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Scan TV - Focus

« Ya Leila leich 3am tebki ? »

Leila Abdel Latif effondrée dimanche dernier sur le plateau de « Tarikh Yachhad ».

Il ne manquait plus que ça... À chaque épisode notre chère (clair)voyante, que nous attendons nombreux chaque mois tels de petits écoliers attentifs, nous submerge de nouvelles cycliques qui, exactement comme une paire de jeans, se prêtent (et se portent) à toutes les occasions.

Dimanche dernier, Leila Abdel Latif s'est surpassée avec un discours adressé à tous les responsables politiques pour les inciter, a-t-elle martelé, à assumer leurs responsabilités – elle qui s'est glissée avec un plaisir non dissimulé dans le rôle de porte-parole des citoyens pour transmettre aux sphères politiques leurs doléances.
Immédiatement et naturellement, les Libanais se sont lâchés sur les réseaux sociaux, s'empressant de reprendre le détail de Tarikh Yachhad, une émission peut-être sympathique, mais au titre légèrement pompeux... Les internautes se sont divisés en deux camps : les partisans de la voyante, et ses détracteurs, plus rationnels. Jusqu'à ce que la voyante-star, qui lisait tant bien que mal ce qui était gribouillé sur les petits cartons avec un ton détaché, fonde ex abrupto en (très) chaudes larmes devant la caméra qui ne manque pas d'encadrer le liquide cristallin qui a failli venir à bout de son maquillage. « Les larmes de Leila Abdel Latif ! » a commenté majestueusement l'un des présentateurs, peu soucieux de rajouter au ridicule de la situation, avant de promettre aux téléspectateurs que le programme reprendra après la pause publicitaire, le temps que madame reprenne ses esprits après tant d'émotions.

D'aucuns ont tenu à mettre l'accent sur la médiocrité de la prestation, l'accusant de jouer effrontément la comédie. D'autres l'ont trouvée attendrissante, s'appropriant l'ensemble de son discours. Quoi qu'il en soit, et quoi qu'on en pense, cette femme réussit, grâce à une intelligence sociale indéniable, à réunir autour du petit écran des milliers de téléspectateurs avides de jeter un coup d'œil sur un futur qu'ils savent pourtant, et pertinemment bien, sombre... Les anti-Leila se sont jetés sur la naïveté de leurs compatriotes, assurant qu'elle n'a d'égale que l'absurdité des prédictions... « Leila pourquoi pleures-tu ? Ya Leila leich 3am tebki ? » ont-ils ironisé, reprenant la fameuse chanson du jeu d'enfants auquel se prêtait toute une génération pour se consoler entre amis dans une ronde bien soudée.

Au moins une fois
Un bloggeur libanais a même justifié les larmes de Leila Abdel Lafif comme étant une prédiction instantanée de la moquerie à venir du public en réaction à son discours. Son air sérieux de fin stratège qui entrevoit le futur simple et même pas au conditionnel à travers une analyse de la situation politico-sécuritaire régionale était quand même ahurissant. Tellement que l'on ne pouvait que s'interroger sur la formation qu'a suivie cette femme pour se permettre d'être aussi péremptoire et affirmative. Croit-elle à ce qu'elle dit, surtout lorsqu'elle s'adresse aux Libanais en leur affirmant qu'il y aura un président de la République avant la fin de l'année 2015 ? Pense-t-elle avoir découvert l'eau tiède lorsqu'elle brosse un tableau noir de la situation actuelle qui ressemble étrangement au début d'une guerre totale opposant les deux grandes puissances planétaires ici au Moyen-Orient ?

Du Japon au Chili en passant par la Belgique, l'Ouzbékistan et le Sénégal, toute la planète s'est retrouvée, au moins une fois, à regarder ou lire ou écouter des voyants. Et des voyantes. Une gifle à l'intelligence des êtres humains que ces prédictions moyenâgeuses et qui vont racoler au plus profond de nos inconscients ? Ou une façon de rassurer dans un IIIe millénaire extrêmement dur avec l'immense majorité des gens, économiquement et psychologiquement surtout ? On n'en saura rien parce que tant qu'il y aura des hommes (et des femmes), les voyant(e)s en tous genres continueront de faire fortune.

 

Il ne manquait plus que ça... À chaque épisode notre chère (clair)voyante, que nous attendons nombreux chaque mois tels de petits écoliers attentifs, nous submerge de nouvelles cycliques qui, exactement comme une paire de jeans, se prêtent (et se portent) à toutes les occasions.Dimanche dernier, Leila Abdel Latif s'est surpassée avec un discours adressé à tous les responsables...

commentaires (3)

A chaque casserole son couvercle !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

11 h 13, le 04 octobre 2015

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Commentaires (3)

  • A chaque casserole son couvercle !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 13, le 04 octobre 2015

  • QUI VOIT LA DÉCADENCE DANS LAQUELLE LES ABRUTIS ONT PLONGÉ LE PAYS... ET NE PLEURE PAS ???

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 16, le 03 octobre 2015

  • Une comédie des plus grotesques et des plus ridicules cette série d'épisodes de voyance. Si c'est vrai que le public y accorde une large audience, cela veut dire que le Liban est réellement atteint par une décadence culturelle inquiétante.

    Halim Abou Chacra

    05 h 16, le 03 octobre 2015

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