Les évêques français doivent accepter "le martyre médiatique", estime un cardinal

Les évêques doivent "prendre des coups" et subir "le martyre médiatique" pour mener la nouvelle Evangélisation, a estimé jeudi le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, au début de la série de visites des évêques français au pape.

Benoît XVI a reçu jeudi dans sa résidence de Castel Gandolfo au sud de Rome cinq évêques de Normandie, au début de ces visites de travail dites "ad limina", qui s'étendront jusqu'en décembre et permettront à tous les évêques français de voir le pape, même brièvement.

Ces visites, les premières effectuées sous Benoît XVI, se déroulent à un moment où les dossiers épineux ne manquent pas, de la crise des intégristes lefebvristes, à la chute dramatique des vocations aux discussions en France sur la légalisation du mariage homosexuel.

Les dernières visites ad limina d'évêques français remontent à la fin du pontificat de Jean Paul II, en 2003/2004.

Selon l'agence spécialisée sur le Vatican I.Media, Mgr Ricard, dans une homélie à l'aube en présence d'une trentaine d'évêques dans la basilique Saint-Pierre, a observé que l'évangélisation n'était pas "qu'une joyeuse campagne de communication" dans le monde actuel. "Il y a bien des façons de vivre le martyre, le martyre du sang, le martyre médiatique, le martyre devant l'opinion publique, le martyre du service de la communion dans une Eglise traversée par des tensions redoutables", a-t-il ajouté.

Les propos des évêques français sur le projet du gouvernement socialiste d'autoriser le mariage entre personnes du même sexe ont créé beaucoup de remous en France.

Vendredi dernier, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon (centre-est), avait jugé que le mariage homosexuel était une "rupture de société". "Après ils vont vouloir faire des couples à trois ou à quatre. Après, un jour peut-être, l'interdiction de l'inceste tombera", avait-il dit.

Outre ce sujet, les négociations en cours pour une réintégration possible des lefebvristes (très représentés en France) dans l'Eglise suscitent des crispations dans l'épiscopat français.

Les évêques, qui voient certains de leurs diocèses devenir des déserts, ne se sentent pas toujours bien écoutés à Rome.