été indétectables autrement.
« Nous pouvons voir ainsi d’innombrables détails invisibles à l’œil nu », explique Humberto Duran, 47 ans, l’informaticien spécialisé en restauration de tableaux, qui a supervisé la conception du robot.
« Sur ce tableau, nous avons déjà trouvé une série de retouches et de taches qui étaient complètement cachées », ajoute le technicien, vêtu d’une blouse blanche de laboratoire, assis devant l’ordinateur qui lui sert à piloter l’imposante machine.
Baptisé « Pablito », le robot a servi pour la première fois en 2012 à la restauration du chef-d’œuvre de Pablo Picasso, Guernica.
Mesurant neuf mètres de long et 3,5 mètres de haut, pesant 1,2 tonne, il a pris 22 000 photos de l’immense toile, actuellement analysées par les ateliers de restauration du Reina Sofia, un musée d’art moderne ouvert en 1992 qui a accueilli 2,5 millions de visiteurs l’an dernier.
Depuis, le robot a été utilisé pour la restauration d’une dizaine d’œuvres, la plupart de Miro, dans le cadre de la préparation d’une exposition consacrée au peintre qui sera présentée aux États-Unis l’an prochain.
« Nous parvenons à déterminer avec une extrême précision l’état du tableau, des différentes couches de peinture, quels problèmes existent ou simplement comment il a été exécuté », remarque le chef des services de restauration du musée, Jorge Garcia, 52 ans.
Le musée Reina Sofia, l’un des hauts lieux culturels de Madrid qui abrite des tableaux de Dali, Miro ou Francis Bacon dans un hôpital du XVIIIe siècle rénové, a passé un partenariat avec le géant des télécommunications Telefonica pour développer cette machine, d’un coût de 150 000 euros.
Le robot, qui peut travailler 24 heures sur 24 sans surveillance, se déplace avec une précision de 25 microns, ou 25 millièmes de millimètre, et peut être programmé pour prendre des photos de près ou de loin. Il a été conçu « de manière à ne jamais toucher le tableau », souligne Jorge Garcia.
Dans le cas de Guernica, peint en 1937, en pleine guerre civile espagnole, pour dénoncer le bombardement de la ville basque par l’aviation allemande, il a été assemblé face au précieux tableau, lui évitant les risques d’un déplacement jusqu’aux ateliers de restauration situés au sous-sol du musée.
Mais dans la plupart des cas, ce sont les tableaux qui sont déplacés pour être analysés.
« Il nous aide énormément dans notre travail, explique Carmen Muro, une chimiste de 58 ans qui travaille dans l’atelier de restauration. Avant de travailler sur quelque chose, nous devons savoir de quoi il s’agit. »
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