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Moyen Orient et Monde - Reportage

Les bannis de Cisjordanie et Jérusalem, libres, mais dans Gaza sous blocus

Les 550 détenus restant à libérer seront choisis par Israël et l’Égypte, affirme le Hamas

Deux anciens détenus palestiniens savourent paisiblement leur liberté dans un hôtel de Gaza, où ils ont été exilés.             Alessio Romenzi/AFP

Ils jettent des regards intrigués sur leur nouvel environnement. Hébergés dans des hôtels avec vue sur la mer, les prisonniers bannis à Gaza redécouvrent la liberté loin de leurs proches, dans un territoire souvent décrit comme « une geôle à ciel ouvert ».
Des quelque 300 détenus palestiniens arrivés mardi à Gaza, plus de la moitié, originaires de Cisjordanie ou Jérusalem-Est, ont dû accepter d’être relâchés dans l’enclave côtière dirigée par le Hamas, sous blocus depuis la capture en juin 2006 du soldat israélien Gilad Shalit, qui a été libéré mardi.
« J’ai l’impression de revivre après être sorti d’un puits sans fond », confie Chouaïb Abou Sneineh, de Jérusalem-Est, membre du Hamas, attablé face à la Méditerranée, condamné à perpétuité pour le meurtre d’un Israélien.
« On ne peut pas comparer Gaza aux prisons israéliennes, nous avons vraiment souffert là-bas », explique ce père de quatre enfants à la barbe poivre et sel, qui accuse davantage que ses 44 ans, dont 13 derrière les barreaux.
« Je ne me sens pas étranger, c’est vrai qu’il y a un léger sentiment d’exil, mais ce n’est pas comme si on se retrouvait en Espagne ou au Chili », dit-il.
« Je vais faire venir ma famille en visite, mais je ne veux pas qu’ils s’installent ici parce que Israël essaye en permanence de vider Jérusalem de sa population palestinienne et je ne veux pas leur donner une chance de se débarrasser d’une famille », explique Abou Sneineh, en référence à la révocation par Israël des permis de résidence des Palestiniens à Jérusalem-Est.
« Nous ne faisons pas de distinction entre la Cisjordanie, Gaza ou la terre de 1948 (Israël) », précise Hussein Rabie, 31 ans, membre des Brigades Ezzeddine al-Qassam, la branche armée du Hamas.
« Quand on voit l’accueil ici, on a l’impression d’être dans la famille », assure le jeune homme à l’allure svelte, des environs de Ramallah (Cisjordanie), qui a purgé 10 de ses 20 ans de prison. « C’est la première fois que je vois la mer », s’émerveille-t-il.
Une soixantaine des bannis sont logés provisoirement dans un hôtel du centre de la ville de Gaza, et une centaine d’autres dans un cinq étoiles ouvert récemment, qui connaît ainsi une affluence aussi inhabituelle qu’inespérée.
« C’est la première fois que je viens à Gaza », témoigne la mère de Salem Rachid Tabanja, Aïda, arrivée de Naplouse (nord de la Cisjordanie) après un périple par la Jordanie puis l’Égypte, et dont l’allure conservatrice tranche sur le cadre luxueux de l’hôtel.
« C’est la liberté, mais pas tout à fait la vraie », déplore-t-elle au sujet du bannissement pour trois ans de son fils, arrêté en 2003 et condamné à 20 ans de prison pour implication dans des opérations du Hamas.
« Quand on vient de Cisjordanie, il est plus difficile de se rendre à Gaza que dans un pays lointain », soupire la mère d’Aymane Hatem al-Chakhchir, membre de la branche armée du Hamas, condamné à 16 peines à perpétuité, elle aussi de Naplouse.
« C’est un vrai paradis ici, l’accueil des gens, s’extasie Sawsane al-Chakhchir, mais un 5 étoiles, ce n’est rien à côté d’avoir mon fils à la maison. »
« Rien ne vaut de le serrer dans mes bras », insiste la mère, qui a pu étreindre son fils pour la première fois depuis 10 ans, alors que ses yeux s’embuent derrière ses lunettes.
Selon Raji Sourani, directeur du Centre palestinien pour les droits de l’homme, « ces prisonniers bannis ont été punis deux fois et leurs familles avec eux ».
S’agissant de la quarantaine de bannis à l’étranger, « il y a peu de chances qu’ils puissent jamais revenir », a-t-il déclaré à l’AFP.
« Pour les autres, on parle de tenter de les ramener, mais le précédent de la basilique de la Nativité (NDLR : à Bethléem en Cisjordanie) est clair : aucun n’est jamais rentré », a-t-il rappelé, en référence au bannissement d’activistes palestiniens à l’étranger et à Gaza en échange de la levée du siège israélien de la basilique en 2002.
D’autre part, la liste du second contingent de 550 prisonniers que doit encore libérer Israël sera établie par Israël et l’Égypte, qui a mené la médiation, sans implication du Hamas, a annoncé hier le mouvement islamiste. L’Égypte aura son mot à dire, « conformément aux exigences du mouvement » Hamas, selon la même source, citant la priorité accordée aux détenus âgés, malades ou de longue durée, et l’exclusion des libérables à brève échéance et des condamnés de droit commun.
           (Source : AFP)
Ils jettent des regards intrigués sur leur nouvel environnement. Hébergés dans des hôtels avec vue sur la mer, les prisonniers bannis à Gaza redécouvrent la liberté loin de leurs proches, dans un territoire souvent décrit comme « une geôle à ciel ouvert ».Des quelque 300 détenus palestiniens arrivés mardi à Gaza, plus de la moitié, originaires de Cisjordanie ou Jérusalem-Est,...

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