Une conductrice consciencieuse a récemment fait les frais de ces aberrations, de ces magouilles, disons-le carrément, comme il en existe tant dans notre petit Liban. Après avoir fait réviser sa voiture, comme elle le fait régulièrement, elle s’est rendue au service de la mécanique à Hadeth pour soumettre sa voiture au test, étape nécessaire pour s’acquitter de la taxe annuelle.
Mais à sa grande surprise, sa voiture a été recalée. « Vulgairement recalée, raconte-t-elle, alors qu’elle sortait tout juste de la révision. » La raison ? Rien d’autre que la plaque d’immatriculation dont la lettre arabe « kh » de « khoussoussi » (privé) était légèrement effacée. « Une usure difficile à déceler, précise-t-elle, à moins de s’approcher de la voiture et de scruter la plaque attentivement. » Entre-temps, au vu et au su de tous, une vieille carcasse toute cabossée passait le test avec succès. Quoi de plus insolent !
Déterminée à ne pas se laisser marcher sur les pieds, notre conductrice a bien tenté de souligner l’aberration de cette décision. Mais en face d’elle, le responsable était hermétique et catégorique. « Vous devez changer votre plaque d’immatriculation, madame. Par le fait même, je vous conseillerai de changer votre pneu avant. » Pour enchaîner aussitôt : « Vous pouvez le faire au magasin d’en face. Vous repasserez ainsi le test rapidement. »
Reniflant la combine, l’automobiliste déboutée a poliment décliné la proposition et préféré se rendre à son garage habituel pour y changer plaque et pneu. Pour s’entendre dire, par son garagiste, que le pneu incriminé est en parfait état.
Alors, arnaque ou pas ?
Après avoir fait du bruit, le scandale du contrôle de la mécanique a visiblement été étouffé. Bel et bien étouffé, semble-t-il. Parce que les choses ont repris leur cours, comme avant. Comme avant le scandale, bien entendu. Comme du temps où une mafia essaimait autour de ce service public et se remplissait les poches en dépannant, ne serait-ce que pour quelques minutes, les...
commentaires (1)
Il n’y a pas de fraude ni d'arnaque ! Parce que dans une bonne démocratie qui se respecte, on laisse une marge de manœuvre aux canards boiteux. Une petite marge de profit est donc nécessaire dans un système qui instaure des taxes en abusant des automobilistes. Dans un cas d’inspection automobile ""mécanique"", l’état du véhicule ne correspond qu'au moment de sa vérification, sans trop de garantie par la suite. Ne cherchons pas une démocratie aseptisée, c’est illusoire. Après tout une voiture est un cercueil à quatre roues, qu’elle soit neuve ou usagée.
Charles Fayad
15 h 12, le 04 mai 2013