Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde

L’OSDH, ou la voix des manifestants syriens

Loin de son pays, Rami Abdel Rahmane dirige un réseau de 200 militants des droits de l’homme en Syrie qui l’informent minute par minute de la répression menée par le régime du président Bachar el-Assad. « Nous sommes des gens normaux, nous avons des vies normales, des familles. Nous n’avons pas de bureaux, nous travaillons de chez nous ou de nos lieux de travail », souligne Abdel Rahmane, 40 ans, lors d’un entretien téléphonique.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) qu’il dirige s’est imposé dans le paysage médiatique international comme l’une des principales sources d’information sur le mouvement de contestation qui vise depuis plus de quatre mois le régime syrien. Les journalistes étrangers étant interdits d’accès en Syrie, ses militants sont, avec leurs listes de manifestants tués, basés sur les registres d’entrée des hôpitaux, la seule source d’information sur les victimes de la répression. Abdel Rahmane, né à Banias, sur la côte syrienne bordant la Méditerranée, est le seul militant du réseau qui vit à l’étranger. Pour éviter que cette organisation ne soit démantelée en cas d’arrestation de l’un de ses membres, ces derniers ne se connaissent pas entre eux. Ils sont en contact par l’intermédiaire du réseau de téléphonie sur Internet Skype, des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, par courriel et téléphones utilisant des numéros cachés.
Abdel Rahmane est dénoncé par ses opposants comme appartenant à la confrérie des Frères musulmans et poursuivant son propre objectif politique. Les autorités syriennes l’accusent de mener une entreprise de déstabilisation. « Je suis indépendant. Je n’appartiens pas aux Frères musulmans ni au Parti communiste », affirme-t-il. Il se décrit comme proche d’autres militants des droits de l’homme syriens comme Michel Kilo. « Nous ne recevons de l’argent de personne », ajoute-t-il, indiquant que ce sont les membres du réseau qui financent le site, écrit en arabe. Il reste prudent dans les informations qu’il retransmet et refuse de corroborer celles faisant état de défections au sein de l’armée syrienne ou du soutien apporté par l’Iran au régime du président Assad.
Dimanche, les autorités ont lancé un assaut contre la ville de Hama dans le centre, tuant une centaine de personnes et déclenchant un flot de condamnations internationales. Hama a été le théâtre en 1982 d’une grave répression visant les Frères musulmans qui a fait, selon certaines estimations, 20 000 morts. Selon Abdel Rahmane, la répétition d’un tel massacre ne serait plus possible à l’époque des réseaux sociaux et des organisations non gouvernementales (ONG) comme l’OSDH, fondé il y a cinq ans. « La démocratie triomphera en Syrie, dans six mois », se risque-t-il à affirmer. « Nous traversons une phase très difficile, mais nous devons être patients, comme dans une guerre. Nous ne devons pas abandonner maintenant », déclare le militant. Selon lui, la Syrie « ne sera plus jamais la même » après le déclenchement du mouvement de contestation le 15 mars dernier, dans la foulée de ceux qui ont touché la Tunisie, l’Égypte puis la Libye.
Son engagement en faveur des droits de l’homme remonte à un incident dont il a été le témoin à l’âge de sept ans : « J’ai vu ma grande sœur battue par des agents de sécurité », confie-t-il. Il ne prend pas au sérieux les appels lancés par les pays occidentaux au président Assad pour qu’il réforme son pays. « Je ne fais pas confiance à la communauté internationale. C’est le peuple syrien qui doit se prendre en charge », affirme Abdel Rahmane.
©AFP
Loin de son pays, Rami Abdel Rahmane dirige un réseau de 200 militants des droits de l’homme en Syrie qui l’informent minute par minute de la répression menée par le régime du président Bachar el-Assad. « Nous sommes des gens normaux, nous avons des vies normales, des familles. Nous n’avons pas de bureaux, nous travaillons de chez nous ou de nos lieux de travail », souligne Abdel...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut