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Moyen Orient et Monde - Le point

Quand Big Brother vous surveille...

Cela se passe en Oceania, vingt-neuf ans après « Nineteen eighty-four », mais toujours sous le règne de Big Brother. Parce qu’il ne voulait plus « vivre dans un monde où tout ce qu’(il) fait et dit est enregistré », Edward Snowden se terre aujourd’hui dans une chambre d’hôtel de Hong Kong, conscient, reconnaît-il, qu’il va souffrir – ses proches aussi – et que « c’est la fin » pour lui. Son crime : avoir dénoncé l’orwellien personnage et ses grandes oreilles à l’écoute de ce qui se dit au téléphone et sur l’Internet. Les dernières journées avant son acte, l’ancien technicien à la Central Intelligence Agency passé au service de l’US National Security Agency les avait consacrées à copier les documents qu’il voulait divulguer. « Horrifying », dit-il avec ce sens de l’hyperbole propre aux Américains.
Celui par qui le scandale a été révélé dimanche est un jeune homme de 29 ans, au visage poupin orné d’une barbe naissante, souffrant d’épilepsie et d’une timidité maladive, un déçu de Barack Obama « qui poursuit la politique initiée jadis sous le mandat de George W. Bush ». L’ex-technicien informatique a découvert que des millions de personnes à travers le monde sont espionnées, grâce à une technologie ultraperfectionnée et extrêmement puissante utilisée – sans leur consentement – sur les serveurs de neuf firmes, dont Facebook, Google, Microsoft et Yahoo. Les communications passant par ces neuf « grands » sont surveillées en vertu d’un programme baptisé PRISM, en vigueur depuis 2007, sur une décision de George W. et maintenue par son successeur à la Maison-Blanche.
Le quotidien britannique The Guardian qui, avec le Washington Post a découvert le pot-aux-roses, avait révélé dès mercredi dernier qu’un tribunal américain avait secrètement ordonné à la compagnie de téléphone Verizon de remettre à la principale Maison Barbouze du pays les métadonnées de millions de communications téléphoniques, soient les numéros des deux correspondants, la durée et l’heure de l’appel ainsi que sa location. Les deux journaux s’empressent de préciser que l’on ignore pour l’heure si la teneur des conversations ou des messages, protégée par le 4e amendement de la Constitution, tombe sous le coup de cette injonction.
Le chef des services de renseignements US, James Clapper, a qualifié les fuites de « dévastatrices » car « elles touchent, a-t-il précisé, à la sécurité » des États-Unis. Il a ajouté que pour réunir les informations grâce à PRISM, l’accord préalable du Foreign Intelligence Surveillance Act Court (FISA) avait été nécessaire. Peut-être qu’il s’agirait là d’une incursion mineure dans la vie privée des personnes, a reconnu à contrecœur le président, mais elle est nécessaire pour nous prémunir contre toute attaque terroriste.
En disant cela, Barack Obama a ouvert un débat vieux comme le monde sur un thème ô combien délicat : où s’arrêtent les nécessités de la protection du citoyen, devoir premier d’un État qui se respecte et respecte ses sujets, et où commencent les impératifs de l’intimité de ceux-ci. Il ne pouvait survenir à une heure moins propice, alors que le président américain et son homologue chinois Xi Jinping croisaient le fer à propos d’allégations de cybercrimes portant sur le vol d’une quarantaine de programmes d’armes américaines. Plus grave, le rôle de la NSA fait actuellement l’objet d’une vive contestation, l’agence ayant vu ses prérogatives exagérément étendues, selon certains de ses détracteurs, depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Hier lundi, une pétition placée sur le Web réclamait la grâce du faux étourdi, qualifié déjà de « héros national ». Au bout de quelques heures, elle avait recueilli plusieurs milliers de signatures. À l’opposé, des élus demandent son extradition en vue de sa mise en jugement pour un crime qui, dixit le républicain Pete King, pourrait lui valoir quinze ou même vingt ans de prison. À l’évidence, dans cette affaire, l’unanimité est loin d’être faite, tout comme, il y a peu, dans le scandale WikiLeaks qui continue de diviser la nation. Quand cesse-t-on d’être un champion des libertés publiques pour devenir un être pour qui « la vie est un opprobre et la mort un devoir » (Voltaire) ? L’obscur tâcheron des services secrets serait-il un champion des droits civiques ou, au contraire, un traître s’il n’y avait eu le 9/11, la phobie (justifiée) des attentats, la mobilisation erratique contre le terrorisme international, les assassinats ciblés, l’usage abusif des drones ? Tant il est vrai que ce ne sont pas uniquement les Pyrénées qui délimitent la ligne séparant la vérité de l’erreur ; c’est aussi, et davantage peut-être, le moment où cette ligne doit être tracée. Edward Snowden en était-il conscient ?
Cela se passe en Oceania, vingt-neuf ans après « Nineteen eighty-four », mais toujours sous le règne de Big Brother. Parce qu’il ne voulait plus « vivre dans un monde où tout ce qu’(il) fait et dit est enregistré », Edward Snowden se terre aujourd’hui dans une chambre d’hôtel de Hong Kong, conscient, reconnaît-il, qu’il va souffrir – ses proches aussi – et que...

commentaires (1)

Ce n'est pas un scoop et cette vérité nous la connaissons depuis belle lurette. A-t-on donc oublié le programme échelon qui avait fait tant de bruit? Eh bien PRISM en fait partie. Les USA ont leur système, la G.B. et la France aussi. Pourquoi s'offusque-t-on brusquement aujourd'hui d'un état de fait qui existe au vu et au su de tout le monde depuis déjà plus d'une décennie? Juste pour l'information, c'est justement a travers ce système que la police Libanaise a été mise au courant des # mêlé a l'assassinat de Hariri et que l'officier des FSI a pu découvrir le réseau du Hezbollah inculpant 4 de ses membres.... Et il veulent leur faire la guerre? Avec quoi, avec des pets?

Pierre Hadjigeorgiou

14 h 07, le 11 juin 2013

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Commentaires (1)

  • Ce n'est pas un scoop et cette vérité nous la connaissons depuis belle lurette. A-t-on donc oublié le programme échelon qui avait fait tant de bruit? Eh bien PRISM en fait partie. Les USA ont leur système, la G.B. et la France aussi. Pourquoi s'offusque-t-on brusquement aujourd'hui d'un état de fait qui existe au vu et au su de tout le monde depuis déjà plus d'une décennie? Juste pour l'information, c'est justement a travers ce système que la police Libanaise a été mise au courant des # mêlé a l'assassinat de Hariri et que l'officier des FSI a pu découvrir le réseau du Hezbollah inculpant 4 de ses membres.... Et il veulent leur faire la guerre? Avec quoi, avec des pets?

    Pierre Hadjigeorgiou

    14 h 07, le 11 juin 2013

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