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Moyen Orient et Monde - Le point

Du neuf avec de l’ancien

On se disait pourtant qu’échaudé par sa précédente tournée dans la région, cette fois il avait pris la peine de mûrir jusque dans le moindre détail son nouveau périple. Mais non, il semble bien que Barack Obama, à l’instar du Général, ait vogué « vers l’Orient compliqué avec des idées simples » et jugé qu’il lui suffirait d’en exprimer le désir pour que Turcs et Israéliens acceptent de normaliser leurs relations. Il faut bien constater, l’épisode du week-end dernier le prouve, que beaucoup de chemin reste à accomplir et beaucoup d’embûches à surmonter avant d’en arriver là.
La preuve ? Chargé de suivre une voie en principe déjà balisée, John Kerry s’est laissé emporter dès le premier jour par une fougue toute yankee, estimant qu’Ankara « peut de nombreuses façons jouer un rôle-clé, apporter une importante contribution au processus de paix ». Il s’est attiré aussitôt un refus nuancé de la part de Tzipi Livni, ministre de la Justice chargée du dossier des pourparlers de paix : « Le processus politique doit se dérouler de façon directe entre nous et les Palestiniens », a-t-elle dit, n’en jugeant pas moins l’idée « intéressante » mais « nécessitant du temps ».
Du temps, il en faut pour, d’abord, fixer les modalités de la réconciliation, après une brouille de près de trois ans consécutive à l’affaire du bateau Mavi Marmara. Entre les pourparlers portant sur le montant des dédommagements que l’État hébreu est tenu de verser – pour cela un groupe de conseillers de Benjamin Netanyahu est attendu à Ankara ce jeudi – et le retour à leur poste des ambassadeurs, il existe des conditions qui devront être remplies, dont Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque, a donné un avant-goût. Figurent dans la liste notamment la levée de l’embargo, préalablement à sa suppression pure et simple, sur les produits de première nécessité destinés à Gaza ainsi que l’amélioration des conditions de vie dans l’enclave et en Cisjordanie.
Le 22 mars, le président américain avait arraché à « Bibi », au tout dernier jour de sa visite, un geste concrétisé par un entretien téléphonique avec le chef du gouvernement turc et des excuses pour l’incident sanglant de mai 2010. Même timide, ce début de réchauffement n’en représentait pas moins un succès, le seul, du périple obamanien. Le reste des contentieux, c’est le dossier syrien et le programme nucléaire iranien. C’est aussi un Irak qu’inquiète la perspective de voir le Kurdistan vendre du pétrole à son puissant voisin. Or, c’est le secret le moins bien gardé : les majors tournent désormais le dos au pouvoir central pour investir dans le Kurdistan (près d’un milliard de dollars à ce jour) et le champ de Kor Mor est déjà exploité de manière intensive, sachant que le sous-sol d’Erbil, estiment les experts, recèle des réserves qui situent la région au quatrième rang mondial.
Autre détail d’importance, les Kurdes ne font pas mystère de leurs préférences pour les Turcs. On comprend dès lors l’une des raisons (il en existe plusieurs) pour laquelle, depuis quelque temps, le monde est témoin d’une réelle autant qu’inattendue lune de miel entre les deux parties, notamment depuis la semaine dernière quand, à l’occasion de la date-anniversaire de sa naissance, Abdullah Öcalan a appelé les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à mettre un terme à la lutte armée contre le pouvoir central. On comprend également pourquoi le dossier irakien revêt une importance primordiale aux yeux du secrétaire d’État américain, soucieux d’éviter la perpétuation d’un conflit sanglant qui n’a que trop duré.
Sur le dossier iranien, nul n’a paru étonné samedi de l’absence d’accord à la réunion d’Almaty, capitale du Kazakhstan, les divergences demeurant les mêmes et aucune date n’ayant été fixée pour la prochaine rencontre. À Tel-Aviv, ce n’est plus que pour la forme que Netanyahu parle du risque représenté par la poursuite des travaux sur les multiples sites nucléaires éparpillés aux quatre coins de la République islamique. Chacun, dirait-on, veut attendre l’issue de l’épreuve de force ouvertement engagée maintenant entre Mahmoud Ahmadinejad et la hiérarchie religieuse au sujet de l’élection présidentielle appelée à se dérouler dans dix semaines.
Barack Obama ayant posé les jalons du travail à accomplir, il appartenait à son chef de la diplomatie de donner le coup de pouce nécessaire à des avancées concrètes. Encore lui faudrait-il savoir, rude tâche, par où commencer.
On se disait pourtant qu’échaudé par sa précédente tournée dans la région, cette fois il avait pris la peine de mûrir jusque dans le moindre détail son nouveau périple. Mais non, il semble bien que Barack Obama, à l’instar du Général, ait vogué « vers l’Orient compliqué avec des idées simples » et jugé qu’il lui suffirait d’en exprimer le désir pour que...

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