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Tchad: dix ans de travaux forcés pour des fils de dignitaires accusés du viol d'une lycéenne

La justice tchadienne a condamné à dix ans de travaux forcés des fils de dignitaires pour le viol collectif d'une lycéenne, dont la famille a dit vendredi ne pas avoir été informée du procès.

Le viol à 16 ans de Zouhoura, le 8 février dernier, avait bouleversé le Tchad et provoqué de rares manifestations de colère avant la réélection du président Idriss Déby Itno en avril.

Six des huit violeurs de la jeune fille, aujourd'hui réfugiée en France, ont été condamnés à dix ans de travaux forcés jeudi par la cour criminelle, a-t-on appris vendredi de source judiciaire. En fuite depuis le 13 juin, le chef de bande présumé a écopé de la même peine, et un mandat d'arrêt a été lancé contre lui. Un autre accusé a écopé d'un an d'emprisonnement ferme. Tous ont entre 17 et 22 ans.
"On ne savait même pas qu'il y avait un procès. Ils ne nous ont jamais demandé de témoigner", a réagi au nom de la famille de Zouhoura son oncle paternel, Abdallah Moussa, installé à Nancy, dans l'est de la France.

La jeune fille a appris la condamnation de ses violeurs "sur les réseaux sociaux", a-t-il souligné, ajoutant être persuadé "que la peine ne sera jamais appliquée". "Comme l'affaire a été médiatisée au niveau international, ils ont annoncé un verdict pour calmer le jeu", a-t-il estimé. Pour les jeunes blessés, voire tué, dans les manifestations de protestations contre les violeurs, "il n'y a pas eu d'enquête, pas de poursuites, rien", a-t-il relevé pour expliquer son scepticisme.

Zouhoura avait raconté avoir été enlevée sur le chemin de l'école à N'Djamena par cinq jeunes hommes circulant à bord d'une voiture aux vitres teintées.
"Ils m'ont prise et ils m'ont emmenée dans un endroit inconnu. Là, ils ont commencé à me déshabiller et à me prendre en photo", avait-elle relaté à son retour en France où elle a déjà vécu de 2009 à 2015.

Son père, un opposant installé à Nancy, l'avait encouragé à briser la loi du silence malgré le tabou qui pèse sur le viol dans son pays d'origine.

La diffusion par ses violeurs de la vidéo de la jeune fille nue et en larmes, par la suite retirée, a provoqué une vague de protestations au Tchad, pays dirigé d'une main de fer par le président Déby depuis 1990.
Réélu en avril pour un cinquième mandat, le président Déby avait en février dénoncé "un acte ignoble", promettant que "justice sera rendue".

Malgré le régime sécuritaire qui laisse très peu d'espace à l'opposition, des centaines de lycéens avaient manifesté à N'Djamena le 15 février. Ils avaient été dispersés violemment par la police anti-émeute. L'un d'eux, Abbachou Hassan Ousmane, 17 ans, avait été tué par balle.
Les jours suivants, d'autres jeunes manifestants avaient été blessés et 17 arrêtés.

Les cinq violeurs présumés, parmi lesquels trois fils de généraux, et quatre complices présumés, dont un fils du ministre des Affaires étrangères, avaient finalement été interpellés.
La jeune victime doutait que ses agresseurs soient jugés: "Il n'y a jamais eu de justice avant (pour punir) le viol d'une femme tchadienne", disait-elle à l'AFP le 19 mars.

La justice tchadienne a condamné à dix ans de travaux forcés des fils de dignitaires pour le viol collectif d'une lycéenne, dont la famille a dit vendredi ne pas avoir été informée du procès.
Le viol à 16 ans de Zouhoura, le 8 février dernier, avait bouleversé le Tchad et provoqué de rares manifestations de colère avant la réélection du président Idriss Déby Itno en avril.
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