Le vice-président américain Joe Biden reçu par l’ancien président israélien Shimon Peres, à Tel-Aviv. Thomas Coex/AFP
Le vice-président américain Joe Biden est arrivé hier en Israël sur fond de relations délicates entre le gouvernement local et la Maison-Blanche, après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu eut décliné une rencontre avec le président américain Barack Obama à Washington. M. Biden, arrivé avec son épouse Jill des Émirats arabes unis, ne s'est pas exprimé sur la controverse qui accompagne, à nouveau, l'une de ses visites en Israël.
La Maison-Blanche avait rapporté, lundi, que M. Netanyahu avait décliné une offre d'entretien avec M. Obama le 18 mars. Elle s'est dit « surprise », dissimulant à peine son exaspération. C'est pourtant le gouvernement israélien qui avait demandé cette entrevue, a-t-elle souligné. Pour ajouter à son irritation, elle a d'abord appris par la presse que M. Netanyahu renonçait au voyage, alors qu'elle s'était arrangée pour caler un rendez-vous peu avant le déplacement historique de M. Obama à Cuba, les 21 et 22 mars.
Le cabinet de M. Netanyahu a expliqué que ce dernier ne voulait pas paraître interférer dans les primaires pour la présidentielle américaine. Toutefois, M. Netanyahu s'était montré moins soucieux d'ingérence quand, en mars 2015, il avait pris la parole devant le Congrès pour tenter de stopper un accord nucléaire entre les grandes puissances et l'Iran, notait-on côté américain. Les quotidiens israéliens Haaretz et Yediot Aharonot liaient, quant à eux, l'incident aux discussions en cours sur le renouvellement de l'aide militaire américaine à Israël.
Cet à-coup n'est qu'un de plus dans les relations américano-israéliennes depuis bientôt huit ans. La venue de M. Biden en mars 2010 avait coïncidé avec l'annonce par Israël de la construction de 1 600 logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupée et annexée par Israël. Washington réprouve la poursuite de la colonisation comme un obstacle majeur à la paix avec les Palestiniens. M. Biden avait vivement réagi contre le timing et la teneur de l'annonce. Depuis le pic de tensions de 2015 sur la question iranienne, Israël et les États-Unis se sont employés à affirmer la vigueur des liens stratégiques. La visite de M. Biden doit ainsi toucher aux nombreux intérêts communs : situation en Syrie, voisine d'Israël, influence iranienne dans la région, menaces jihadistes, etc.
L'inconnue américaine
Un autre sujet majeur menace cependant d'ébrécher la relation : le conflit israélo-palestinien. La dernière initiative américaine a capoté en avril 2014 et les perspectives de règlement semblent totalement bouchées alors qu'une nouvelle vague de violences israélo-palestiniennes, en cours depuis cinq mois, s'est poursuivie hier. Ainsi, une personne a été tuée et 12 autres blessées dans des attaques au couteau commises par un seul homme, à Tel-Aviv, à une quinzaine de minutes à pied de l'endroit où M. Biden était reçu par l'ancien président Shimon Peres. L'auteur de ces attaques a été abattu par des policiers. Plus tard, la police israélienne a précisé que la victime décédée était un touriste américain. Elle n'a pas fourni plus d'informations.
M. Biden rencontrera aujourd'hui M. Netanyahu, dans la matinée à Jérusalem, et le président palestinien Mahmoud Abbas, dans la soirée à Ramallah en Cisjordanie. Le vice-président « ne présentera aucune nouvelle initiative majeure », a indiqué l'administration US. Cependant, les Israéliens s'inquiètent que Washington, frustré par l'absence de progrès en plus de sept ans, ne rompe dans les derniers mois de l'administration Obama le soutien historique apporté à Israël au sein des instances internationales, comme le Conseil de sécurité de l'Onu.
(Source : AFP)
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