Il y a cinq ans, Marc Antoine Abi Nassif, son frère, Ralph et l’un de leurs amis, Rabih Trabulsi, sont tous les trois en train de rêver à leur avenir. La question ne concerne pas leur carrière. Le premier dirige son propre cabinet d’architecture 1000 Years Old, son frère est consultant en management chez McKinsey. Quant au troisième, il est informaticien.

Ce qu’ils cherchent, c’est une activité qui les reconnecte les citadins qu’ils sont devenus à la terre. Lors d’une soirée, un ami évoque sa jeunesse au milieu des ruches familiales.

L’idée fait mouche. Presque aussitôt, ils achètent 90 ruches à des producteurs locaux et se lancent dans l’apiculture.

« Une ruche de 10 rayons, c’est environ 200 dollars. L’argent n’a jamais été un frein. La ruche, c’est surtout une implication personnelle en temps et patience. »

Cinq ans et quelques déboires plus tard, les trois compères possèdent 200 ruches et produisent deux tonnes de miel par an.

« Notre but est de suivre les floraisons pour fournir des miels différents au fil des saisons. Le Liban est un petit pays, qui offre cependant des sources mellifères tout au long de l’année. »

Ils réalisent des miels rares, 100 % Made in Lebanon : miel de caroubier et de néflier en décembre ; miel d’amandier en janvier, miel d’orangers ou de citronnier au printemps, miel d’épine ou de chardon... « Nos abeilles butinent toute l’année et n’ont pas besoin de sucres supplémentaires. »

Pour parvenir à un tel résultat, les trois apiculteurs ont suivi des formations sur le tas au Liban auprès de vieux producteurs. Ils ont également réalisé des stages en France. « Au Liban, on emploie beaucoup trop d’antibiotiques, souvent chinois, car moins chers, alors que cela n’est ni nécessaire ni recommandé », constate Marc Antoine Abi Nassif.

L’été dernier, les trois amis ont franchi une nouvelle étape avec l’ouverture de leur première boutique de 30 m2 à Achrafié : L’Atelier du Miel. La production est certifiée par l’Institut de recherches industrielles (Baabda).

Ils y présentent la quinzaine de miels libanais produits sous leur marque et vendent en parallèle une douzaine de miels étrangers « pour compléter notre offre avec des goûts que nous ne trouvons pas au Liban » comme le miel de tilleul (France) ou le miel de framboisier (Canada).

« En tout, nous avons investi quelque 100 000 dollars. Mais nous avons fait beaucoup de choses par nous-mêmes : le design de la boutique, le labelling de la marque… Ce qui fausse le chiffre. »

D’ores et déjà, L’Atelier du Miel a réussi sa phase de lancement : « La période de Noël a été une vraie réussite », se réjouit Sally Zaazour, qui gère la boutique.

Les prix oscillent entre 9 et 12,5 dollars pour un pot de 230 grammes ; entre 30 et 40 dollars pour un pot de 850 grammes.

Des tarifs relativement plus élevés que les miels locaux, dont le prix tourne généralement autour de 30 dollars le kilo. « Cette différence tient au soin apporté aux ruches comme aux récoltes : nous récoltons 50 kilos seulement de miel de néfliers, par exemple. C’est un miel d’hiver, rare et de fait plus coûteux qu’un miel de fleurs de base. »

Le best of de la boutique ? Le miel de cèdre (Barouk), bien sûr, mais aussi de chêne (Kesrouan).

L’Atelier du Miel diversifie aussi sa production en proposant nougats, bonbons, marrons glacés, pain d’épices, glace, et même maamouls… Le tout naturellement à base de miel.