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Culture - Exposition

Même les peintures font du 3D

Cinq artistes libanais – Charbel Samuel Aoun, Wissam Beydoun, Semaan Khawam, Rafic Majzoub et Tanbak – font leur incursion dans le monde de la tridimensionnalité avec beaucoup de relief et de provocation.

Les sculptures ovoïdes de Wissam Beydoun.

C’est une exposition comme on en voit peu. Petite, mais costaude. Collective, mais avec un thème commun. Cinq artistes réunis par l’aspect «protubérant» de leurs œuvres habituellement plates comme un fer à repasser.
La galeriste Alia Nouwayhed Nohra, également curatrice d’exposition, en raconte la naissance. «L’idée m’est venue après plusieurs visites d’ateliers d’artistes. J’ai ainsi remarqué que chacun de ces cinq artistes, des peintres confirmés, a tenté à travers des croquis ou prototypes de sortir de la surface plate. Sans doute une façon pour eux de donner (des) forme(s) à leur travail.»


Ces cinq artistes ne sont certainement pas les premiers à tenter l’expérience du passage de l’art unidimensionnel au tridimensionnel. «Mais ce qui m’a frappé, c’est l’extraordinaire similitude entre les œuvres plates et les œuvres en 3D de chaque artiste», enchaîne la jeune femme.


À gauche de l’entrée, accrochée tout près de la vitrine de la galerie, une veste d’homme blanchie à la chaux. Au-dessus, un «trilby» masculin. Semaan Khawam, artiste malgré lui, poète, peintre et féru d’installations poétiques, présente là des «objets» illustrant ses sempiternels thèmes entre le personnel et le social. Outre la veste, Khawam présente une sculpture où une cinquantaine de clous à longue tige sont enfoncés dans un rectangle en bois. Et un tableau d’où sortent les milliers de bandes de papiers blancs. Comme une touffe de franges émergeant d’une toile.
Dans cette exposition, les œuvres veulent s’échapper de leur cadre. On dirait ainsi que les montages en argile de Wissam Beydoun sont carrément «sortis» de ses compositions picturales pour prendre une forme autonome et indépendante du papier. Sans couleur, arrondis, ovoïdes, ils rappellent sans équivoque les cellules que Beydoun trace à l’infini. Ces «cercles de vie», comme il les nomme et qui apparaissaient parfois enlacés dans ses peintures, sont ici empilés, prenant un peu la forme de boules de pâte à modeler qu’un enfant aurait entassées les unes sur les autres, avant de leur donner une architecture plus sophistiquée.


Tanbak retourne, elle, à ses premiers travaux, ses premières inspirations. Trois troncs d’arbres défrichés et peints sont érigés au milieu de la galerie. «Khawazik Tanbak» (les pals de Tanbak) qu’elle les appelle sans fausse pudeur. Sur ces poutres longues et minces, elle a d’abord apposé des couleurs proches du blanc, de l’écru, du beige. Mais le résultat était trop joli. L’artiste recherchait en effet un rendu plus expressif, en phase avec l’intitulé. Donc moins poétique, plus «gore», plus «hard core». Ses gros coups de pinceaux, larges, longueur moyenne, en couches épaisses et superposées en diagonales, ont pris alors des couleurs plus foncées, violentes, noirâtres et rougeâtres.
Les autoportraits de Rafic Majzoub qui crient «sortez-moi de moi-même» sont représentés ici sur un rectangle. Une forme géométrique qui rappelle celle utilisée par Khawam pour ses clous. Les clous qui sont par ailleurs une constante dans l’œuvre de Majzoub. Les artistes se font ici donc des clins d’œil, des références assez subtiles mais présentes quand même.


Charbel Samuel Aoun donne à voir une de ses premières œuvres, une pièce qu’il avait présentée lors d’une exposition au Centre culturel français. «C’était juste avant la guerre de juillet 2006 et peu de gens ont pu la voir», explique Nohra. C’est une structure architecturale accrochée aux cimaises, où évoluent des personnages mi-animaux, mi-hommes aux tentacules monstrueux. Une œuvre où les talents d’architecte, de peintre et de sculpteur sont réunis. Dans un trois en un, tridimensionnel unique.

* « Three Dimensional interpretations », jusqu’au 18 juillet, à la galerie Art Circle, Hamra, rue Antoine Gemayel, imm. Assaf. Tél. : 03/774510.



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commentaires (1)

IL VAUT MIEUX QUE JE NE ME PRONONCE PAS, CAR JE SUIS ADEPTE DU VRAI ART ET DU BEAU EXCLUSIVEMENT !

SAKR LOUBNAN

05 h 59, le 19 juin 2013

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Commentaires (1)

  • IL VAUT MIEUX QUE JE NE ME PRONONCE PAS, CAR JE SUIS ADEPTE DU VRAI ART ET DU BEAU EXCLUSIVEMENT !

    SAKR LOUBNAN

    05 h 59, le 19 juin 2013

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