Les manifestants s'en sont pris aux médias qu'ils taxent de partialité. « Vous êtes venus pour voir des protestations en Syrie, mais aujourd'hui vous voyez la protestation de la Syrie », a affirmé à une journaliste de l'AFP, Rajah, étudiant à l'université de Damas.
La télévision publique a montré des rassemblements identiques dans les principales villes, à l'exception de Lattaquié, principal port de la Syrie, où les autorités avaient demandé de ne pas se rassembler pour des raisons de sécurité.
En revanche, à Deraa, 300 personnes ont manifesté contre le pouvoir en scandant « Révolution, révolution », « Oui à la liberté non au confessionnalisme » et « Dieu, la Syrie, la liberté ». Le mouvement de contestation contre le régime a d'ailleurs appelé à des sit-in vendredi à travers le pays à la mémoire des « martyrs » et pour appuyer les revendications en faveur de la démocratie. L'appel a été posté sur Facebook par le groupe « Syria Revolution 2011 ».
Face à la contestation sans précédent contre le régime autoritaire en place depuis près d'un demi-siècle, « le président Bachar el-Assad s'adressera aujourd'hui dans la matinée à la nation (en prononçant) un discours au Parlement », a indiqué un responsable syrien sous le couvert de l'anonymat. Il s'agira de la première intervention publique du chef de l'État depuis le début des manifestations réclamant des réformes politiques dans le pays le 15 mars. Lors de son allocution, M. Assad devrait annoncer notamment l'abrogation de l'état d'urgence en vigueur depuis 1963, la libéralisation de la presse, l'instauration du pluralisme politique et des mesures de lutte contre la corruption. Selon l' « index de la démocratie » établi par l'Economist Intelligence Unit, la Syrie arrive en 152e position sur 167 et est considérée comme un « régime autoritaire ». Par ailleurs, selon Transparency International, ce pays est considéré comme « très corrompu » car il est 127e sur les 178 États étudiés par cette ONG qui lutte contre ce fléau.
Afin d'avoir les mains libres, M. Assad a accepté « la démission du gouvernement de Mohammad Naji Otri et lui a demandé d'expédier les affaires courantes », a par ailleurs affirmé l'agence officielle SANA. La Syrie est régie par un système présidentiel et le gouvernement applique les directives du chef de l'État. La composition du nouveau cabinet devrait être connue d'ici à la fin de la semaine.
Selon des organisations des droits de l'homme, environ 130 personnes ont été tuées lors des protestations notamment à Deraa, épicentre de la révolte à 100 km au sud de Damas. Le bilan officiel est d'une trentaine de morts. Suite aux violences, plusieurs personnalités de l'opposition ont publié lundi une déclaration commune dénonçant tout sectarisme et s'engageant en faveur de changements démocratiques pacifiques.
Par ailleurs, la diplomatie américaine a annoncé que trois citoyens américains avaient été arrêtés ces derniers jours à Damas, l'un d'entre eux ayant ensuite été relâché. Washington a en outre estimé que M. Assad était « à la croisée des chemins » et devait enfin annoncer des réformes. La France a condamné de son côté toute violence dans la répression des manifestations, mais juge qu'« on n'en est pas encore à l'étude de sanctions ou de résolutions » de l'ONU, a déclaré le chef de la diplomatie française Alain Juppé.
(Source : agences)
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